Pages arrachées à l’œuvre d’Ossip Mandelstam : un podcast à écouter en ligne | France Culture

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© Maxime  Bardou, Radio France
© Maxime Bardou, Radio France
Ossip Mandelstam
Épisode 1/5 : L'enfance
"Je n’ai pas envie de parler de moi, mais d’épier les pas du siècle, le bruit et la germination du temps."
24 min
Avenue Neva 'Perspective Nevski), 1902
Épisode 2/5 : Le bruit du temps
Le premier recueil de textes en prose d’Ossip Mandelstam, Le bruit du temps, a été écrit pendant l'été 1923. C’est un livre consacré aux souvenirs d’enfance et à l’air du temps d’une époque, les dernières années du XIXème siècle en Russie.
25 min
Carte de Saint-Pétersbourg, 1900
Épisode 3/5 : Voyages et impressions
"Ma mémoire abhorre tout ce qui est personnel. S’il ne tenait qu’à moi, je répondrais à l’évocation du passé par une simple grimace."
25 min
Inauguration du Tram à Saint-Pétersbourg en 1905
Épisode 4/5 : Les premiers pas du XXème siècle
Non, de personne jamais je ne fus le contemporain
24 min
Ossip Mandelstam en 1914
Épisode 5/5 : Contre tout espoir
"M’interdisant les mers et l’élan et l’envol, et rivant ma semelle à ce socle de terre, qu’avez-vous obtenu ? Éblouissant calcul : vous n’avez pas mis fin au remuement des lèvres."
25 min

À propos de la série

Hommage à Ossip Mandelstam, poète et écrivain russe qui a défié Staline jusqu'à en mourir, à 48 ans, dans un camp de transit vers le goulag.

Le poète russe Ossip Mandelstam est né dans une famille juive à Varsovie en 1891. Il a cinq ans quand ils obtiennent l’autorisation de s’installer à Saint-Pétersbourg. Dès l’enfance, le poète apprend l’allemand et le français. Son père est un commerçant en maroquinerie et sa mère enseigne le piano.
À Saint-Pétersbourg, il suit les cours de la prestigieuse école Tenichev de 1900 à 1907. Puis d'octobre 1907 à mai 1908, il est étudiant à la Sorbonne à Paris où il suit les cours de Joseph Bédier et d'Henri Bergson. Il y découvre la poésie de Verlaine. Ne pouvant rentrer à l'université de Saint-Pétersbourg en raison des quotas limitant les inscriptions des étudiants juifs, il part en septembre 1909 pour l'Allemagne, où il étudie la littérature française et l'histoire de l'art à l’université de Heidelberg jusqu'en 1910.
De retour en Russie, à 20 ans, il se tourne vers la philosophie à l’université de Saint-Pétersbourg où il a pu s'inscrire et publie ses premiers poèmes, en 1913, dans la revue Apollon.
Il fait partie de cette génération de poètes née dans les années 1890, avec Anna Akhmatova, Boris Pasternak, Marina Tsvétaéva, Maïakovski, qui tracèrent avec force de nouvelles inventivités. Avant la première guerre mondiale, on assiste à Saint-Pétersbourg à une effervescence des mouvements d'avant-garde qui s'opposent au symbolisme vieillissant. Ossip Mandelstam fait partie de cette avant-garde et fonde, avec Nicolas Goumiliov et Anna Akhamtova, "l'atelier des Poètes".

Il est difficile aujourd'hui d'imaginer la vie des poètes "exilés de l'intérieur" dans la Russie soviétique. L'histoire d'Ossip Mandelstam fut découverte en France grâce à la publication en 1972 des souvenirs de sa femme Nadejda intitulés : Contre tout espoir . Elle y raconte notamment, les difficultés rencontrées par Mandelstam pour s’adapter, dans les années 20, à ce nouveau monde : "Toutes ses tentatives pour s'accorder à l'époque furent vaines, écrit-elle. Il n'avait pas encore remarqué comment "ces hommes nouveaux", si animés et volubiles en apparence, subissaient une métamorphose classique : ils devenaient insensibles, ce qui est parfaitement normal lorsque l'homme perd ce qui fait de lui un homme, c'est-à-dire la notion des valeurs."
En novembre 1933, Mandelstam écrit l’un des poèmes politiques les plus connus du XXe siècle. Un brûlot contre Staline. Selon le témoignage d’Anna Akhmatova, il disait, avant de le réciter : "Aujourd’hui, la poésie doit être civique." Ce texte constitue le principal chef d’accusation contre Mandelstam et la raison de son arrestation en mai 1934, pour activités contre-révolutionnaires. Grâce à l’intervention de Boukharine à la demande d’Anna Akhmatova et de Boris Pasternak, sa condamnation à la déportation est commuée en exil. Il est alors placé en résidence surveillée à Voronej, privé de tout moyen de subsistance.
Après leurs trois années d’exil, le couple Mandelstam rentre et cherche à s’installer à Moscou, mais le permis de séjour leur est refusé. Ils survivent alors clandestinement dans des bourgades autour de la capitale, grâce à l’aide de leurs amis mais le 2 mai 1938, le poète est de nouveau arrêté et condamné cette fois à cinq ans de travaux forcés. Après avoir subi les pires humiliations, il meurt de faim et de froid, à 47 ans, du côté de Vladivostok, pendant le voyage qui devait le conduire dans un camp de transit, aux portes de la Kolyma. Son corps est jeté dans une fosse commune.
En 1956, pendant le "dégel" de la déstalinisation, Mandelstam fut partiellement réhabilité et disculpé des accusations portées contre lui en 1938 mais ce n’est que le 28 octobre 1987, sous le gouvernement de Gorbatchev, qu’il fut pleinement lavé des accusations de 1934.

Réalisation : Cédric Aussir
Extraits choisis par Hélène Bleskine et traduits par Jean-Claude Schneider
Conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière
Avec Laurent Manzoni, Vincent Berger et Julie Pouillon
Prise de son, montage, mixage : Cédric Chatelus
Assistant à l
a réalisation : Vivien Demeyère

Les œuvres complètes d’Ossip Mandelstam ont été publiées en 2018 aux éditions Le Bruit du Temps-La dogana dans une traduction de Jean-Claude Schneider.

La Compagnie des poètes
58 min
Grande Traversée : Anna Akhmatova, l'inconnue de Leningrad
54 min

Provenant de l'émission

Le Feuilleton, du lundi au vendredi de 20h30 à 21h00 sur France Culture

30 minutes d’espace de création radiophonique, de grandes adaptations d’œuvres du patrimoine classique et contemporain pour mêler tous les métiers et les talents de la radio.