Pour accroître leur vitesse, de nombreux skieurs utilisent un produit méconnu des néophytes : le fart au fluor. Or les composants perfluorés présentent un double danger : lorsqu'ils sont chauffés et inhalés, ils intoxiquent les usagers et présents sous les skis, ils dégradent l'environnement.
- Thibaut Schepman Journaliste spécialisé en écologie
Si je vous dis ça farte ? Ça peut évoquer chez vous une infinité de choses agréables, en majorité : le ski. Oui mais voilà, le fart au fluor est probablement très mauvais et pas que pour les dents. Pour nous en parler, nous recevons Thibaut Schepman, il est le co-auteur d'une enquête parue dans l'Equipe Explore, intitulée Peur sur la glisse.
Le fart au fluor : un produit répandu dans la communauté des skieurs
Le produit prend la forme d'un corps gras, que les skieurs appliquent sous les skis pour réduire l'adhérence à la neige. Si jusqu'aux années 60 des farts naturels étaient préconisés (à base de cire d'abeille notamment), à partir des années 80, la communauté des skieurs découvre un produit bien plus efficace : le fart au fluor. Le fluor, diminutif de composants perfluorés - aussi connus sous le sigle PFAS - a en effet la caractéristique de repousser très efficacement l'eau. Mais ces composants, lorsqu'ils sont chauffés dans le cadre du fartage du ski, entraînent des risques non négligeables pour les skieurs.
Le premier problème c'est qu'aucun organisme vivant n'est capable de les dégrader. Donc quand on les inhale, quand on les respire, quand on les absorbe, notre corps les accumule et on ne peut pas s'en débarrasser. Le deuxième c'est que ce sont des produits qui sont très toxiques (...) : les maladies qui sont induites par la contamination par le PFAS sont très nombreuses. Thibaut Schepman, journaliste
Or l'usage du fart au fluor s'est généralisé dans la communauté du ski professionnel, et la majeure partie des équipes nationales utilisent ce type de produit.
Il y a une espèce d'addiction. Le fart au fluor apporte des choses, des sensations et une vitesse qu'on ne peut pas trouver sans lui. Ça a pu créer une forme de dépendance, notamment dans le ski professionnel, parce que si les pros voulaient être compétitifs (...) c'était indispensable d'utiliser ces farts au fluor.
Les dangers du fart au fluor
Pour réduire les risques de contaminations de 90% lors d'un fartage au fluor, les préconisations en matière de sécurité sont lourdes :
Un niveau d'équipement qui est le même que dans une usine chimique. On va équiper le professionnel qui farte avec un masque à gaz, ce masque est équipé d'une ventilation ou d'un filtre. On ventile la pièce avec une hotte aspirante, on porte des gants, des lunettes. Thibaut Schepman, journaliste
Or les usagers du fart au fluor sont la plupart du temps des employés de magasin de ski ou des particuliers qui l'appliquent à leur domicile, sans protection et dans des lieux peu aérés.
A l'origine de la production des molécules présentes dans le fart au fluor, l'on retrouve des multinationales, qui selon plusieurs enquêtes du New-York Times, sont conscientes de la dangerosité de leurs produits depuis plusieurs années. Quant aux marques qui ont commercialisé les farts, leur responsabilité continue à être questionnée :
La marque la plus connue de fart, c'est la marque Swix. Elle estime aujourd'hui qu'elle a toujours recommandé aux utilisateurs de porter des masques (...). En vérité quand on retrouve les étiquettes dans les années 90, les avertissements n'étaient pas très clairs, pas très sérieux. Thibaut Schepman, journaliste
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