

Après que Mila, une adolescente a été menacée de mort pour avoir critiqué l'islam sur Instagram, le débat public a été traversé par l'amalgame entre la notion d'insulte à la religion et celle d'atteinte à la liberté de conscience. Où en est-on aujourd'hui avec le droit de critiquer la religion?
- Richard Malka Avocat au barreau de Paris, spécialisé dans le droit de la presse et scénariste de bandes dessinées
- Martine Cerf
- Razika Adnani Écrivaine, philosophe et islamologue
Je déteste la religion. Le Coran est une religion de haine, l’islam c’est de la merde, je dis ce que je pense! Je ne suis pas raciste. On ne peut pas être raciste envers une religion. J’ai dit ce que j’en pensais, vous n’allez pas me le faire regretter. Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir. Mila, sur son compte Instagram, 20 janvier 2020
Plus personne aujourd’hui n’ignore ces propos ni l’existence de ce que l’on appelle désormais "l’affaire Mila", du nom de cette adolescente lyonnaise de 16 ans dont la vie est bouleversée depuis qu’elle a diffusé une vidéo dans laquelle elle s’en prend par ces mots à la religion en général, et à l’islam en particulier. C’était le 20 janvier dernier. Ce jour-là, Mila, qui tournait en direct une vidéo sur Instagram, reçoit les avances d’un garçon de son âge qui se dit musulman. Comme elle l’éconduit en se disant lesbienne, le garçon répond en la traitant successivement de "sale gouine" et de "sale Française", et c’est en réponse à ces insultes que Mila poste sa sortie anti-religieuse. Aussitôt, elle est la cible de milliers de messages d’insultes, de menaces de viol et d’égorgement qu’elle reçoit à une fréquence de 200 par minute tandis que son adresse et celle de son école sont diffusées sur les réseaux sociaux. Elle est alors contrainte à la déscolarisation.
A mi-chemin entre la cour d’école et le terrorisme, cette histoire bien dans l’air du temps aurait pu et du s’arrêter là. Encore aurait-il fallu pour cela que les adultes fassent leur travail, à commencer par les représentants de l’état qui auraient du imposer le retour de la jeune fille et condamner d’une seule voix ses agresseurs potentiels. Or ce n’est pas du tout ce qui s’est passé : l’incident a tourné à la polémique nationale, et Mila vit depuis recluse et fait l’objet de mesures de protection spécifiques.
Pour comprendre cet emballement, Marc Weitzmann s’entretient avec Razika Adnani, philosophe, membre du Conseil d'Orientation de la Fondation de l'Islam de France, Martine Cerf, secrétaire générale d'EGALE (Egalité, laïcité, Europe), co-auteure avec Marc Horwitz du Dictionnaire de la laïcité (Armand Colin), Richard Malka, avocat de l’adolescente et également de Charlie Hebdo, et Jean-Eric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel
Musiques diffusées
- Hubert-Félix Thiéfaine, La nostalgie de Dieu
- Patti Smith, Gloria
L'équipe
- Production
- Réalisation