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La voix si mémorable de Shlomo Carlebach est toujours une source de grande émotion. Il interprète ici la prière du Quiddouch du vendredi soir dans l’une de ses compositions devenues aujourd’hui un classique de la liturgie juive.
Cette prière, que l’on lit à la synagogue et lors du repas du vendredi soir, met en exergue un leitmotiv de la liturgie et de la pensée juive en général, à savoir le souvenir de la sortie d’Égypte : zékhèr litsiat mitsraïm.
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Sortie d’Égypte qui est si importante qu’elle constitue en quelque sorte la carte d’identité de Dieu, si l’on peut dire, puisque celui-ci se présente dans le premier verset des dix paroles appelés aussi les dix commandements comme « je suis l’éternel ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage.
Souvenir de la sortie d’Égypte répétée aussi deux fois par jour, matin et soir, dans la prière fondamentale du judaïsme, le chema’ israël, et qui est aussi le cœur même de la fête de Pessah, la pâque juive et en particulier de la soirée pascale, appelé le seder de Pessah que nous avons fêté il y a maintenant un peu plus d’un mois.
Mais ce souvenir s’articule avec un autre, tout aussi fondamental, celui de la traversée du désert qui fit suite à cette sortie, traversée du désert qui fut aussi une errance, accompagnée d’un ensemble d’épreuves, la faim, la soif, la chaleur, les ennemis, les serpents mortels, les révoltes, les conflits pour le pouvoir, la mort de toute une génération, le fait de se constituer en peuple soumis à une nouvelles lois et de nouvelles institutions, les doutes et le désespoir, malgré la promesse d’une terre où coule le lait et le miel.
Pourquoi ces deux souvenirs cohabitent-ils dans le texte biblique ?
Pourquoi le souvenir de la libération et de la joie qui l’accompagne est immédiatement suivi du souvenir des souffrances et de deuil qui paraissent devoir annihiler les premiers ou qui du moins en fragilisent leur élan ?
Et si toute mémoire humaine était le lieu de cette contradiction fondamentale ? Le lieu de ce fragile équilibre au risque permanent d’un déséquilibre qui rend les mémoires vulnérables ? Et n’est-ce pas ce que Rabbi Yehochoua ben Hanania, cité par Yerushalmi, enseignait après la destruction du Temple :
« Ne pas du tout porter le deuil, nous ne le pouvons, … mais trop le porter, nous ne le pouvons pas non plus ! »
Comment penser cette articulation entre ces deux mémoires ? Entre la mémoire de la joie et celle de la souffrance ? Et de manière plus fondamentale entre le bien et le mal qui s’affrontent au cœur même de nos existences, collective et individuelle ?
Et si, il fallait pour penser ces articulations complexes, introduire des concepts médians, comme ceux de rites, de réparations et de pardon ?
L'invitée
Catherine Chalier est professeure émérite de philosophie de l'université Paris Ouest Nanterre La Défense.
Son œuvre, d’orientation particulièrement éthique, interroge à la fois la philosophie qu’elle tisse avec les sources juives, de la Bible aux œuvres des penseurs du XXe siècles, comme Lévinas bien sûr mais aussi Rosenzweig, Buber, Rav Kalonymos Shapiro, Abraham Heschel, Leibowitz et le Rav Kook, avec une attention particulière au Talmud, au Midrach, et au hassidisme.
Spécialiste de la pensée d’Emmanuel Lévinas, elle a édité avec Rodolphe Calin deux volumes de l'édition critique à l'IMEC. Elle est aussi traductrice de l’hébreu.
Auteure de plus d’une vingtaine d’ouvrages, Catherine Chalier vient de faire _Mémoire et pardon_aux éditions François Bourin.
Transition sonore
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Le livre de l'invitée
Catherine Chalier, Mémoire et pardon, éditions François Bourin, 2018.
Présentation de l'éditeur
Par quel passé sommes-nous habités, voire hantés ?
Pouvons-nous nous en détacher, l'oublier, tourner la page, ou sommes-nous voués à raviver sans cesse le souvenir des souffrances ? N'y aurait-il pas une autre voie possible, celle d'une conscience de ce qui est advenu permettant de résister de façon créative au mal ? Le pardon suffirait-il ? Mais à quelle condition ? Une « réparation » des traumatismes n'est-elle pas nécessaire ?
C'est à ces questions qui surgissent, encore aujourd'hui, du tragique de nos histoires personnelles et collectives, que se confronte Catherine Chalier, à partir des textes bibliques et de la tradition juive de leur interprétation, mais aussi en interrogeant quelques grandes figures de la philosophie contemporaine : Levinas, Ricoeur, Derrida, Jankélévitch. Pour esquisser un chemin de libération…"
L'équipe
- Production
- Réalisation