

1/2 Le monde d’un enfant du siècle et de la rue des Rosiers.
- Anne Hélène Hoog conservatrice du Musée de la bande dessinée d’Angoulême
Angoulême 18 Février 2018
Il fait froid ce matin quand elle arrive à la gare.
Elle est heureuse que le Festival soit derrière elle ! Ce fut exaltant mais c’est toujours un événement qui requiert une présence de chaque instant. Les « Fauves » ont été bien attribués, les jurys on fait un travail formidable et les lauréats et tous les participants sont repartis avec de nouvelles et bonnes énergies.
Avant d’entrer dans le hall de la gare elle reste un instant sur le parvis et regarde avec un sourire, à la fois émue et amusée, la sculpture qui donne à ce lieu un rayon de soleil permanent. Un obélisque en pierre de Bourgogne de 4,5 mètres de haut et pesant sept tonnes où sont gravées les plus célèbres répliques et onomatopées du petit Nicolas, de Lucky Luke, de Is no Goud et bien sûr d’Astérix. [Une œuvre de l’entreprise Lapelerie.]
Ils sont fous ces romains ! Par Belenos ! Quand est-ce qu’on mange ? Par Toutatis ! Non tu ne chanteras pas ! Par Cernunnos ! Je veux être calife à la place du calife ! Par Visniu ! Vous verrez du pays qui disaient !
Cela la fait toujours rire ! Elle parcourt quelques citations et c’est tout le 9e art qui pétille comme un verre de bon champagne. Un peu tôt pour des bulles se dit -elle !
Elle entre dans la gare. Le train pour Paris va partir dans quelques instants. Elle pense à ce train qu’elle connaît bien, celui qui traverse le Far-West des Daltons, des blanchisseurs chinois et de ce pauvre Cow-boy solitaire qui tire plus vite que son ombre ! Prise dans sa rêverie, elle sent l’odeur du charbon et voit un panache de fumée blanche qui s’échappe de la locomotive.
Dans quelques heures elle sera à la gare Montparnasse, puis à la maison de la Radio puis en Studio pour enregistrer une émission justement consacrée à Goscinny et à l’exposition qui se tient au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme intitulé René Goscinny, Au-delà du rire !
L’obélisque du parvis de la gare la rassure. C’est comme si Goscinny l’accompagnait en personne. C’est comme si Goscinny l’avait toujours accompagné, comme sa bonne étoile.
Elle, c’est la nouvelle Directrice du Musée de la Bande dessinée d’Angoulême.
Elle, c’est aussi la commissaire de l’exposition que je viens d’évoquer qui se tient jusqu’au 4 mars au Mahj, Musée d’Art et d’Histoire et du Judaïsme, dans lequel elle a officié comme conservatrice avant de prendre ces nouvelles fonctions à Angoulême.

L'invitée
"Depuis 1998, Anne-Hélène Hoog occupait le poste d’historienne-documentaliste, puis de conservatrice, au MahJ de Paris où elle était en charge des archives, des collections ainsi que des expositions. Au cours de ses vingt années au sein de cette institution, elle a permis la création d’un fonds bande dessinée et a été le commissaire de plusieurs expositions majeures consacrées à ce genre artistique, telles que De Superman au Chat du Rabbin en 2007-2008, Les mondes de Gotlib en 2014 ou plus récemment René Goscinny- Au-delà du rire, inaugurée fin septembre et qui se poursuit jusqu'au 4 mars prochain.

Anne-Hélène Hoog a pris, depuis le 6 novembre, ses fonctions de directrice du musée de la bande dessinée à Angoulême, ville qu’elle connaît bien puisqu’elle y a réalisé une partie de ses études.
Parmi ses plans d’actions privilégiés, Anne-Hélène Hoog se donne notamment pour mission de renforcer l’attractivité du Musée de la BD par le renouvellement du parcours muséographique et de développer des espaces dédiés aux enfants. Elle a également l’ambition d’enrichir et de valoriser les collections à travers des expositions ayant une portée à la fois nationale et internationale." (Caroline Dubois)
Transition musicale
Texte de Cervantès : "Ici on imprime des livres"
« Dans l’intervalle, Don Quichotte prit fantaisie de parcourir la ville, mais à pied et sans équipage, craignant, s’il montait à cheval, d’être poursuivi par les petits garçons et les désœuvrés. Il sortit avec Sancho et deux autres domestiques que lui donna Don Antonio.
Or, il arriva qu’en passant dans une rue, Don Quichotte leva les yeux, et vit écrit sur une porte, en grandes lettres : Ici on imprime des livres. Cette rencontre le réjouit beaucoup ; car il n’avait vu jusqu’alors aucune imprimerie, et il désirait fort savoir ce que c’était.
Il entra avec tout son cortège, et vit composer par-ci, tirer par-là, corriger, mettre en formes, et finalement tous les procédés dont on use dans les grandes imprimeries. Don Quichotte s’approchait d’une casse, et demandait ce qu’on y faisait ; l’ouvrier lui en rendait compte ; le chevalier admirait et s’étonnait de tout. » (Don Quichotte, Tome II, chapitre 62)
Le catalogue de l'exposition au Mahj
Par Aymar du Chatenet & collectif.

Quatrième de couverture
"La personnalité haute en couleurs de Goscinny, son parcours tout entier, méritent l’hommage que cet ouvrage et l’exposition lui rendent, en prenant en compte le caractère exceptionnel – personnel, intellectuel et artistique – d’un auteur génial, d’une créativité prolixe.
Comment et pourquoi Goscinny occupe-t-il une place si singulière, comment expliquer le succès international, toujours inégalé de ce phénomène culturel mondial, de cet auteur clé de la littérature, « de l’un des acteurs primordiaux, stratégiques, de l’avènement du neuvième art ».
Si le nom de René Goscinny est présent depuis longtemps dans la culture populaire francophone, la dimension même de cette personnalité hors du commun, l’ampleur de son œuvre et de son succès sont largement méconnues, voire sous-estimées.
Pour prendre la mesure de l’œuvre et de son importance dans le monde de la bande dessinée et de la littérature contemporaine, rien ne vaut le rappel de quelques chiffres : cinq cents millions de livres et d’albums vendus dans le monde, dont deux cents millions pour pour Lucky Luke (Goscinny-Morris), trois cents vingt millions pour Astérix (Goscinny-Uderzo) et huit millions pour Le petit Nicolas (Goscinny-Sempé). Les œuvres de Goscinny ont été traduites en cent cinquante langues, dont Astérix en cent vingt langues, Iznogoud (Goscinny-Tabary) et Lucky Luke en une quarantaine de langues. Le Petit Nicolas est aujourd’hui intégré dans les programmes scolaires. Le film d’animation et le cinéma ont rendu leurs hommages à Goscinny et à ses co-auteurs : les adaptations cinématographiques de Lucky Luke, Iznogoud ou du Petit Nicolas appartiennent à la culture populaire contemporaine. Quant à Astérix, les chiffres parlent d’eux-mêmes : ainsi Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, réalisé par Alain Chabat en 2002, a attiré plus de quatorze millions et demi de spectateurs en France.
Pour commémorer le quarantième anniversaire de la mort de René Goscinny en 2017, la famille de René Goscinny, l’Institut René Goscinny récemment fondé par sa fille Anne, ses amis et ses éditeurs ont souhaité lui rendre hommage et rappeler l’œuvre immense dont il est l’auteur.
Dans ce cadre, deux expositions complémentaires sont organisées simultanément : « Le cinéma de René Goscinny » montre, à la Cinémathèque française, les liens de Goscinny avec l’univers du 7e art, tandis que « René Goscinny. Au-delà du rire » déploie, au mahJ, le parcours biographique, artistique et littéraire de Goscinny dans le monde de la littérature pour la jeunesse et de la bande dessinée. Anne Goscinny, son époux, Aymar du Chatenet, et l’Institut René Goscinny soutiennent ces projets et en accompagnent la réalisation par le prêt de nombreuses archives.
Ce catalogue officiel de l’exposition "René Goscinny. Au-delà du rire" qui se déroule au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à partir de septembre 2017 rassemble plus de 220 œuvres, dont de nombreuses planches originales, des peintures, des objets, des livres, des documents d’archives sur divers supports, ainsi que des documents audio-visuels.
Site du Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme
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