

1914. Pris dans la tourmente du monde qui se confond avec la sienne, une nuit sans sommeil, Kafka écrit la première phrase d'un roman qui va bouleverser la littérature pour le siècle à venir.

Quelqu'un avait sûrement calomnié Joseph K, car, sans avoir rien fait de mal…il a été arrêté.

« Derrière mon arrestation se cache une vaste organisation, organisation qui, non seulement emploie des gardiens crapuleux et des juges d'instruction minables, mais aussi une armée de fonctionnaires, policiers et peut-être aussi -- je n'ai pas peur du mot -- des bourreaux. »

« Ici, dans un couloir du grenier, partout des cloisons faites de planches qui montent jusqu’au plafond. La lumière du jour entre à peine. Partout des gens assis à intervalles réguliers sur des bancs en bois de chaque côté du couloir. Ce sont, comme moi, des accusés. »

« Jo-seph! Tu ne prends pas ce procès au sérieux. Veux-tu le perdre? Tu sais ce que ça veut dire, de perdre un procès? T'es rayé de la carte. Et ta famille sera humiliée. Ressaisis-toi, Joseph. Ton indolence m'effraye. »

Un hiver gris et froid paralyse Joseph K, dans son bureau à la banque. Plus le temps avance, plus son procès lui échappe. Cette pensée le hante. Des mois et des mois se sont écoulés depuis le printemps de son arrestation, jour de son trentième anniversaire…

« Tous les accusés veulent faire "avancer" leur procès, monsieur K. Vous perdez votre temps et vos forces. Il faut comprendre que notre grande organisation judiciaire reste, pour toujours… en suspens. »

« Joseph K pense maintenant que l'avocat, comme tous les autres, veut lui voler son propre procès pour l'empêcher d'intervenir et qu'ainsi, un beau jour en son absence, le jugement sera rendu. »

« Vous m'avez confisqué mon procès, en tant qu’avocat vous me tenez à l'écart, afin que je ne puisse pas intervenir ; résultat : un beau jour un jugement sera rendu en mon absence. Désormais je prends les choses moi-même en main… »

« C'est la veille du trente et unième anniversaire de Joseph K, neuf heures du soir, exactement un an, jour pour jour, après son arrestation… »