

Entre derniers feux de l'aristocratie culturelle languienne, blocages syndicaux et tentations populistes, le rideau de la culture se lève sur une crise structurelle. Comment retrouver le sens d'une culture accessible ?
- Robin Renucci
- Philippe Gonnet Journaliste.
- Michel Guérin (Rédacteur en chef) Rédacteur en chef au Monde.
Depuis cette semaine, les lieux culturels rouvrent mais lesquels et surtout pour qui ? La réouverture des cinémas est un succès pour l’instant surtout dans les centres-villes, tandis que la question des plateformes de streaming reste pendante, et l’inauguration de la collection Pinault qui est remarquable, se fait elle aussi à la bourse du commerce de Paris, en plein cœur de la capitale, à quelques mètres du centre Pompidou.
Mais c’est la situation des théâtres qui est peut-être la plus révélatrice, puisque la quasi-totalité des théâtres privés resteront fermés jusqu’à l’automne au moins.
En d’autres termes, le rideau de la culture s’ouvre sur un paysage morcelé, une crise structurelle qui n’a pas commencé avec l’épidémie mais que le confinement a sans doute rendu plus visible et que le passe-culture ne peut pas résoudre à lui seul. Après quarante années d’une offre culturelle pléthorique centrée sur les besoins des artistes, la question qui se pose maintenant avec acuité est celle de la demande. Une culture pour qui ?
Les enjeux pour le spectacle vivant
Le théâtre reste le dernier lieu des utopies, il échappe au monde industriel de la culture. Et ça a toujours été le lieu le plus revendicatif. (...) Des revendications sont portées devant des responsables de théâtre qui n'ont aucune prise sur ces questions. (...) Il y a une question quasi-philosophique : est ce qu'une collectivité doit pouvoir assurer ce système là à savoir une très belle offre culturelle, même si tout le monde n'en profite pas, très loin de là. Il y a une crispation de plus en plus forte, y compris à gauche et pas uniquement au niveau de la droite. Michel Guérin
Pour ma part, c'est le public que je recherche, justement, celui qui considère que la culture n'est pas essentielle. (...) Il y a cette centralisation des équipements culturels. En parallèle, une activité artistique dans des milieux associatifs très importants dont on ne parle jamais. (...) Rappelons que cette situation crée une fracture entre ceux qui se déplaçaient pour aller vers les lieux culturels et cette culture invasive qui est celle du numérique qui est rentrée dans les chambres. Robin Renucci
Le milieu culturel s'est complètement retourné contre cette politique d'Eric Piolle à Grenoble. Philippe Gonnet
Référence musicale :
Everything is broken de Sheryl crow
Pour aller plus loin
Enquête La révolution culturelle de l’écologie politique à Grenoble par Frédéric Martel
Pour un débat national sur l'avenir du spectacle vivant, par Bernard Latarjet, 2004.
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