Le 12 juin 2021, en plein match de l'Euro, le footballeur danois Christian Eriksen s’effondre sur le terrain, victime d’un malaise cardiaque. Désormais hors de danger, le cas du joueur Eriksen nous interpelle sur les potentiels méfaits du sport à haute dose sur nos organismes.
- Jean-Claude Chatard Médecin du sport spécialisé en cardiologie et Maître de conférence à la faculté de médecine de Saint-Etienne
- Pascal Edouard Médecin du sport spécialisé en médecine physique et réadaptation
Un footballeur, sportif de premier plan, qui fait un malaise et immédiatement c’est toute la planète qui s’affole…. Et pas seulement la planète foot. Une occasion de se réconcilier avec le vieil adage de Churchill : « le secret de ma santé le sport : jamais de sport… ». À l’heure où l’on parle souvent d’excès de sport voire d’addiction au sport, ce que l’on appelle la bigorexie. N’y aurait-il pas un vrai danger à faire trop de sport ou bien à faire un effort trop violent ? C’est la conclusion que l’on pourrait tirer du malaise du footballeur Christian Eriksen lors du match pour l’Euro 2021 opposant le Danemark à la Finlande ce samedi 12 juin 2021. Pour savoir s’il existe un lien direct entre la pratique intensive de sport et des problèmes de santé récurrents, nous sommes allés interroger deux médecins : Jean-Claude Chatard, médecin du sport spécialisé en cardiologie et maître de conférence à la faculté de médecine de Saint-Etienne ; et Pascal Edouard, médecin du sport spécialisé en médecine physique et réadaptation et Professeur des Universités à l'université Jean Monet de Saint-Etienne.
Les maladies cardiaques révélées par l'effort physique
Dans le cas du malaise de Christian Eriksen, il est désormais avéré que le joueur de football danois a été victime d’une attaque cardiaque ce 12 juin. Il doit sa réanimation à l’intervention rapide de l'équipe médicale, présente à ses côtés quelques minute seulement après sa chute. Le massage cardiaque et l’utilisation du défibrillateur a permis d’éviter le pire, c’est ce qu’explique Jean-Claude Chatard :
Il a été choqué avec un défibrillateur. S’il est choqué par un défibrillateur c’est (...) que son cœur était en trouble du rythme ventriculaire probablement. Le choc électrique l’a « ressuscité » et lui a évité une mort subite. Jean-Claude Chatard, médecin du sport spécialisé en cardiologie
En 2003, un joueur de football camerounais, Marc-Vivien Foé, était lui décédé lors d’un match, victime de ce que l’on appelle une "mort subite". Dans le cas de ces deux sportifs de haut niveau comme dans la plupart des cas, les malaises cardiaques des sportifs sont liés à des maladies génétiques silencieuses, révélées par l’effort physique. Jean Claude Chatard identifie vingt maladies à l’origine du phénomène de la mort subite chez les sportifs :
Ces vingt maladies sont très souvent silencieuses, il y en a beaucoup qu’on peut découvrir avec un électrocardiogramme, au repos ou à l’exercice, ou quand on interroge les gens. Il y a des symptômes qui sont très importants : quand vous faites un malaise, quand vous avez une douleur thoracique, quand vous faîtes des contre-performances etc.
Le dopage et les blessures corporelles
Certaines substances prises par les sportifs pour améliorer leurs performances peuvent également être à l’origine de problèmes cardiaques majeurs. Les stéroïdes anabolisants, pris notamment par les professionnels du culturisme pour augmenter leur masse musculaire, ont par exemple des effets néfastes sur le fonctionnement du cœur. L'EPO également, particulièrement prisé par les cyclistes, peut avoir un impact sur la circulation du sang :
Quand vous prenez de l’EPO, vous allez avoir dans un premier temps beaucoup de bénéfices, parce que vous allez produire des globules rouges. Mais si vous en fabriquez trop (...), vous allez avoir l’effet inverse : vous allez coaguler.
Et qu’en est-il de l’impact sur le corps de la pratique de sport intensive ? Solliciter les muscles à outrance pour atteindre les meilleures performances possibles n’est-il pas un moyen d’abîmer définitivement nos muscles ? Pascal Edouard, médecin du sport spécialisé en médecine physique et réadaptation explique :
Notre organisme, comme la peau, se renouvelle. Les muscles, les tendons, les os se renouvellent régulièrement et en fait il y a une balance entre la dégradation du tissus et sa « re-synthèse ». Si on dégrade trop - par ces micro-traumatismes répétés liés à la pratique du sport - et bien cette balance, elle va être en défaveur du tissus. Pascal Edouard, médecin du sport spécialisé en médecine physique
Pour Pascal Edouard, il est donc nécessaire pour le sportif d’avoir une approche protectrice de son corps : c’est en trouvant un équilibre dans l’intensité et la fréquence de la pratique, que le sportif parviendra à améliorer ses performances.
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