À l'occasion de la sortie du livre collectif dirigé par Nicolas Martin "L'Espace" -récompensé du prix "Ciel et Espace"-, état des lieux des connaissances : de la colonisation de l'espace orbital par les Gafas jusqu'à l'espace inconnu.
- Nicolas Martin Auteur, scénariste, réalisateur, producteur, vulgarisateur, et ancien animateur de la Méthode Scientifique.
- François Forget Planétologue
- Alain Riazuelo Astrophysicien, chercheur CNRS en poste à l'Institut d'astrophysique de Paris (IAP).
L’un des deux hommes les plus riches du monde, Elon Musk, fondateur de SpaceX, a posté hier sur les réseaux sociaux la vidéo d’un chimpanzé contrôlant un jeu vidéo sur écran, grâce à un implant mental. Le 24 mars dernier, dans le cadre de son programme Starlink, il annonçait le lancement d’une fusée Falcon, mettant en orbite 60 satellites. Le lendemain, en Sibérie, une fusée Soyouz opérée par Arianespace décollait pour en mettre de son côté 38.
Les lancements devraient continuer à raison de 34 à 36 satellites par mois pour la société OneWeb, et 60 tous les quinze jours pour Starlink, qui vise à terme une constellation de pas moins de 42 000 satellites à elle seule, soit cinq fois le nombre de vaisseaux spatiaux lancés dans l’espace depuis le premier Spoutnik, en 1957.
Tous ces satellites sont censés permettre le développement des réseaux internet à haut débit sur l’ensemble de la planète. Mais n’ont-ils pas aussi pour conséquence de modifier totalement notre rapport à l’espace ? Le 2 avril dernier, Stéphane Israël, patron d’Arianespace, déclarait ainsi au Monde que nous assistions "à une colonisation de l’orbite basse, qui ne pourra pas accueillir sans dommage des dizaines de milliers satellites".
En 1969, le premier vol habité se posant sur la Lune inspirait à l’écrivain américain Norman Mailer un récit qui commençait par la mort d’Hemingway. La victoire de la technologie représentait pour lui non seulement la mort d’une certaine forme de machisme, mais aussi celle d’une certaine image de la féminité. La Lune, première divinité capricieuse, insaisissable, sauvage et effrayante se réduisait soudain à un gros caillou sur lequel planter un drapeau. Qu’aurait-il dit s’il avait vu l’espace transformé en autoroute de l’information ?
L'espace, un far-west économique et juridique
Ce que réalise Elon Musk, c’est un coup de force financier qui profite des faiblesses de la juridiction spatiale. Comme il maîtrise l’intégralité de la chaîne spatiale : de la construction à la mise en orbite, il peut faire ce qu’il veut sans autorisation. Au lieu d’investir dans la technologie pour limiter la pollution, il y a ainsi une course effrénée à la production. Les États, au lieu de prendre la défense de ce bien commun que serait l’espace, se font aujourd'hui dicter les règles de cette course par ces acteurs privés.
Nicolas Martin
On peut craindre que les points lumineux dans le ciel correspondent plus à l’avenir à des satellites qu’à des étoiles ! L’astronomie bénéficie depuis 1957 de l’accès à l’espace, mais avec la multiplication des mises en orbite, elle risque aujourd'hui d’en pâtir.
Alain Riazuelo
La vie peut-elle se développer ailleurs ?
On a démontré qu’il existait de nombreuses autres planètes. L’enquête pour découvrir s’il peut y avoir de la vie progresse, même si nous nous posons toujours beaucoup de questions : est-ce la présence d’eau qui engendre la vie ? Ou au contraire, faut-il que d'autres conditions extrêmement précises soient réunies pour que cela se produise ? Je pense que la réponse est aujourd’hui dans le système solaire, et que dans les décennies à venir, nous obtiendrons des explications.
François Forget
Musiques diffusées
Survival de Annette Peacock
Seven Souls de William Burroughs
Space Oddity de David Bowie
Pour aller plus loin
Présentation du livre L'Espace, dirigé par Nicolas Martin et Matthieu Lefrançois, E/P/A, 2020.
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