1/2 Issakhar Ryback, du shtetl aux avant-gardes.
Il y a à Prague une synagogue qui porte le nom énigmatique de Alt-neu Shul , c’est à dire "l’Ancienne-nouvelle synagogue". Et si elle est visitée chaque année par des milliers de visiteurs qui viennent du monde entier, ce n’est pas seulement à cause du halo de légendes qui l’entoure, à commencer par celle du célèbre Golem, mais parce que son nom fait rêver et fait vibrer dans le tréfonds des âmes l’idée simple mais puissante que c’est dans le passé que l’on peut puiser les forces vives de la nouveauté, que c’est dans la tradition que s’enracinent les possibilités même de la modernité.
Certains artistes s’en souviennent et soulignent dans leur art que ce n’est pas de la rupture avec le passé, mais de son respect, que peuvent surgir les formes d’inventions les plus riches et les plus originales. Comme le dit Walter Benjamin dans ses thèses sur l’histoire : « Il y a un rendez-vous mystérieux entre les générations défuntes et celle dont nous faisons partie nous-mêmes. Nous avons été attendus sur terre . » Les artistes sont en premières lignes de ce rendez-vous !
C’est ce que formulent, chacun à sa façon, trois artistes exposés actuellement et dans les mois à venir au Musée d’arts et d’histoire du Judaïsme : Issakhar Ber Ryback, Milli Pecherer et Joseph Dadoune.
Des artistes qui ont à cœur de réfléchir et de proposer dans leur œuvre une vision de l’identité juive à la fois singulière et universelle, « une identité non refermée sur elle-même, ne craignant pas l’étrangeté, une identité mouvante, créatrice, fragile, au carrefour de soi et des autres.
Une identité-relation comme disait Édouard Glissant, ou une identité rhizome pour reprendre une formule de Deleuze, qui est celle-là même que le Mahj, le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, s’est donnée comme défi de promouvoir depuis sa création.
L'invitée
Pascale Samuel est conservatrice du patrimoine et responsable des collections d’art moderne et contemporain au musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ) à Paris depuis 2019. Elle a notamment été commissaire des expositions Paris Magnétique (Berlin, 2023), Chagall, Modigliani, Soutine…Paris pour École (2021), Fenster et le shtetl perdu de Montparnasse (2021).
Invitant chaque année au mahJ des artistes qui s’intéressent à l’histoire et à la culture juive, elle a récemment collaboré avec Dove Allouche, Joseph Dadoune, Rainier Lericolais, Mili Pecherer et Maya Zack.
L'archive sonore
Concert d'Eden Gerber et Adrien Séguy
Le livre de l'exposition
L'équipe
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