La Nuit rêvée de Yolande Zauberman

Yolande Zauberman compose depuis une trentaine d'années une œuvre de cinéma qui explore les ténèbres de la condition humaine, en parvenant pourtant toujours à nous emmener du côté de la lumière.

Depuis Classified People (1987), son premier film, qui racontait l’Afrique du Sud de l’Apartheid, jusqu’à son dernier, M, qui obtint l'an dernier le César du meilleur documentaire. « M » comme Menahem, personnage central du film qui, quinze ans après avoir quitté la communauté juive ultra-orthodoxe où il grandit, y revenait pour traquer ceux qui, lorsqu'il était enfant, abusèrent de lui. On se souvient aussi de Moi, Ivan, Toi, Abraham (1993), fiction tournée en noir et en blanc et en yiddish, portrait de l’amitié de deux enfants dans une Europe de l’Est ravagée par la haine antisémite, dans les années 1930.

Sa « Nuit rêvée » d'archives radiophoniques, elle l'a voulue résolument légère. La fantaisie de Jacques Demy, l'audace de Jean-Pierre Melville, la liberté de Gertrud Stein, les phobies de Sissi, le talent de Jean-Michel Basquiat, les rêves d’Orient de Selim Nassib et les terreurs d'enfance de Christian Boltanski sont à l'honneur. Des personnalités qui ont toutes en commun un certain sens de l'irrévérence, qualité qui appartient aussi à ceux qu'elle aime filmer. Elle nous disait comment ils et elles nourrissent son imaginaire.