Samuel Paty : un an après, où en sont les enseignants ?

Collège du Bois-d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, 19 octobre 2020.
Collège du Bois-d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, 19 octobre 2020. ©AFP - Anne-Christine Poujoulat
Collège du Bois-d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, 19 octobre 2020. ©AFP - Anne-Christine Poujoulat
Collège du Bois-d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, 19 octobre 2020. ©AFP - Anne-Christine Poujoulat
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Regards croisés sur les problèmes des enseignants éclairés par la crise ouverte le 16 octobre 2020.

Avec
  • Béatrice Benabbes Professeure
  • David Di Nota
  • Iannis Roder Enseignant

Un an après l'assassinat de Samuel Paty, des millions d'élèves ont célébré vendredi la mémoire du professeur à travers une minute de silence, un chant et un débat sur la liberté d'expression. 98 incidents "de nature variable" ont été relevés d'après le ministre de l'Éducation nationale qui se prépare par ailleurs à inaugurer une plaque dans l'entrée du ministère, honorant Samuel Paty, je cite, "Assassiné par un terroriste islamiste pour avoir enseigné et défendu les valeurs de la République dont la liberté d'expression".

"Samuel Paty", a déclaré par ailleurs Jean-Michel Blanquer, "est un emblème, un emblème de la liberté, et donc un emblème de la République et pour cela, il faut montrer une forme de force et de sérénité."

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Ces déclarations de principe officielles sont toujours à la fois nécessaires et un peu ridicules. Concrètement, où en est-on dans l’enseignement un an après ce meurtre, alors qu’un livre du romancier David di Nota, J’ai exécuté un chien de l’enfer, revient de manière accablante sur la responsabilité de la hiérarchie dans l’engrenage ayant conduit à la désignation de Paty comme cible, et qu’une enquête de l’IFOP et de la Fondation jean-Jaurès fait le point sur la situation des enseignants ?

Pour une partie, qui reste minoritaire heureusement, des professeurs de moins de 40 ans, on a l’impression, à la lecture du sondage, que la laïcité est une sorte de tolérance. Et en fait, tout ce qui fait la laïcité à la française et notamment par l’école c’est-à-dire tout ce qui fait l’émancipation disparaît, tout ce que porte l’école de la République disparaît. On est juste là pour être coexister, être les uns avec les autres, on va se tolérer. Et tout ce qui permet l’émancipation de la liberté n’existe plus. Iannis Roder

La parole des parents est un poids énorme dans l’école aujourd’hui et notamment auprès des chefs d’établissement. On peut comprendre cette présence qui est loin d’être toujours malveillante et qui s’explique par les craintes envers l’avenir, toujours est-il, qu’il y a une forte présence des parents qu’on peut qualifier d’entrisme et une peur des chefs d’établissement face aux réactions des familles. Béatrice Benabbes

Le référent laïcité est en train de valider la notion d’offense qui est évidemment une notion extrêmement critiquable parce que si le cours doit s’aligner sur le sentiment religieux des élèves, il n’y a plus d’enseignement de la laïcité possible, on est vraiment dans une aberration pédagogique. David di Nota

La vraie question n’est pas : "Comment doit-on former les professeurs pour qu’ils ne choquent pas ?". La vraie question, si on s’intéresse à Samuel Paty, est : "Comment fait-on lorsqu’un acte de prévenance est transformé après-coup par des islamistes en acte de discrimination islamophobe ?". Et ce n’est pas du tout la même question. David di Nota

Musiques diffusées

Tricky: Somebody's sin

Madonna: Killers who are Partying

Gnarls Barkley: Who's gonna save my soul?

Pour aller plus loin

Fondation Jean Jaurès, Observatoire de l'éducation

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