Des livres pour notre temps et les mondes à venir 2/2 Invocations

Patricia Farazzi et Rapahaël Valensi
Patricia Farazzi et Rapahaël Valensi ©Radio France - DR
Patricia Farazzi et Rapahaël Valensi ©Radio France - DR
Patricia Farazzi et Rapahaël Valensi ©Radio France - DR
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La vitesse est l’une des choses qui caractérisent peut-être le plus le monde de la technique. Nous nous déplaçons de plus en plus vite, et, grâce à des outils audio-visuels très sophistiqués, nous échangeons et sommes informés en temps réel, devenant presque les témoins de chaque événement ! 

C’est une banalité de le souligner, ce qui n’est pas cependant une raison suffisante pour ne pas y réfléchir!

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Dans Le livre de l’image, livre de la Cabale que nous avons évoqué la semaine dernière, l’auteur nous expliquait que « qu’aux jours de la rédemption, le temps de l’histoire se métamorphosera, le soleil ralentira sa course, la rotation des étoiles et des sphères ralentira également, les durées deviendront septuples, un jour sera long comme une semaine, une semaine comme sept, et ainsi de suite. » 

Je ne sais si ce temps arrivera, mais peut-être que ce veut dire cet auteur, est que l’on peut se donner à soi-même les conditions de la rédemption en acceptant de ralentir le temps de notre vie, façonnée par la folle allure !

Comme dit Nietzsche dans sa préface d’Aurore il s’agit de découvrir l’art du lento qui consiste à se tenir à l’écart, de prendre son temps, de devenir silencieux, devenir lent, —de sortir de la hâte, de la précipitation indécente et suante, qui veut tout de suite « en avoir fini » avec tout ! »

Nous sommes souvent gagnés par cette impatience dont Kafka disait qu’elle est l’un des deux péchés capitaux d'où tous les autres dérivent : l’autre étant la paresse. 

« Ils ont été chassés du Paradis à cause de leur impatience. Ils n'y rentrent pas à cause de leur paresse.  Mais peut-être n'y a-t-il qu'un péché capital : l'impatience. Ils ont été chassés à cause de leur impatience, à cause de leur impatience ils ne rentrent pas. »

Et si Kafka a su mettre des mots sur ce mal contemporain, il en proposa aussi le remède : le livre et l’écriture. Opposer à la vitesse du monde la lenteur de l’écriture, du mouvement de la plume sur la page et du temps de la pensée dans un esprit en quête d’éternité.  

C’est peut-être cela la littérature !

Un monde de « lettres » où ce mot signifie aussi les lettres que l’on écrit, que l’on envoie et que l’on reçoit : Correspondance ! Expérience rare par les temps qui courent et sur laquelle il importe donc, peut-être que nous nous arrêtions ! 

L'invitée

Patricia Farazzi a publié plusieurs récits aux Éditions de l’éclat dont Le Voyage d’Héraclite (1986), La vie obscure (1999) à partir du personnage de Carlo Michelstaedter et en 2013, D’un noir illimité.  Elle co-dirige la collection « philosophie imaginaire » dans laquelle  elle a traduit la plupart des livres de Giorgio Colli. Elle a obtenu à  deux reprises le prix de la traduction du Ministère italien des Affaires  étrangères. Elle vient de publier L'animal d'expérience et Bandes passantes avec Raphaël Valensi, parus aux éditions de l'éclat.

Transitions sonores

L'extrait passé dans l'émission est tiré du film Fievel et le nouveau monde, un long-métrage d'animation de Don Bluth.

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Les livres de l'invitée

Bandes passantes, un livre de Patricia Farazzi et Raphaël Valensi aux Editions de l'éclat 

Bandes passantes
Bandes passantes
© Radio France - Editions de l'éclat

Présentation de l'éditeur

"À travers les échanges de lettres électroniques entre une mère et son  fils, deux écritures et deux générations se répondent comme en un  cadavre exquis.

Les lettres parlent de l’éloignement réel et de la  proximité fictive, des images démultipliées qui se substituent à la  réalité des choses, ou des amitiés comptabilisées qui constituent le spectacle de notre société,  concentré ­désormais dans un écran 5 pouces. 

Comme les bandes passantes  d’une transmission électronique dont la qualité dépend du bruit  qui les perturbe ou les enrichit, les lettres évoquent le monde  alentour et les aspirations et souvenirs intimes ou littéraires d’un  monde ancien qu’a balayé le nouvel ordre électronique mondial"

Les auteurs

Après huit années passées à Shanghai où il était DJ, Raphaël Valensi  (1981) vit désormais à Montréal où la fraîcheur de l’air a soulagé sa  fièvre du samedi soir. Il se produit sur scène ou coproduit des vinyles  pour différents labels (Skylax ou Bedouin Records...) sous différentes  identités (Nahash, Laura Ingalls, Mellah...). 

Patricia Farazzi (1952) ne  vit pas à Montréal et est l’auteur de plusieurs livres à L’éclat dont  le plus récent, « Un animal d’expérience », est peuplé de souris  ­kafkaïennes.

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Un animal d'expérience

Un livre de Patricia Farazzi aux Editions de l'éclat

Patricia Farazzi
Patricia Farazzi
© Radio France - DR

Présentation de l'éditeur

Joséphine, cantatrice du peuple des souris, est sans doute la figure la  plus énigmatique et extraordinaire du bestiaire de Franz Kafka. 

La  parabole de son chant imperceptible dirait-elle à sa manière la  souffrance infinie de l’animal soumis à son tour à l’inquiétante  métamorphose des expériences de l’homme ?

On réécoutera

Des livres pour notre temps et les mondes à venir. 1/2 Gershom Scholem : penser dans les marges de la marge. Avec Michel Valensi