Notre-Dame de Paris en feu : une cathédrale de catastrophe

La cathédrale Notre-Dame de Paris en proie aux flammes le 15 avril 2019 : la cause de l'incendie n'a pas encore été identifiée, mais la piste criminelle est écartée
La cathédrale Notre-Dame de Paris en proie aux flammes le 15 avril 2019 : la cause de l'incendie n'a pas encore été identifiée, mais la piste criminelle est écartée ©Getty - Alexander Perrien
La cathédrale Notre-Dame de Paris en proie aux flammes le 15 avril 2019 : la cause de l'incendie n'a pas encore été identifiée, mais la piste criminelle est écartée ©Getty - Alexander Perrien
La cathédrale Notre-Dame de Paris en proie aux flammes le 15 avril 2019 : la cause de l'incendie n'a pas encore été identifiée, mais la piste criminelle est écartée ©Getty - Alexander Perrien
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Superfail s’intéresse cette semaine à un évènement qui a provoqué une vague d'émotion à l'échelle mondiale : l’incendie de Notre-Dame de Paris. Aujourd’hui, alors que le bâtiment est en pleine reconstruction, une question persiste : pourquoi la cathédrale a-t-elle brûlé ce lundi 15 avril 2019 ?

Avec

Pour comprendre comment ce bâtiment qui n’avait pas brûlé depuis près de 200 ans, s'est retrouvé en proie aux flammes ce jour-là, nous sommes allés interroger Laurent Valdiguié, grand reporter en charge de l'investigation au journal Marianne. Il est l’auteur de l’ouvrage Le brasier des vanités (Impacts Éditions, mars 2020). 

Notre-Dame : une prouesse architecturale mise en danger par des décisions récentes 

Si la cathédrale Notre-Dame n’avait pas brûlé depuis plusieurs siècles, c’est qu’elle avait été conçue au Moyen Âge dans l’éventualité du feu. L’architecte en charge de sa construction, dont on ignore aujourd’hui l’identité, avait en effet pris un certain nombre d’ « options techniques », en prévision d’un éventuel incendie. Laurent Valdiguié explique : 

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Il avait imaginé que sa toiture brûle, et il avait fait en sorte que la toiture ne rentre pas dans les deux beffrois, qu’elle soit isolée. Il y a un espace à Notre-Dame entre la toiture et les deux fameux beffrois, les deux tours. (…).  

Mais le bâtiment n'a pas été conçu dans l'éventualité des mauvaises décisions prises au 21ème siècle. D’une part, il a été décidé au début des années 2010 d’électrifier la charpente, ce qui apparaît contraire à toutes les règles de sécurité. D’autre part le système d’alarme incendie choisi pour protéger le bâtiment s'avère singulièrement complexe, ce qui a entraîné un retard décisif dans l'alerte donnée aux pompiers le jour du drame. 

Les causes possibles d’un tel incendie 

Le procureur de Paris après plusieurs mois d’enquête de la brigade criminelle envisage deux causes accidentelles possibles : il s’agirait soit du mégot d’un ouvrier mal éteint, soit d’un court-circuit électrique. 

La piste du court-circuit électrique est aujourd'hui très sérieusement envisagée car les cloches de Notre-Dame avaient été électrifiées, à rebours de toutes les mesures de précaution exigées par la fragilité d’un tel bâtiment. En effet, au début des années 2010, l’évêché avait demandé l'autorisation à la DRAC d'électrifier les cloches de la cathédrale, et l'autorisation lui a été accordée provisoirement. Or cette électrification est extrêmement dangereuse : 

Il avait été décidé d’électrifier les fameuses cloches de la flèche. Contraire à toutes les règles : pas d’électricité dans ces vieilles charpentes. Plein d’autres cathédrales ont fait le choix de surtout ne pas mettre le moindre appareillage électrique, c’est trop dangereux. 

Un sauvetage interrompu, un bâtiment sauvé par un architecte inconnu

Alors que les pompiers enregistrent déjà un retard important sur la progression de l’incendie, en arrivant sur place près de 45 minutes après le déclenchement de l’alerte, l’ordre d’évacuation qui intervient une heure après le début du sauvetage ne fait qu’aggraver la situation. 

En effet, à 20 heures, la flèche de la cathédrale s’effondre, provoquant une secousse considérable dans le bâtiment. Le responsable des pompiers ordonne alors à ses hommes d’évacuer le site, laissant la cathédrale en proie aux flammes pendant une heure. Mais grâce aux options techniques imaginées par le premier architecte de Notre-Dame, l’incendie n’a pas pu se propager dans les tours, ce qui a permis d'éviter un second drame : 

Et c’est cet architecte du Moyen Âge, il y a 800 ans - on ne connaît pas son nom, c’est un inconnu - c’est lui qui a permis au feu, de marquer une pause d’une heure qui correspond ce 15 avril à l’heure pendant laquelle les pompiers, un peu déboussolés, un peu sous l’effet de la peur, sont descendus.

Le reste de cette aventure incroyable est à retrouver dans le livre de Laurent Valdiguié, Le brasier des vanités

Extraits sonores : Lecture d'Isabelle Carré devant la cathédrale, avril 2019 https://www.youtube.com/watch?v=KOAf8K86f6Q&feature=emb_title