La guerre, la mémoire et le temps, entretien avec Kamel Daoud

Portrait de Kamel Daoud
Portrait de Kamel Daoud ©Getty - Ulf Andersen
Portrait de Kamel Daoud ©Getty - Ulf Andersen
Portrait de Kamel Daoud ©Getty - Ulf Andersen
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Alors qu'est paru il y a quelques semaines "Son oeil dans ma main" recueil de photos et de textes littéraires, témoignage sur l'Algérie en 1961 et 2019, Kamel Daoud interroge le rapport au temps et aux mots. Echange autour des notions d’Occident et d'universel.

Avec

Quelques semaines avant l’invasion russe de l’Ukraine qui a ramené sur le devant de l’actualité des termes comme celui d’Occident, d’universel démocratique, de guerre des peuples contre l’impérialisme, en l’occurrence russe, la France célébrait le soixantième anniversaire des accords d’Evian qui mirent fin à la guerre d’Algérie et aux 130 années de colonisation française.

Alors photographe débutant, Raymond Depardon, 19 ans à l’époque, couvrit l’actualité à Alger et Oran mais aussi les négociations elles-mêmes à Genève. En 2019, la productrice Claudine Nougaret et la maison d’édition algérienne de l’écrivain Kamel Daoud Barzakh ont eu l’idée de faire se rencontrer Depardon et l’auteur du prix Goncourt du premier roman 2015 Meursault contre-enquête en vue de la préparation d’un ouvrage commun sur le sujet.

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Son œil dans ma main, l’album remarquable issu de cette rencontre qui sort ce printemps pour commémorer les accords d’Evian, se décline jusqu’en juillet a l’Institut du monde arabe (IMA) est un signe des temps, c’est qu’il n’est justement pas ou pas seulement un livre de souvenirs commémoratifs. Pour nous français, ce montage de photos et de textes littéraires fait bien plus que nous plonger dans l’un des chapitres manquant de notre histoire récente. Il nous oblige à nous interroger sur le temps et sur les mots, sur ce que nous voulons dire quand nous parlons d’Occident, d’universel et de guerre des peuples. C’est un livre qui nous aide à voir le monde aujourd’hui, il nous apprend que tout est lié, et qu’il n’y a qu’un seul monde.

L'invité du jour

Marc Weitzmann reçoit l'écrivain Kamel Daoud.

Photographie issue du livre Raymond Depardon/ Kamel Daoud, Son œil dans ma main - Algérie 1961-2019

Oran, 2019
Oran, 2019
- © Raymond Depardon/ Magnum Photos

La responsabilité de la liberté

Kamel Daoud analyse la situation politique en Algérie, précisant : "au fond, il n'y a pas que le régime qui ne conçoit pas la liberté, même ces opposants ne conçoivent pas la liberté". Il ajoute "en Occident, on se fourvoie énormément en croyant que lorsque quelqu'un s'oppose à un régime, cela veut dire qu'il est démocrate ! On peut s'opposer à un pouvoir parce qu'on a une conception concurrente du pouvoir uniquement. Cette 'poutinisation' des fantasmes politiques m'inquiète énormément". Kamel Daoud souligne les facteurs qui essaient de fabriquer l'opinion locale : facteurs historiques, alliances stratégiques et également le syndrome de la guerre d'Irak.

Kamel Daoud dénonce "les gens qui sont dans la radicalité de la critique de l'Occident, dans l'industrie de la culpabilisation, je n'en veux pas ! (...) c'est un Occident qui peut être prédateur, c'est vrai, mais c'est un lieu de refuge".

Pour en savoir plus

Générique

Musiques diffusées

  • Ya LaureHobouki de Rosemary Standley
  • Omorphi Ke Paraxeni patria de Angélique Ionatos
  • Terra de Caetano Veloso
Signes des temps
43 min
L'Invité(e) des Matins du samedi
26 min

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