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Dans l’épisode du "buisson ardent", Moïse ne voit pas immédiatement le prodige de ce buisson qui brûle sans se consumer.
Mais, dit le texte, il se détourne pour voir. Sar min hédérèkh, et il demande « pourquoi » ? Madoua ? Pourquoi le buisson brûle et n’est-il pas consumé ? Et c’est alors qu’a lieu la révélation d’un Dieu qui s’adresse à lui personnellement et l’appelle : "Moïse Moïse". Et il répond : " Me voici "!
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Ainsi « voir » nécessite un « détour », un temps d’arrêt, une manière différente de marcher, de questionner, de s’étonner. Mais le mouvement de la vie, la folle allure que nous évoquions la semaine dernière, rend peu propice ces moments de pause, ces temps de tranquillité qui rendent plus disponible le regard et l’étonnement, prémices d’une possible révélation, d’un sentiment de retrouvailles avec soi-même, où l’on se sent appeler et inviter à une transcendance, une découverte pour soi d’un autre monde, d’autres chemins possibles pour orienter sa propre existence !
Et même si nous décidions de prendre le temps de ce détour, vers quels lieux se tourner, se détourner. Les réponses sont nombreuses et dépendent de chacun de nous, mais peut-être qu’aujourd’hui l’on peut considérer qu’entrer dans un musée serait une façon privilégiée de se détourner pour voir, pour retrouver la force et l’acuité du regard, c’est à dire se défaire de l’image, apprendre à entrer dans l’image pour ne pas en être captif.

Oui ! Pousser les portes d’un musée serait en quelque sorte découvrir des œuvres qui tout comme le buisson biblique, brûlent sans jamais se consumer, car toujours renouvelées par les interprétations qu’elles suscitent car comme le soulignait Roland Barthes « Interpréter une œuvre, ce n’est pas lui donner un sens (plus ou moins fondé, plus ou moins libre), mais au contraire d’apprécier de quel pluriel elle est faite » et il ajoutait « qu’une œuvre est éternelle, non parce qu’elle impose un sens unique à des hommes différents, mais parce qu’elle suggère des sens différents à un homme unique ! »
Des réflexions qui expliquent aussi peut-être pourquoi, à moins d’un an d’intervalle, « Talmudiques » consacre une seconde émission à l’œuvre du peintre Jules Adler (1865-1952) que le Musée d’Art d’histoire du Judaïsme a la très bonne idée d’exposer jusqu’au dimanche 23 février 2020.
Une impressionnante et magnifique rétrospective qui nous fait découvrir un artiste qui eut conscience de son temps mais qui fut aussi une conscience de son temps.
L'invitée
Claire Decomps est conservatrice en chef chargée des collections historiques et des judaica au Musée d’Art et d’histoire du judaïsme.
Avec Amélie Lavin, directrice du musée des Beaux-Arts de Dole, et assistée de Virginie Michel, elle a conçu cette exposition.

Transition musicale
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L'exposition Jules Adler : "Le peintre du peuple"
Au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme jusqu'au 23 février


Catalogue de l'exposition
Jules Adler, 1865-1952. Peindre sous la Troisième République 240 pages, 24 × 28 cm, 25 € Silvana Editoriale, 2017 [En vente à la librairie du Mahj].

Dreyfusard de la première heure, l’artiste développe une vision du monde proche de celle d’Émile Zola (1840-1902), s’intéressant aux différentes figures du peuple : des ouvriers des manufactures et des mines aux petits métiers parisiens, des déracinés des villes aux paysans et marins, hommes, femmes, enfants ou vieillards partageant, sinon un même destin, une forme de relégation.
Après Dole, Évian, Roubaix, cette première rétrospective fait redécouvrir à Paris l’œuvre d’un artiste injustement méconnu bien qu’une de ses toiles, La Grève au Creusot (1899), soit devenue une icône des luttes ouvrières.
Auteur d’une œuvre d’une grande force – notamment dans la première partie de sa longue carrière –, Adler a été largement reconnu en son temps, mais son indifférence aux débats des avant-gardes artistiques et son intérêt croissant pour le monde rural l’ont desservi auprès des générations suivantes.
Au MahJ, l’exposition s’arrête aussi sur les résonances de la judéité du peintre dans sa perception du monde et ses engagements d’homme et d’artiste.

Colloque Jules Adler au Mahj le 1er Décembre 2020
Organisé à l’occasion de l’exposition « Jules Adler. Peintre du peuple », ce colloque s’interrogera notamment sur l’originalité de la démarche de l’artiste dans sa représentation du monde ouvrier et des mouvements sociaux, les résonances de son identité juive dans sa perception du monde et l’impact des deux guerres mondiales sur son œuvre.
Lieu, réservation et tarifs Gratuit, dans la limite des places disponibles. Inscription obligatoire en ligne uniquement.
Emplacement Auditorium
Programme
10h00
Ouverture du colloque
Jules Adler, peintre du peuple ?
10h30
Vues de dos. Figures sans visage et figures de dos chez Adler
Par Amélie Lavin, musée des Beaux-Arts de Dole
11h00
Iconologie du monde ouvrier et du travail
Par Frederic Thomas, université libre de Liège
11h30
Des figures artistiques et médiatiques: les Gueules noires vues par Adler et Steinlen
par Philippe Kaenel, université de Lausanne
12h00-12h30 : débat
Jules Adler, un artiste juif sous la IIIe République
14h00
Adler, un peintre juif ?
Dominique Jarrassé, Université Bordeaux Montaigne
14h30
Des chemineaux et des errants dans la peinture d'Adler
par Bertrand Tillier, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
15h00 – 15h30 : débat
15h15- 15h45 pause
Jules Adler et la guerre
15h45
Les dessins de Jules Adler lors de son internement à Picpus en 1944
par Claire Decomps, mahJ
16h15
« Lentement il reprit son activité d'autrefois » (Les fronts de Jules Adler)
par Vincent Chambarlhac, université de Bourgogne Franche-Comté
16h45-17h00 Débat
À l’issue du débat, visite de l’exposition avec le public et les intervenants du colloque.
On écoutera aussi
La IIIe République de Jules Adler, Une émission de Talmudiques avec Bertrand Tillier
Un avant goût de l'exposition...
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