Chroniques pour les temps à venir

Frédéric Boyer
Frédéric Boyer ©Radio France - .
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REDIFFUSION

Je pense à ce livre de Philip Roth intitulé Patrimoine, un récit qui proclame l'infinie complexité et la permanence de la vie, la nécessité de se souvenir, de ne rien oublier, car écrit-il :

« être vivant, c'est être fait de mémoire. Si un homme n'est pas fait de mémoire, il n'est fait de rien ».

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Et je me suis demandé alors : qui se souviendra ? Non pas qui se souviendra de ce moment de bouleversement planétaire où l’humanité redécouvrit sa fragilité, sa petitesse et sa non-toute-puissance, sa vulnérabilité. 

Mais qui se souviendra comment le monde avait été avant ? Comment il fut pendant ? Et ce qu’il devint après ? 

Bien sûr il y aura les historiens, des romans et aussi des poèmes, beaucoup de livres et beaucoup de films, peut-être des peintures et des sculptures. 

Mais il y aura aussi le témoignage de ceux qui, semaine après semaine, au fil du temps et sur l’écume des jours, avant, pendant et après, auront écrit sur l’état du monde et des hommes, nous parlant de leurs émotions, de leurs peurs, de leurs tristesses, de leurs engagements, de leur solitude, de l’obscurité mais aussi de la lumière et de la confiance et de l’espoir aussi. 

Précieuses « chroniques », ce mot si plein du temps et de l’attention au temps, au temps qui passe, au temps qu’il fait, aux temps que nous vivons, que nous traversons et surtout qui nous traversent.

Ce temps de bouleversement vint parfois s’ajouter à d’autres malheurs, s’est conjugué à d’autres douleurs, rendant encore plus aigu le questionnement sur la vie et la mort. 

Alors certains ont pris leur plume pour écrire sur le tragique de la vie et transmuer en mots les larmes de leur âme. 

Mais d’autres aussi ont pris leur plume, « non pour s’accrocher au chagrin mais pour découvrir ce qu’il découvre en eux. Cette terra incognita de chacun d’entre nous, celle de notre infinie faiblesse et tendresse. Là où le cœur attend. Où enfin quelqu’un apparaît de loin pour venir à vos côtés ».  

Cette dernière phrase je l’emprunte à l’avant-propos du dernier livre de Frédéric Boyer intitulé Sous l’éclat des flèches qui vient de sortir aux éditions Bayard. 

Un livre magnifique, qui dans une écriture d’une très grande beauté, allie la poésie à la méditation philosophique et au souffle biblique des prophètes, un ensemble de chroniques s’étalant sur trois ans, qui offrent non seulement un souvenir de ce qui fut mais de ce que nous avons à être : une invitation à se souvenir que nous devons continuer à vivre !

L'invité

Frédéric Boyer est écrivain, traducteur et éditeur, Ancien élève de  l’École normale supérieure. 

Auteur d’une trentaine de livres depuis  1991, tous publiés aux éditions P.O.L. Prix du Livre inter en 1993 pour  son roman Des choses idiotes et douces, et prix Jules Janin de  l’Académie française pour sa nouvelle traduction des Confessions de  saint Augustin (Les Aveux, P.O.L 2008). 

Il a dirigé chez Bayard le  chantier de la Nouvelle Traduction de la Bible, avec de nombreux  écrivains contemporains (Olivier Cadiot, Jean Echenoz, Florence Delay,  Emmanuel Carrère...) 

Il dirige les éditions P.O.L. 

Son œuvre associe l’écriture personnelle  ainsi que la relecture et la traduction de grands textes anciens.

L'archive musicale

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Le livre de l'invité

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Présentation de l'éditeur

« Je suis reconnaissant d'être encore en vie et en même temps terrifié  de l'être toujours. Mais je n'ai pas d'idée exacte envers qui ou quoi je  devrais être reconnaissant d'être toujours là. 

Redevable de qui ou  quoi. C'est bien une question que je me serai toujours posée. Quelle  serait la dette à payer. 

Cette question m'a frappé, percé comme une  flèche invisible, après la mort accidentelle, tragique, en juillet 2017,  de la femme que j'aimais, et celle, tout autant terrible et inattendue,  quelques mois plus tard à peine, en janvier 2018, de mon éditeur et  ami, Paul Otchakovsky-Laurens.

Les blessures sont toujours là, sous le  soleil de la vie. Les flèches vibrent. Leur éclat m'aveugle encore. » Frédéric Boyer, depuis deux ans, écrit des chroniques dans le quotidien  La Croix, puis dans l'hebdomadaire La Croix-L'hebdo où il raconte, à  partir de sa vie personnelle, son rapport au monde.

Il les publie à  présent, revues et augmentées. Et leur force littéraire, spirituelle et  politique est éclatante.

L'équipe