Joan Didion ou l'autopsie du langage politique

Joan Didion au Golden Gate Park, avril 1967.
Joan Didion au Golden Gate Park, avril 1967. ©Getty - Ted Streshinsky
Joan Didion au Golden Gate Park, avril 1967. ©Getty - Ted Streshinsky
Joan Didion au Golden Gate Park, avril 1967. ©Getty - Ted Streshinsky
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Signes des temps retrace le parcours de Joan Didion, écrivaine et figure du journalisme littéraire, décédée à New York le 23 décembre dernier.

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C’est une émission un peu spéciale aujourd’hui puisqu’elle est consacrée à la romancière et journaliste Joan Didion, morte le 23 décembre dernier à 87 ans, surtout connue en France pour ses derniers livres : L’année de la pensée magique et Le bleu de la nuit qu’elle a consacré aux décès successifs de son mari et de sa fille, mais aux Etats-Unis, elle reste surtout connue pour être l’un des très grands noms avec ceux de Tom Wolfe et Norman Mailer de ceux que l’on a appelé le nouveau journalisme.

Cinquante ans durant, Joan Didion a observé la société de son pays et la vie politique américaine avec la curiosité d'une anthropologue l'âme et l'oreille ultrasensibles d'un écrivain. Elle a témoigné du mouvement hippie, de la contre-culture et surtout, à partir de la fin des années soixante-dix, dans le sillage de Georges Orwell -qu’elle avait enseigné- elle témoigné de l’autodestruction des classes politiques dans les démocraties occidentales sous l’effet de la communication, autodestruction dont nous assistons sans le moindre doute à l’étape finale. C’est à ce titre, bien qu’elle soit parue en France un peu dans le désordre, que l’œuvre qu’il nous reste d’elle est un signe des temps.

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Les invités du jour

Marc Weitzmann reçoit

  • Pierre Demarty, éditeur, traducteur notamment du récit Le bleu de la nuit -Grasset, 2013- , L’année de la pensée magique -Grasset, 2007- de Joan Didion
  • Thomas Chatterton Williams, écrivain et critique
  • Rachel Donadio, journaliste à The Atlantic

Interprète : Xavier Combe

Une écriture sobre, héritage d'une Amérique de pionniers

Joan Didion est une figure majeure du paysage littéraire américain depuis 40 ans. Avec un certain décalage, en France, c'est avec le récit L'année de la pensée magique, paru en 2007, qu'elle se fait connaître.

Rachel Donadio analyse l'écriture de Joan Didion et précise "elle se met elle-même en position de narratrice, avec un regard clinique, soit presque anthropologique sur sa vie et sur la société". Thomas Chatterton Williams souligne une clarté de perception "qui fait de son écriture un moment de naissance et donne vie à ce qu'elle raconte". Son traducteur Pierre Demarty indique qu'elle a inventé une manière d'écrire et une forme de langue américaine singulière, il précise "elle s'interroge en permanence sur la manière dont elle-même écrit".

"Je suis écrivain depuis toujours. En tant que telle, même petite, bien avant qu'on commence à publier mes écrits, j'ai toujours eu le sentiment que le sens même des choses résidait dans le rythme des mots, des phrases, des paragraphes, j'ai développé une technique pour tenir à distance toutes mes pensées, toutes mes croyances, en les recouvrant d'un vernis de plus en plus impénétrable. Ma façon d'écrire, c'est ce que je suis, ou suis devenue (...)." Joan Didion, L'année de la pensée magique.

Pour en savoir plus

Joan Didion and the Opposite of Magical Thinking de Zadie Smith, The New Yorker, 24 décembre 2021.

Joan Didion et Shirley Streshinsky visitent la prison d'Alcatraz, en Californie, fermée en 1963.
Joan Didion et Shirley Streshinsky visitent la prison d'Alcatraz, en Californie, fermée en 1963.
© Getty - Ted Streshinsky

Générique

Musiques diffusées

  • Slouching Toward Bethléem de Joni Mitchell
  • Me and Bobby McGee de Janis Joplin
Affaire en cours
6 min
Signes des temps
43 min
L'Invité(e) des Matins
41 min

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