Un documentaire de Sylvestre Naour et Christine Robert
Prise de son : Laurent Machietti

« Une esquisse au couteau, un petit visage de la taille d'une main, un trait posé sur l'écorce de ce hêtre il y a une trentaine d'années. La tête a gonflé, le petit génie s'est transformé en totem, une mousse légère lui dessine une chevelure que je caresse à chacun de mes passages. Je ne lui parlerai plus, ils l'ont abattu, tronçonné, mon beau totem se consume dans un âtre quelconque. Un arbre réduit au silence, il tenait dans sa sève, ce qu'on n'entend plus, ces vies en bobine filées du village, ces chants et ces larmes qui ont nourri l'écriture des haies et des chemins que l'on lit sur la page blanche des paysages.
Comment retrouver ces voix, tendres à nouveau ces tissus de l'enfance ?
Simone raconte volontiers, comment elle me portait sur son sein, lors des fugues du dimanche après midi, seul congé dans les tâches de la ferme. J'avais un an. Simone me donnera aussi une sœur de lait, conçue dans une grange par le voisin. Très fier d'avoir engrossé deux femmes, il se marie avec Séraphine qui avait quelques biens. Simone doit cacher sa grossesse à sa mère, accouche chez son oncle d'un beau bébé blond, Liliane. Enfant de la honte, traitée de bâtarde par ses "amies" au collège, Liliane parvient à survivre, se construit une existence à Paris. Je tenais à lui rendre sa vérité, les arbres abattus de ma mémoire ne me lâcheront pas.
Joseph, 63 ans roule sa bosse en Europe au volant d'un trente huit tonnes. Il a toujours fait face à sa destinée, enfant naturel, quatrième fils de Jeannette, petite bonne trop gentille pour dire non aux goujats qui lui donneront six enfants. Il raconte comment le grand frère leur apprenait la survie, les collets pour les lièvres, la truite chopée à la main dans le ruisseau du bas. On fera d'une dame patronnesse sa marraine, baptisé comme tous les petits bâtards après les vêpres, à la tombée du jour, sans les cloches …
Impensable pour une fille mère de ne pas baptiser son enfant, son âme risquerait de traîner à jamais dans les limbes.* Annick le Douguet* , a consacré sa thèse baptisée "Violence au village" à tous ces déchirements, insistant sur le rôle de l'église..
Pour ce documentaire nous avons retrouvé ici en Basse Cornouaille quelques uns de ces " enfants du crépuscule", Sylvestre Naour
Avec les témoignages de : Joseph, Liliane, Simone, Jeanine
Annick Le Douguet, ethnologue
L'équipe
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