Millenium : le forfait qui déclare forfait

Le début des années 2000 est considéré comme l'"âge d'or" des télécoms
Le début des années 2000 est considéré comme l'"âge d'or" des télécoms ©Getty - Science & Society Picture Library / Contributeur
Le début des années 2000 est considéré comme l'"âge d'or" des télécoms ©Getty - Science & Society Picture Library / Contributeur
Le début des années 2000 est considéré comme l'"âge d'or" des télécoms ©Getty - Science & Society Picture Library / Contributeur
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C'est l'histoire d'un forfait téléphonique qui fut victime de son succès. Lancé en 1999, le forfait "soir et week-end illimité" de SFR, renommé par le grand public "Millenium", devint une charge jusqu'à la fin des années 2000 pour son opérateur.

Avec
  • Jean-Dominique Seval Consultant spécialisé dans les nouvelles technologies
  • Hadrien Augusto Journaliste

Vous vous êtes déjà probablement posé la question devant un buffet à volonté : "Et si je mangeais tout ?". C'est en quelque sorte ce qui est arrivé avec le forfait Millenium, un forfait de téléphone mobile, lancé par SFR le 1er décembre 1999. Le succès a été au rendez-vous, mais tellement au rendez-vous, qu'il s'agit d'un Superfail. Parce qu'il ne s'agissait pas de sushis à volonté mais d'infrastructures réseaux de téléphonie mobile.

Un forfait qui déchire tout, et même son opérateur, c'est le Superfail de la semaine, avec Hadrien Augusto, journaliste chez Presse-Citron et Jean-Dominique Seval, directeur de Soon Consulting, spécialiste de l'économie numérique.

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Un forfait révolutionnaire au nom usurpé

Ce qu'il faut tout d'abord savoir, c'est que le forfait connu comme étant le forfait "Millenium" n'a jamais été appelé de cette manière par son opérateur. À l’origine, le vrai forfait Millenium est un forfait mis en vente par l'opérateur Bouygues Telecom. Le journaliste chez Presse Citron, Hadrien Augusto, explique : "Bouygues sort un forfait, l'un des premiers illimités. Et SFR qui voit cette offre arriver, essaie de la contrecarrer et sort un forfait qui s'appelle : 'soir et week-end illimité'. Un titre beaucoup moins attrayant et pourtant beaucoup plus intéressant dans son contenu". Et c'est ainsi que le grand public renomma ce forfait, le forfait "Millenium".

Lancé le 1er décembre 1999, ce forfait propose à ses abonnés de téléphoner gratuitement le soir et le week-end pour un prix de 240 francs par mois, un prix au-dessus de la moyenne des forfaits de l'époque. Mais malgré ce coût important, la possibilité de détenir à l'époque un forfait dit "illimité" et "à vie" suscite un engouement spectaculaire : 400 000 personnes souscrivent à l'abonnement entre le 1er décembre 1999 et le 16 janvier 2000, date à laquelle l'offre est retirée du marché précipitamment par l'opérateur.

Des mauvais clients et une mention problématique

Si l'opération avait tout pour être un succès, SFR est rapidement confronté à un problème de taille : de nombreux clients se mettent à abuser des appels sur les plages horaires gratuites. Hadrien Augusto revient sur ce phénomène : "Beaucoup de clients passent des heures et des heures au téléphone, parfois toute la nuit. Ils viennent saturer les lignes de l'opérateur, en plus de faire perdre de l'argent à SFR."

Et c'est ainsi que débute une période difficile pour l'opérateur SFR : de 2000 à 2008, SFR multiplie les initiatives pour faire abandonner ce forfait à ses clients, proposant d'autres offres à un prix plus bas ou facturant largement les secondes et les minutes hors forfait. Mais c'était sans compter la mention de "forfait à vie", qui rendait ces tentatives vaines : "Un forfait à vie signifiait que SFR s'était engagé auprès de ses clients." rappelle Hadrien Augusto. Il faudra attendre 2008 et l'apparition d'offres plus alléchantes sur le marché, pour que les clients se détournent du forfait Millenium. Jean Dominique Seval, directeur de Soon Consulting revient sur l'évolution du secteur des Télécoms depuis cette époque : "Depuis cette guerre observée en 1999-2000, on observe que ce sont quand même les clients qui ont été bien servis par cette concurrence, au détriment parfois des investissements des opérateurs."

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