Vers la fin du vrai en politique ?

Hommes masqués au festival d'Edinburgh, août 2018
Hommes masqués au festival d'Edinburgh, août 2018 ©Getty - Roberto Ricciuti
Hommes masqués au festival d'Edinburgh, août 2018 ©Getty - Roberto Ricciuti
Hommes masqués au festival d'Edinburgh, août 2018 ©Getty - Roberto Ricciuti
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Deux livres sur le sujet du vrai viennent de sortir : un petit essai de Matthew d’Angona centré sur les Etats-Unis, "Post-vérité, guide de survie à l’ère des Fake News" et l’ouvrage fondamental qui va servir de base à notre émission, "La Faiblesse du vrai" de la philosophe Myriam Revault d'Allonnes.

Avec
  • Myriam Revault d'Allonnes Philosophe, chercheure associée au CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) et professeure émérite des universités à l'École pratique des hautes études.
  • Pascal Engel Philosophe, directeur d'études à l'EHESS
  • Rudy Reichstadt Politologue, Fondateur du site Conspiracy Watch

Entretien autour de l'idée de post-vérité, avec la philosophe Myriam Revault d'Allonnes, auteure de " La Faiblesse du vrai" (Le Seuil, octobre 2018), le philosophe Pascal Engel et le politologue Rudy Reichstadt.

Le 14 novembre dernier, le New York Times publiait une longue enquête détaillant la stratégie adoptée par les dirigeants de Facebook, Mark Zuckerberg et sa directrice des opération Sheryl Sandberg, pour contrer les critiques et enquêtes qui leur sont faites depuis des mois pour avoir laissé se développer sur les réseaux sociaux une série de nouvelles fausses qui ont joué un rôle dans l’élection de Donald Trump.

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Allégorie de la Vérité
Allégorie de la Vérité

L’article relance ainsi les critiques au réseau social lancées depuis 2016. Cette année-là, ses dirigeants ont dû le reconnaître, 126 millions de personnes ont été soumises pendant la campagne à l’influence de messages postés par des hackers et sites russes via de fausses pages Facebook, ou via le piratage d’identités réelles.

On apprit aussi que les informations d’utilisateurs de Facebook avaient été aspirées par Cambridge Analytique, la firme de publication stratégique qui a aidé à l’élection de Trump. Mais la question de la vérité de ce que l’on lit et entend dépasse de loin les réseaux sociaux, les seules élections américaines ou la propagande politique pour toucher tous les domaines de la vie.

Personne ne peut dire, par exemple, si le mouvement des gilets jaunes est spontané, manipulé par une force politique quelconque, ou les deux à la fois. Le terme de Post truth ou post-vérité est apparu officiellement en 2016 dans le dictionnaire d’Oxford et il est ainsi défini :

Ce qui se rapporte aux circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence sur l’opinion que ceux qui font appel aux émotions ou aux croyances personnelles.

Sur fond d’effondrement des grands récits idéologiques, de Brexit, de terrorisme, et d’une industrie de contre-savoir autogénérée par les internautes eux-mêmes, ce sentiment prégnant est que plus aucun d’entre nous ne sait aujourd’hui dans quel monde nous vivons ni quelle est sa place, ni s’il ou elle en a une – ni même si la question a le moindre sens ou est le seul produit de ses angoisses.

Ce qui était jusque là admis comme le vrai commun semble disparaître sous nos yeux. 

Programmation musicale :

- "Faking it" de Ben Sidran

- "La vida es un pasaje" de Ensemble Alegria

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