Le film "Sympathie pour le diable" nous plonge dans les dernières semaines couvertes par Paul Marchand au siège de Sarajevo. Ce moment où le sulfureux reporter bascule, c’est celui d'une époque qui découvre la violence alors qu'elle se croyait acquise à la paix. Quelle analyse en tirer aujourd'hui ?
- Renaud Girard Géopoliticien
- Rémy Ourdan Correspondant de guerre au Monde
- Guillaume De Fontenay Réalisateur, scénariste
- Jean-Yves Potel Historien, politologue.
Le film Sympathie pour le diable sorti la semaine dernière sur les écrans nous ramène voici presque 30 ans en arrière, au siège de Sarajevo par les armées serbes, un épisode qui plus qu’un autre peut-être symbolisa dans la première moitié des années 90, ce que représentaient les guerres des Balkans qui ravageaient le cœur de l’Europe alors même que le continent comme le reste de la planète croyait célébrer la fin de l’Histoire et la victoire universelle de la démocratie.
Mais le film est aussi le portrait de l’auteur du livre dont il s’inspire, le journaliste français Paul Marchand. Journaliste atypique, furieusement indépendant, aussi courageux qu’individualiste, et provocateur, Marchand fut l’un des premiers journalistes occidentaux à arriver à Sarajevo comme free-lance. Il y travailla pour plusieurs radios francophones, sans jamais porter de gilet pare-balle, au volant d’une voiture sur laquelle il avait écrit : "je suis immortel", et en prenant tous les risques avant d’être rapatrié de force après s’être pris une balle dans le bras en octobre 1993. Dans les années 2000, installé par la suite au Canada, il entama une carrière littéraire, publia quatre livres dont Ceux qui vont mourir, J’abandonne aux chiens l’exploit de nous juger et Sympathie pour le diable, avant de se suicider par pendaison en 2009.
Le film Sympathie pour le diable nous donne l’occasion de revenir à la fois sur cette personnalité audacieuse et opaque et sur une époque dont nous payons sans doute encore aujourd’hui les ambiguités.
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