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« La question du sort de l'espèce humaine me semble se poser ainsi : le progrès de la civilisation saura-t-il, et dans quelle mesure, dominer les perturbations apportées à la vie en commun par les pulsions humaines d'agression et d'autodestruction ? À ce point de vue, l'époque actuelle mérite peut-être une attention toute particulière.
Les hommes d'aujourd'hui ont poussé si loin la maîtrise des forces de la nature qu'avec leur aide il leur est devenu facile de s'exterminer mutuellement jusqu'au dernier.
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Ils le savent bien, et c'est ce qui explique une bonne part de leur agitation présente, de leur malheur et de leur angoisse. Et maintenant, il y a lieu d'attendre que l'autre des deux « puissances célestes », l'Éros éternel, tente un effort afin de s'affirmer dans la lutte qu'il mène contre son adversaire non moins immortel. »
Ces dernières lignes du livre de Freud intitulé Malaise dans la civilisation ont gardé toute leur actualité. Le combat entre éros et thanatos, entre l’« amour » et la « mort », entre la « pulsion de vie » et la « pulsion de destruction », est chaque jour renouvelé, ainsi que la question des sources de la violence et des chemins qui permettraient de l’endiguer, voire de la surmonter.

Mais pour cela il faut faire le bon diagnostic.
Sur cette question de la violence, et de ce qui est à la base de toute société, Freud avait proposé en son temps quelques hypothèses fortes qui sont devenues le socle de sa pensée et ont fondé la théorie et la pratique psychanalytique pour lui-même et les générations de psychanalystes qui le suivirent.
Mais ces hypothèses sont-elles encore valides théoriquement et efficientes dans la pratique ? La question mérite d’être posée ! Et dans tous les cas, on peut se demander, si, aujourd’hui il n'y aurait pas une place pour de nouvelles hypothèses ?
L'invité
Gérard Haddad, né en 1940, est psychiatre et psychanalyste. Il a publié de nombreux ouvrages dont Manger le livre, Le jour où Lacan m'a adopté et Dans la main droite de Dieu chez Grasset, et, chez Salvator, Tu sanctifieras le jour du repos et Le silence des prophètes.
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Le livre de l'invité

Présentation de l'éditeur
Gérard Haddad, A l’origine de la violence, D’Œdipe à Caïn, une erreur de Freud ? Éditions Salvator
Et si Freud s'était trompé ? En faisant du meurtre du Père, dans son essai Totem et tabou, l'acte fondateur des civilisations, n'est-il pas passé à côté d'un fait majeur ?
Pour Gérard Haddad, qui développe ici les intuitions de ses recherches précédentes, c'est bien la haine fratricide, le « complexe de Caïn » qui explique l'origine de la violence, plutôt que le seul complexe d'OEdipe.
Frappé par la dimension fraternelle présente chez les auteurs des actes terroristes et les conflits entre les trois religions monothéistes, Gérard Haddad invite à replonger aux sources des mythes et des grands récits bibliques pour mieux questionner en profondeur la pensée psychanalytique.
Avec au passage cette interpellation vigoureuse lancée à nos sociétés : ne sont-elles pas malades aujourd'hui d'avoir tant mis en avant le thème de la « mort du Père », néfaste pour l'éducation et la transmission d'un esprit de fraternité ?
L'équipe
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