Au Festival de Cannes, après le mouvement MeToo

Jessica Hausner, une des quatre réalisatrices en compétition pour la Palme d'or à Cannes, avec Phenix Brossard, Kerry Fox et Kit Connor
Jessica Hausner, une des quatre réalisatrices en compétition pour la Palme d'or à Cannes, avec Phenix Brossard, Kerry Fox et Kit Connor ©Getty - Photo by Pascal Le Segretain/Getty Image
Jessica Hausner, une des quatre réalisatrices en compétition pour la Palme d'or à Cannes, avec Phenix Brossard, Kerry Fox et Kit Connor ©Getty - Photo by Pascal Le Segretain/Getty Image
Jessica Hausner, une des quatre réalisatrices en compétition pour la Palme d'or à Cannes, avec Phenix Brossard, Kerry Fox et Kit Connor ©Getty - Photo by Pascal Le Segretain/Getty Image
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Débat autour de la question des représentations des femmes dans le monde du cinéma, de la dissociation ou non entre l'artiste et l'homme, des risques de censure dans le milieu culturel. Seront notamment traités les débats autour d' Alain Delon, de Jean-Claude Brisseau ou de Woody Allen.

Avec
  • Lisa Nesselson critique de cinéma américaine à France 24 et à Screen international après 17 ans passés à Variety. Elle est présidente de l’académie des lumières de la presse internationale
  • Yaël Hirsch universitaire et essayiste, fondatrice du site "Toute la culture"
  • Céline Piques porte-parole d’Osez le féminisme
  • Jean-Marc Parisis Ecrivain

Ce dimanche à 18h30 cet étendard vivant du cinéma français qu’est depuis plus de soixante ans Alain Delon va recevoir à Cannes une Palme d’Or pour l’ensemble de sa carrière. Dès l’annonce de la cérémonie, avant même l’ouverture du Festival, une pétition émanant apparemment du groupe militant féministe américain Women in Hollywood bientôt rejointe par un communiqué des françaises d’Osez le féminisme demandait l’annulation de l’hommage. Raison invoquée : l’acteur est "raciste, homophobe et misogyne". Bien que pratiquement pas prise au sérieux par les organisateurs du festival, ou les débats se concentrent plutôt sur la question des quotas de films réalisés par des femmes, cette pétition demandant la mise au ban d’un acteur a tout de même réuni à cette heure plus de 23.000 signatures sur le Net.

Elle nous vient des Etats-Unis, où Woody Allen a récemment vu la sortie de son dernier film A Rainy day in New York annulée par Amazon pour cause d’obscénité –le film montrerait un jeune homme essayant d’en séduire un autre, plus âgé--, et où les mémoires de l’auteur de Manhattan sont aujourd’hui refusées par les éditeurs pour cause cette fois de mauvaise réputation en raison d’accusations jamais prouvées d’agression sexuelle contre l’une de ses filles adoptives.  

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En France même, le cinéaste Jean-Claude Brisseau qui avait reçu le Léopard d’or au festival de Locarno en 2013 pour son avant-dernier film, La fille de nulle part, vient de mourir sans que nul ne lui rende hommage à Cannes, et sans avoir vu la rétrospective consacrée à son œuvre prévue par la cinémathèque prévue en janvier 2018 puis annulée sous la pression des féministes parce que Brisseau avait fait l’objet d’une condamnation pour harcèlement sexuel 11 ans plus tôt.

Signes des temps s’est déjà fait l’écho de ces débats et il est temps d’y revenir. Un an et demi après la naissance de Me Too dans la foulée de l’affaire Weinstein, durant cet hiver 2018 qui a vu Laure Murat décréter que les films d’Antonioni n’étaient plus supportables, et les féministes se déchirer des deux côtés de l’Atlantique, assiste-t-on à la naissance de ce que l’écrivain Bret Easton Ellis appelle « une culture des bonnes intentions », et les artistes seront-ils désormais sommés d’être des citoyens respectables ?

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