"J'ai vingt-six ans mon vieux Corneille **
** E t je t'emmerde en attendant..."

Pierre Corneille, c’est entendu, a fondé le théâtre moderne en France. Mais il ne faudrait pas que l’auteur dramatique du Cid éclipse l’aventurier lyrique. Car le grand Corneille est avant tout poète, de stances en tragédies : ** ** « Espère en ton courage, espère en ma promesse** ** Et possédant déjà le cœur de ta maîtresse** ** Pour vaincre un point d’honneur qui combat contre toi** ** Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi. »**
**Lerisque à laisser faire le temps, et trop d’ombre depuis son piédestal, c’est qu’un autre ne vienne à railler les vers du poète galant… **
Ainsi Tristan Bernard, né 260 ans après le vieux Corneille, ne s’est pas privé d’ajouter un quatrain aux stances à Marquise, retournant un soufflet au donneur de leçon. Il faut dire que depuis Ronsard ou même le sonnet d’Arvers, cela faisait trop belle lurette que la belle n’avait son mot à dire, réduite à jouer les Pénélopes muettes le soir à la chandelle. Si Tristan Bernard n’a guère hésité à rabattre son caquet à Corneille, c’est aussi que son poème était deux fois plus long et insistant. C’est Georges Brassens qui a raboté à sa suite les cinq derniers quatrains dont le célèbre :
"Pensez-y, belle marquise. ** Quoiqu'un grison fasse effroi, ** ** Il vaut bien qu'on le courtise ** ** Quand il est fait comme moi."**
La Marquise en question c’est la du Parc de la troupe de Molière, demoiselle courtisée par tous pour laquelle Racine avait écrit son Andromaque : comme quoi la poésie et le théâtre en ce temps-là c’était tout comme… **
Pour célébrer la jeune Marquise de Corneille, revisitée par Tristan Bernard, il y avait au côté de Georges Brassens, un ténor : Jean-Paul Fouchecourt, un soliste : Maxime Le Forestier, et toute la troupe des Grandes gueules et de Chanson plus bifluorée…
ARCHIVES INA : "Dites-moi monsieur Brassens", 1962.
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