

Aramis était un mode de transport censé révolutionner la société française dans les années 70. Lancé par la RATP, ce projet de métro atypique ne verra finalement jamais le jour. En 1987, le sociologue Bruno Latour est missionné pour réaliser un audit et comprendre les raisons de cet échec.
- Jérôme Denis Sociologue, enseignant chercheur au Centre de sociologie de l’innovation aux Mines ParisTech
Une émission en forme d'hommage à Bruno Latour, le sociologue nous a quitté le 9 octobre dernier. L'un des plus grands sociologues français a consacré un livre à la sociologie du Superfail, à la sociologie de l'échec, ce livre s'appelait : Aramis, ou l'amour des techniques (1992) et nous devions réparer cet oubli. Pour revenir sur cet apport de Bruno Latour à la théorie du Superfail, Guillaume Erner s'est entretenu avec Jérôme Denis, enseignant chercheur au Centre de sociologie de l’innovation (I3 CNRS - Mines ParisTech.
Aramis : un mode de transport révolutionnaire
Aramis est un projet de mini-métro automatique lancé par la RATP en 1970, censé révolutionner le monde du transport. Jérôme Denis revient sur cette innovation : "C'était une sorte d'hybride entre un mode personnel et un mode collectif sans conducteur (...). C'était un mode de transport assez révolutionnaire.".
Seulement voilà, après des années de recherche, ce projet n'a finalement jamais vu le jour. En 1987, la RATP donne pour mission au sociologue Bruno Latour de réaliser un audit sur Aramis, afin d'analyser les raisons de l'échec : "Ce livre se lit comme un roman d'enquête presque policier, qui se demande qu'est-ce qui a tué Aramis, d'un certain point de vue." explique Jérôme Denis.
Les raisons de l'échec
L'une des conclusions principales de l'ouvrage de Bruno Latour est que la technologie n'a pas été assez accompagnée, aimée par ses créateurs. Car pour le sociologue Bruno Latour, une technologie est toujours le fruit de compromis : "C'est une innovation qui devait gagner en solidité progressive et cette solidité n'était pas purement technique. Elle est forcément socio-technique : elle est affaire d'alliance, affaire de transformation, d'hybridation. Ce que dit Latour (...) c'est que finalement personne ne s'est vraiment engagé dans cet exercice très couteux qui consistait à faire gagner en consistance Aramis, ce qui veut dire à le transformer, et ce qui veut dire faire des alliances", explique le sociologue Jérôme Denis.
Ainsi, une technologie n'est pour Bruno Latour jamais retranscrite de manière parfaitement conforme aux aspirations de ses concepteurs dans la réalité, elle est toujours le fruit d'alliances, de concertation, et d'interactions avec son environnement. Pour Jérôme Denis, les échecs autour du véhicule autonome sont un exemple de cette imperfection de la technique lorsqu'elle devient réelle : "Ces voitures qui étaient censées déjà être dans nos villes depuis très longtemps et circuler sans aucun problème. Et bien on voit que finalement les quelques cas qui fonctionnent (...) ne ressemblent pas tout à fait à ce qu'on avait imaginé au départ. Ils ont été transformés, ce sont des navettes qui sont souvent sur des voies spécifiées pour elles."
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