

« Si je cherche une formule commode qui résume l'époque antérieure à la Première Guerre mondiale dans laquelle j'ai été élevé, j'espère avoir trouvé la plus expressive en disant : C'était l'âge d'or de la sécurité. »

« Pour être franc, toute ma scolarité ne fut pour moi qu'ennui et dégoût, accrus d'année en année par l'impatience d'échapper à ce bagne. »

« Si l'on ne pouvait bannir la sexualité du monde, au moins ne devait-elle pas être visible dans la société tacite, tout cet embarrassant complexe de questions n'était traité ni à l'école, ni dans la famille, ni en public, et l'on étouffait tout ce qui pouvait y faire songer. »

« Enfin était venu le moment longtemps attendu où, avec la dernière année du siècle, nous pûmes claquer derrière nous la porte du lycée abhorré. »

« Pour la 1ère année de ma liberté reconquise, je m’étais promis Paris en cadeau. Nulle part, on n’éprouvait l’impression d’une telle identité entre sa jeunesse et l’atmosphère que dans cette ville qui se donne à chacun et dont, pourtant, personne ne pénètre tous les secrets. »

« Elle était merveilleuse, cette vague tonique de force qui, de tous les rivages de l'Europe, battait contre nos cœurs. Mais ce qui nous rendait si heureux recelait en même temps un danger que nous ne soupçonnions pas.»

« Même sans la catastrophe qu’il déchaîna sur l’Europe, cet été de 1914 nous serait demeuré inoubliable. Car j'en ai rarement vécu de plus luxuriant, de plus beau, je dirais presque de plus estival. Jour après jour, le ciel resta d'un bleu de soie… »

« Pendant les trois années les plus dures de l’après-guerre en Autriche, 1919, 1920 et 1921, j’avais vécu enterré à Salzbourg, renonçant déjà, à vrai dire, à l’espoir de jamais revoir le monde»

« Cela reste une loi inéluctable de l'histoire : elle défend précisément aux contemporains de reconnaître dès leurs premiers commencements les grands mouvements qui déterminent leur époque. C'est ainsi que je ne puis me rappeler quand j'ai entendu pour la première fois le nom d'Adolf Hitler.»

« Comme mon imagination, comme toute imagination humaine se révéla hésitante, étroite, pitoyable au regard de l’inhumanité qui se déchaîna ce 13 mars 1938, jour où l’Autriche, et avec elle toute l'Europe, fut livrée en proie à la violence nue ! Maintenant, le masque tombait.»
Provenant de l'émission
Le Feuilleton, du lundi au vendredi de 20h30 à 21h00 sur France Culture
30 minutes d’espace de création radiophonique, de grandes adaptations d’œuvres du patrimoine classique et contemporain pour mêler tous les métiers et les talents de la radio.