Affaire Mila, cyber-harcèlement, misogynie, technologie, laïcité : vers une nouvelle culture de l'insulte ?

Mila et son avocat Richard Malka au Palais de justice, 3 juin 2021 lors du procès des harceleurs de Mila.
Mila et son avocat Richard Malka au Palais de justice, 3 juin 2021 lors du procès des harceleurs de Mila. ©AFP - Bertrand Guay
Mila et son avocat Richard Malka au Palais de justice, 3 juin 2021 lors du procès des harceleurs de Mila. ©AFP - Bertrand Guay
Mila et son avocat Richard Malka au Palais de justice, 3 juin 2021 lors du procès des harceleurs de Mila. ©AFP - Bertrand Guay
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Mila est à nouveau sur le devant de la scène enflamme une fois de plus les passions ; pourquoi ?

Avec
  • Eric Marty Écrivain et universitaire
  • Sabine Prokhoris Psychanalyste.
  • Floriane Gouget Vice-présidente de l'association laïque Dernier Espoir, amie et soutien de Mila.

La sortie du livre de Mila Je suis le prix de votre liberté la semaine dernière a coïncidé avec le procès de treize des dizaines de milliers d’individus qui depuis janvier 2020 lui promettent l’acide, le viol et la mort pour avoir insulté la religion musulmane et remis au centre de la scène la jeune fille déscolarisée et interdite de vie sociale pour cause de menace aujourd’hui âgée de 18 ans. 

Cette même semaine, Arte a diffusé le documentaire "#Sale pute" réalisé par les journalistes et militantes Florence Hainault et Myriam Leroy consacré au cyber-harcèlement contre les femmes dans lequel Mila ne figure pas et, toujours cette semaine, jeudi dernier, l’une des femmes interviewée dans ce documentaire, la journaliste Lauren Bastide, publiait sur Instagram un post annonçant qu’elle refusait de soutenir publiquement Mila qu’elle considère comme islamophobe et dénonçait la récupération de la jeune fille par l’extrême-droite. Hier enfin ce samedi, durant ce que l’on appelait autrefois la "gay pride" et aujourd’hui la marche des fiertés, signe que l’on n'est plus là pour rigoler du tout, quelques incidents et agressions ont eu lieu à Metz et Paris, quand des trans, dans un cas et un groupe de maghrébins LGBTQ dans l’autre s’en sont pris à des manifestants affichant leur soutien à Mila. 

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Etrangement, Mila devenue figure clivante du nouveau paysage culturel et médiatique, se situe de façon complexe au centre  de plusieurs questions centrales, "au cœur de la colère du pays", comme elle l’écrit elle-même au début de son livre. Pourquoi se distingue-t-elle ainsi des autres femmes harcelées ? Y a-t-il une spécificité Mila ? Quelle nouveau type de culture incarne-t-elle ?

Pour aller plus loin

"De l’affaire Mila à l’affaire d’État" par Benjamin Sire, Le Figaro, 31 janvier 2020. 

Signes des temps
46 min
43 min

Musiques : 

-Billie Eillish : Therefore I am

-Marissa Nadler : For my crimes

-Joan Osborne : Shake your hips

Le CRAN soutient Mina

Plutôt connu jusqu'ici pour son soutien au mouvement intersectionnel, Le Conseil Représentatif des Associations Noires a publié le 22 juin dernier un communiqué de presse curieusement passé inaperçu dans lequel il affirmer "apporter tout son soutien à Mila."

"Le Cran souhaite rappeler que Mila n'a pas gratuitement insulté la religion musulmane", peut-on lire aussi dans le communiqué, "mais a réagi à des insultes d'un homme qui pour justifier ses injures homophobes s'est appuyé sur la religion musulmane. Les réseaux sociaux s'emballent et Mila est menacée de mort pour avoir osé répondre à l'intolérance.

Le CRAN rappelle également que la France n'est pas un pays ou critiquer une religion doit être sanctionné, nous rappelons que la France n'est pas le pays ou l'homosexualité est un crime ; le droit est du côté de la liberté de croire ou de ne pas croire. (...) Soutenir Mila ne doit pas être une option ou un détail mais bien une obligation que chaque citoyen se doit au nom des valeurs républicaines."

Cette prise de position semble indiquer un tournant majeur dans l'évolution politique du CRAN. 

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