Slobodan Milošević, le nettoyeur des Balkans : un podcast à écouter en ligne | France Culture

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Épisodes
    • Srebrenica, symbole de la politique de nettoyage ethnique menée dans les Balkans et orchestré à Belgrade par Slobodan Milošević ? C’est en tout cas ce que l’Histoire retient.
      18 mai  •  11 min
    • Introverti, piètre orateur au charisme peu remarquable, Slobodan Milošević va pourtant devenir en 1984, l’homme fort de la Yougoslavie communiste. Cinq ans plus tard, il prend la tête de l’ultra nationaliste Serbie.
      18 mai  •  14 min
    • Reconnu coupable de génocide, Slobodan Milošević est pourtant réélu par les Serbes en 1997. Il faudra attendre sa défaite politique en septembre 2000 pour que le TPIY, le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie, l’inculpe pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.
      18 mai  •  12 min
    • Transféré au TPIY de La Haye aux Pays-Bas, Slobodan Milošević, qui ne reconnait aucune légitimité à ce tribunal, va assurer seul sa défense et nie toute responsabilité sur ces chefs d’accusation. Le procès s’annonce long d’autant que l’accusé souffre de problème de santé...
      18 mai  •  16 min

À propos de la série

Introverti, piètre orateur au charisme peu remarquable, Slobodan Milošević va pourtant devenir en 1984, l’homme fort de la Yougoslavie communiste. Cinq ans plus tard, il prend la tête de l’ultra nationaliste Serbie.

Attention, certains propos et images peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ainsi que des personnes non averties.

Né d’un père prêtre orthodoxe et d’une mère enseignante militante communiste, Slobodan Milošević voit le jour en 1941 au cœur d’une Europe à feu et à sang. Des parents qui vont finir par se suicider après un divorce houleux. Slobodan Milošević, lui, se marie, fait deux enfants et devient membre du PC yougoslave dont il prend la tête à Belgrade en 1984. Pur produit de la bureaucratie communiste, il va très vite gravir les échelons de l’appareil politique, puisqu’en 1989, il est élu président de la Serbie. À ce titre, c’est un virage idéologique à 180° qu’il opère. Exit le communisme, vive le nationalisme. Un ultra nationalisme même qui séduit et galvanise les Serbes qui le réélisent au suffrage universel en 1992 et en 1997 à la tête du pays.
Son but ? En finir avec cette fédération Yougoslave insensée tandis qu’il rêve du retour de la Grande Serbie d’antan réunissant tous les Slaves des Balkans. Et pour atteindre ce rêve, il lance deux guerres successives, au cours de l’été 1991 contre la Croatie et en mars 1992 contre la Bosnie-Herzégovine. Il faut attendre le tristement célèbre massacre de Srebrenica en juillet 1995 pour que l’OTAN intervienne. Puis viendront les massacres du Kosovo de 1998 à 1999. Slobodan Milošević sera, au cours de ces années, le grand ordonnateur d’un véritable nettoyage ethnique, un génocide en plein cœur de l’Europe.

Un livre près d'une fosse commune où des hommes musulmans ont été massacrés à Srebrenica, en Bosnie-Herzégovine (14 mai 1996)
Un livre près d'une fosse commune où des hommes musulmans ont été massacrés à Srebrenica, en Bosnie-Herzégovine (14 mai 1996)
© Getty - Photo by Scott Peterson/Liaison

Accusé de génocide, Slobodan Milošević est pourtant réélu par les Serbes en 1997. Il faudra attendre sa défaite politique en septembre 2000 pour que le TPIY, le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie, l’inculpe pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.

Slobodan Milošević est le premier président en exercice de l’histoire à avoir été accusé de génocide par le TPI, Tribunal Pénal International. C’est pourtant avec lui que la paix dans les Balkans se négocie tandis que, pour l’administration américaine, le renversement de son gouvernement devient une priorité à l’approche des élections de 2000. Si Milošević peut compter sur le vote de bon nombre de nationalistes serbes, l’opposition démocratique est soutenue au point qu’elle remporte les élections dont son adversaire conteste les résultats.

Le 31 mars 2001, les forces spéciales donnent l’assaut dans la maison privée de l’ancien maître de la Serbie. Ses partisans vont le protéger au cours d’un siège qui va durer 33 heures. Il finit par se rendre, promesse lui ayant été faite qu’il ne serait pas livré au TPIY. La justice de son pays l’arrête officiellement pour abus de pouvoir et corruption mais le livre à l’ONU. Transféré à La Haye, son procès pour génocide, crimes de guerre, crimes contre l’humanité débute le 12 février 2002. Mais il décède quelques jours avant l’énoncé du verdict puisque le 11 mars 2006, il est retrouvé mort dans sa cellule. Le procès s’arrête sans condamnation tandis que lors de ses obsèques, près de 50 000 partisans, et parmi eux, des personnalités politiques et culturelles occidentales, viennent lui présenter un dernier hommage. L’écrivain Peter Handke y était.

Slobodan Milošević refuse la présence de tout avocat lors de l'audience initiale devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye, Pays-Bas (03.07.2001)
Slobodan Milošević refuse la présence de tout avocat lors de l'audience initiale devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye, Pays-Bas (03.07.2001)
© Getty - Photo by Raphael GAILLARDE/Gamma-Rapho via Getty Images

Pour en parler

  • Munira Subašić, présidente de l’association des Mères des enclaves de Srebrenica et Žepa
  • Nura Mustafić de la même association. Elle a perdu trois fils lors du génocide
  • Šuhra Sinanović, présidente de l’association Les Femmes de Podrinja-Bratunac
  • Florence Hartmann, ancienne journaliste pour Le Monde en ex-Yougoslavie, a couvert les conflits de la région avant de rejoindre le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY)
  • Céline Bardet, juriste internationale, fondatrice et directrice de l’ONG We are Not Weapons of War
  • Ninon Maillard, enseignante chercheuse à l’université Paris-Nanterre spécialiste de l’histoire du droit
  • Carla Del Ponte, ancienne procureur pour le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) pendant huit ans
  • Colonel Eric Emeraux, n°1 de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haines ( OCLCH), ancien attaché de sécurité intérieure à l’ambassade de France à Sarajevo et auteur de La traque est mon métier, un officier sur les traces des criminels de guerre (Plon, 2022)

Avec les voix de Lise Come, Violette Fossat et Mersiha Nezic

Lecture d'un extrait de "Balkans-transit" de François Maspero, dans "Un livre des voix" (1997)

1 min

Bibliographie sélective

Filmographie sélective

  • Documentaires :
  • Srebrenica, plus jamais ça ! (2006), documentaire réalisé par Morad Aït-Habbouche et Hervé Corbière consacré à l’enquête menée pendant six ans par le commissaire Jean-René Ruez sur les massacres de Srebrenica. Une enquête au terme de laquelle Ratko Mladic et Radovan Karadzic ont été arrêtés et jugés par le TPIY
  • Sebrenica, tuez-les tous (2005), écrit et réalisé par Morad Aït Habbouche
  • Les hommes de l’ombre de Milosevic (2002), réalisé par Gonzalo Arijon et Marie-Claude Vogric
  • Milosevic on Trial (2007), réalisé par Michael Christoffersen qui suit le procès de Slobodan Milosevic de 2002 jusqu’à sa mort en 2006
  • Bringing Down A Dictator (2002), réalisé par Steve York sur la défaite « non violente » de Slobodan Milosevic

Reportage de Christophe Hondelatte au Kosovo, débutant par un micro-trottoir en France sur le Kosovo (dans "Le choix d'Inter", France Inter, 1993)

1 min

Musique

Quis est quis, Quatere, Chorea Duplex de Mario Batkovic - Recycled future, Little girl, A l'infini de Gaspar Claus - Vanish de Nicolas Jaar - Symphonie n°3, 3ème mouvement, de Philip Glass - Bosnia : the shepperd de Dunja Rihtman - Opening de Portico Quartet - Traditionnel de Bosnie Ah sto çemo ljubav kriti.

Remerciements

Merci à celle qui m’a inspiré cette série, Merima Huseinbasic, rescapée de la guerre de Bosnie, spécialiste des crises et des conflits, ancienne du TPIY (Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie), pour ses traductions, ses recherches et ses contacts.
Merci également à Jean-René Ruez, chef de l’équipe Srebrenica du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).

Merci enfin à Indiana Burkel pour son aide précieuse dans la fabrication de ce documentaire.

Générique

Un documentaire d'Alain Lewkowicz, réalisé par Marie-Laure Ciboulet. Prise de son et mixage, Delphine Baudet. Coordination, Christine Bernard. Archives Ina, Delphine André. Attachée de production et page web, Sylvia Favre-Steyaert.

Pour aller plus loin

Slobodan Milošević, le nettoyeur des Balkans s'inscrit dans la collection Criminels de guerre , une série de France Culture comprenant huit volets (quatre hommes et quatre femmes) à suivre en podcast et sur l'antenne de France Culture.

Provenant de l'émission

Une histoire particulière, le samedi et le dimanche de 13h30 à 14h sur France Culture

Raconter des histoires du réel, et par le singulier toucher l’universel. Le documentaire est le récit d’une histoire vraie. C’est un fait divers au sens propre et sans tiret : la rencontre entre un documentariste et une histoire qui nous emmène là où généralement nous n’allons pas.