Luz passeur de Cohen.
"Dans un texte publié dans Bloomberg à la fin de l’année dernière, Joe Weisenthal, cité par Xavier de Laporte dans la matinale de France Culture mardi dernier, avance l’hypothèse que nous sommes entrés dans l’ère de la “post-alphabétisation” où les caractéristiques de l’écrit (l’analyse et l’abstraction) perdent de l’influence dans notre langage. Une ère où l’image prend de plus en plus de place dans la communication, où l’image devient l’un des vecteurs majeurs de notre expression quotidienne, rejoignant, selon le professeur Oren Soffer, l’éphémère de l’oral dans l’utilisation d’application comme Snapchat par exemple, où l’image disparaît dès qu’elle a été regardée.
« La vie est plus intense quand on la vit dans l'instant », dit le slogan de cette application, soulignant ainsi une nouvelle culture visuelle de l’apparition-disparition, une forme de sortie de l’image-archive, apologie de l’immédiat, de l’éphémère et de l’oubli.
N’est-il pas dès lors urgent et important de s’arrêter sur l’image, arrêt sur image qui prend le contrepied de cet héraclitéisme exponentiel où tout s’écoule à la vitesse de la lumière. N’y a-t-il pas un lieu ou des lieux où l’image peut prendre le temps d’exister sans rejoindre le destin des unes de journaux ou de magazines, toujours remplacées par celle du lendemain et du surlendemain.
Même si les premières bandes dessinées sont nées dans les journaux sous forme de strip de trois cases, sorte d’aphorisme, d’Haïku ou de syllogisme visuel comme l’explique Tristan Garcia, n’est-ce pas dans cet art que l’image rencontre le temps lent, sortant de l’univers des 24 images par seconde du cinéma, pour offrir 24 secondes, au moins, à chaque image ? La BD, n’est-elle pas un art, à la fois de la lenteur du regard et du retour à l’image d’avant, une façon différente de fréquenter le temps, et de s’y promener de manière discontinue et non linéaire, avec lento, comme aimait à le dire Nietzsche de la lecture ?
Dès lors, la BD et les livres d’images, n’ont-ils pas un lien privilégié avec les Musées dont le rôle est aussi à leur façon de donner du temps aux œuvres ?
Et dès lors, encore, n’est-ce pas un cadeau particulièrement précieux quand les deux se conjuguent et que la BD où le livre d’image s’exposent au musée ?
Cadeau précieux que nous fait le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme qui, jusqu’au 28 mai prochain, accueille encore pour quinze jours l’exposition du dessinateur LUZ qui propose 130 planches de son adaptation graphique du célèbre Ô vous frères humains d’Albert Cohen, paru en 1972."
Pour en parler Marc-Alain Ouaknin reçoit Anne Hélène Hoog, la commissaire
L'invitée.
Anne Hélène Hoog est Conservatrice au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme.
Archives sonores
N°1
Luz invité d'Augustin Trapenard sur France Inter, le 6 avril 2016.
https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-06-avril-2016
N°2
Albert Cohen invité de Bernard Pivot: Apostrophe.
Programmation Musicale :
N°1
N°2
L'exposition au MAHJ.
https://www.mahj.org/fr/programme/en-ce-moment
Les livres.
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