








À propos de la série
Mauriac disait "qu'il n'a jamais cessé de hurler à la mort." Et Julien Green : "Il y a derrière ses livres le vide qu'il y a dans le ciel."
La mort et le vide font de Pêcheur d'Islande un chant, un opéra funèbre, rythmé par la saison de pêche et l'hiver à terre, la camaraderie sur le bateau et les fêtes bretonnes où l'on boit, courtise et se fiance. L'histoire est simple. Yann est marin des pieds à la tête. Il est "fiancé à la mer". Il aime son métier. Il est un Islandais, comme on appelle dans la région de Paimpol et de Tréguier ces jeunes Bretons qui vont pêcher la morue au loin dans les mers du nord. La mortalité sur les bateaux est quatre fois plus importante qu'à la mine, on pêche parfois trente heures d'affilée dans des conditions épouvantables. Mais Loti n'est pas Zola. Loti est un impressionniste. Il raconte entre genêts et calvaires une histoire d'amour où des sentiments naïfs et pudiques s'expriment en termes attendrissants et surannés. Yann est fier et peu causant. Et il hésite, parce qu'il est pauvre, à marier Gaud, une fille d'armateur, un peu rêveuse, un peu étrangère, mal préparée à la vie d'attente de femme d'Islandais. Il y a aussi Sylvestre, le jeune homme vierge, appelé à mourir au Tonkin sous l'uniforme français. Il y a surtout la mer, qui a droit de vie et de mort sur ces sacrifiés volontaires. Loti a des mots simples, aussi creux parfois que les mots des chansons, mais au creux desquels se cachent l'amour, l'indifférence de la nature, la condition humaine, la vaillance et le désespoir. Il a aussi des silences, de merveilleux silences où s'engouffre une symphonie pathétique et singulière. Pêcheur d'Islande a l'innocence d'un sanglot, et l'émotion des chants désespérés.
Feuilleton en 10 épisodes de 2007
Réalisation Etienne Vallès
Provenant de l'émission
30 minutes d’espace de création radiophonique, de grandes adaptations d’œuvres du patrimoine classique et contemporain pour mêler tous les métiers et les talents de la radio.