YelloPark pour le FC Nantes : stade final de l'erreur

Le stade de la Beaujoire a été construit en 1984
Le stade de la Beaujoire a été construit en 1984 ©AFP - SEBASTIEN SALOM-GOMIS
Le stade de la Beaujoire a été construit en 1984 ©AFP - SEBASTIEN SALOM-GOMIS
Le stade de la Beaujoire a été construit en 1984 ©AFP - SEBASTIEN SALOM-GOMIS
Publicité

C'est l'histoire d'un ambitieux projet d'aménagement urbain : la ville de Nantes devait se doter d'un stade flambant neuf pour accueillir des compétitions internationales. Mais la préexistence du stade de la Beaujoire, et la contestation des riverains et des supporters vont faire échouer ce projet.

Avec
  • Laurent Devisme Enseignant-chercheur, professeur à l’ENSA Nantes et docteur en Aménagement-Urbanisme

Les superfails en matière d’architecture sont toujours spectaculaires parce que les ratages dans ce domaine laissent des traces, beaucoup de traces. Surtout lorsqu’il s’agit de s’attaquer à un monument aussi populaire que le stade de Nantes, le stade de la Beaujoire, un monument que l’on se propose de remplacer par un monument encore plus mégalo : un plus grand stade avec toute une série d’infrastructures. C'est cette histoire étonnante que nous allons vous raconter cette semaine. 

Pour revenir sur la genèse de cet échec, nous nous sommes tournés vers Laurent Devisme, professeur à l’ENSA Nantes et docteur en Aménagement-Urbanisme. 

Publicité

Le projet YelloPark : un projet ambitieux d'aménagement urbain 

A l'initiative de ce projet, il y a un homme : Waldemar Kita, propriétaire du club de football de Nantes, qui rêve depuis sa prise de poste en 2007 d'un stade pouvant accueillir des compétitions internationales. En 2017, lors d'une conférence de presse, Waldemar Kita annonce le lancement de ce projet d'aménagement urbain, financé uniquement par le privé mais encadré par la métropole de Nantes et sa présidente Johanna Rolland. 

C'est un nouveau stade prévu mais c'est aussi deux mille logements au départ. La société qui est à l'initiative de ce projet associe pour moitié le football club de Nantes et puis pour l'autre moitié, un promoteur immobilier, qui s'appelle Réalité Promotion qui s'engage dans un véritable quartier de ville. La particularité c'est que c'est un financement 100% privé. Laurent Devisme, professeur à l’ENSA Nantes

La ville de Nantes s'engage ainsi à vendre un espace urbain à la société YelloPark pour créer ce nouveau stade et ces logements. Mais premier obstacle à la réussite de ce projet ambitieux, la relation sulfureuse entre Waldemar Kita et certains supporters du club de Nantes : 

Waldemar Kita n'est pas forcément connu pour la co-production de ses affaires, à l'inverse de Johanna Rolland, qui est élue en 2014 et met beaucoup la co-production en avant. Et ça c'est peut-être un point qu'il faut garder en tête, parce que quand en 2017 le projet sort, cela annonce pour beaucoup un changement de régime de production de la ville. Laurent Devisme, professeur à l’ENSA Nantes

L'abandon du projet : l'intervention des associations de supporters et des riverains 

Dès le lancement du projet, des associations de riverains et de supporters soulignent l'incongruité de ce projet de création de stade alors que le stade de la Beaujoire pourrait être  réhabilité. Face à cette contestation, la municipalité décide alors de conserver le stade de la Beaujoire, aboutissant à une situation pour le moins étonnante : 

On se retrouve avec deux stades côte à côte. L'un qui est un stade public dont il faudrait retrouver un usage (...) et à côté à quelques encablures, le nouveau stade privé du football club de Nantes. Laurent Devisme, professeur à l’ENSA Nantes

Devant cette situation absurde, les partisans du projet de Yellopark sont de moins en moins nombreux et la municipalité cherche à sortir du projet sans éroder son image. Cette porte de sortie, l'équipe municipale va la trouver du côté des affaires financières de Waldemar Kita : 

C'est un nom qui était apparu dans les panama papers auparavant. Peu de temps avant la délibération du conseil communautaire qui devait entériner la vente, la maire de Nantes décide que dans un tel contexte, la vente d'une telle assise financière à un acteur qui est dans cette tourmente n'est pas raisonnable. Laurent Devisme, professeur à l’ENSA Nantes

Pour en savoir plus sur la déréalisation des projets architecturaux, consultez le dossier thématique dirigé par Laurent Devisme : https://journals.openedition.org/craup/4487