Il y a deux semaines, Renault annonçait un plan social de grande envergure pour faire face à la crise du coronavirus. Fermeture d’usines, emplois supprimés, plan d’économies de plus de 2 milliards d’euros sur les trois prochaines années … tout y passe. Mais dans l’usine Alpine de Dieppe, seulement 7 véhicules sont fabriqués quotidiennement. Peu rentable, l’usine va toutefois éviter la fermeture. Comment l’expliquer ?
Alpine. Peu de passionnés de quatre roues restent insensibles à l’écoute de ce nom. Considérée comme l’un des fleurons de l’industrie automobile française, sa réputation n’est plus à faire. Mais derrière l’imaginaire évoqué par son nom, la réalité par rapport à sa fabrication est bien différente. Entre autres, une production faible et onéreuse pour la marque Renault combinée à des ventes qui peinent à rentabiliser l'investissement. Comment la voiture de rêve s’est-elle transformée en un cauchemar de gestion pour la marque au losange ?
Partons sur les chapeaux de roue à la découverte de cette mythique voiture avec Benjamin Cuq, journaliste spécialisé dans l’automobile et auteur de « Le livre noir de Renault » aux éditions First.
Alpine, la renaissance aux ambitions modestes
" On fabrique 7 Alpine par jour à l'usine de Dieppe. Depuis le 1er janvier ça correspond à une diminution de 50% de la production de Renault Alpine qui avait été annoncée en décembre 2019 puisque la demande n’est pas exactement à la hauteur de l’offre potentielle. Cette usine qui a été construite en 1969 est capable de produire 150 voitures par jour. Mais historiquement, c’est l’usine de Renault Sport c’est-à-dire que toutes les voitures qui sortent de l’usine étaient et sont des Renault sportives : la Renault 5 turbo, la Renault 11 turbo, la Renault Mégane RS et l’Alpine."
Une petite production à un coût aussi élevé à développer comme l’est Alpine, ça coûte très cher. L'Alpine ne possède quasiment aucune pièce commune avec les autres Renault, ce qui élève le coût de production. C’est Carlos Tavares (ancien Directeur général délégué de l'entreprise Renault) historiquement qui a voulu l’Alpine. Et Carlos Ghosn (ancien PDG de Renault à l'époque) a donné son feu vert parce qu’il voulait remonter la gamme Renault à faire des voitures chères en pensant que ça aurait un succès énorme. Sauf que les ventes de l’Alpine ne dépasse finalement pas les frontières hexagonales. Benjamin Cuq
Monter en gamme pour Renault, une stratégie défectueuse ?
" Nous avons assisté à un virage à la fin des années 1970 et au début des années 1980. La régie Renault a voulu montrer que la classe ouvrière pouvait fabriquer du luxe. Ça a été "la république des R25". Et ça a eu beaucoup de succès car nous n'étions pas dans un marché mondialisé. On achetait français. À l'époque, le marché français était dominé par 70 à 80% d’achats français. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas."
Jean-Dominique Senard est un honnête homme et qu’il a toutes les raisons d’être inquiet. L’usine de Dieppe produit 7 voitures par jour avec 400 salariés. Le modèle économique n’est pas tenable. Et donc, vers quoi se tourner ? On évoque un avenir pour Alpine qui s’orienterait vers le modèle électrique. Ce serait sans doute une bonne idée puisque la motorisation électrique permet un dynamise et une sportivité qui se prête à ce véhicule. Benjamin Cuq
"Superfail" est un podcast original de Guillaume Erner, le producteur des Matins de France Culture : chaque lundi matin, retrouvez une histoire d'échec, de fail, décryptée avec un invité. Un programme à écouter à votre rythme, quand vous le désirez.
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