Le Surréalisme après le Surréalisme : un podcast à écouter en ligne | France Culture

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À propos de la série

Une sélection d’archives, proposée par Albane Penaranda, à l’occasion de l’exposition “Toyen, l'écart absolu” au Musée d’Art Moderne de Paris. Dans cette Nuit nous retrouvons Annie Le Brun qui est la commissaire de cette exposition.

Le Surréalisme après le Surréalisme, une sélection d’archives proposée par Albane Penaranda.

Notre volonté initiale était de constituer pour cette Nuit un programme sur et autour de Toyen alors que, depuis le 25 mars et jusqu'au 24 juillet, une rétrospective lui est consacrée au Musée d'Art Moderne de Paris. Mais Marie Čermínová, dite "Toyen", née à Prague en 1902, morte à Paris en 1980, n'est toujours pas aussi célèbre que Dali, Masson, Ernst ou Miro, et dans les archives de l'Ina on ne trouve nulle part une émission qui se serait intéressée à elle. Aussi c'est indirectement que nous avons choisi d'inviter les auditeurs de la Nuit à visiter l'exposition Toyen, en consacrant notre programme au surréalisme, et plus précisément au surréalisme après le surréalisme. Qu'est-ce à dire ? Pour certains le mouvement surréaliste a pris fin avec la Deuxième Guerre, voire plus tôt ; pour d'autres avec la mort d'André Breton en 1966 ou trois ans plus tard avec la dissolution du groupe. Quant au surréalisme en lui-même, devenu catégorie historique, personne ne peut plus raisonnablement s'en réclamer et encore moins s'en faire le porte-parole. L'emploi depuis des lustres du mot surréaliste à propos de tout et n'importe quoi devant d'ailleurs décourager quiconque de s'y risquer.

Les archives de cette Nuit parlent dans, ou depuis, cet "après surréalisme". Si elles rappellent ce qu'il a été, elles disent surtout ce qui est demeuré de son esprit après lui, et comment, en dehors de toute préoccupation littéraire et artistique, ce mouvement d'avant-garde a ouvert les portes sur une autre manière d'être en vie et d'être au monde. Quand se réveillent les canons du nationalisme le plus misérable, du surréalisme il y a peut-être plus que jamais quelque chose à entendre de la liberté la plus exigeante et de l'amour dans l'acceptation de son érotisme le plus intense ; et quelque chose à voir de Toyen dans sa rétrospective qui a pour titre "L'écart absolu". Cet "écart absolu", Breton l'avait emprunté à Charles Fourier pour servir de titre à la 11ème Exposition internationale du surréalisme de Paris en 1965. Selon Fourier, pour arriver à un nouveau monde occidental, Christophe Colomb aurait adopté le système de l'écart absolu, "il s'engage dans un Océan vierge - écrivait Fourier - sans tenir compte des frayeurs de son siècle ; faisons de même, procédons par écart absolu".

Dans son texte de présentation de la rétrospective Toyen dont elle est la commissaire, Annie Le Brun rappelle la phrase de Fourier pour dire que personne plus que Toyen n'aura incarné "l'écart absolu". Après le Surréalisme, fidèles à la permanence de son esprit, Radovan Ivsic et Annie Le Brun, qui furent des amis proches de Toyen, ont su mieux que quiconque dire l'idée de la liberté, la quête d'un nouveau monde amoureux et le puissant appel à "l'écart absolu" qu'a été le surréalisme. Que leurs voix dans cette Nuit soient pour chacun une invitation à se rendre au Musée d'Art Moderne de Paris au risque d'éprouver corps et âme devant les œuvres de Toyen, ce que le surréalisme, longtemps après lui, persiste à nous dire du monde tel qu'il est.

Exposition Toyen, l'écart absolu au Musée d’Art Moderne de Paris du 25 mars au 24 juillet 2022.

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