Les Pharisiens au-delà des clichés 1/2

Mireille Hadas-Lebel
Mireille Hadas-Lebel ©Radio France - DR
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Le destin des mots met parfois en péril le destin des hommes. Ce que Camus souligna avec force dans son commentaire sur la philosophie du langage de Brice Parain a fait le tour du monde. Je cite : 

« L'idée profonde de Parain est une idée d'honnêteté : la critique du langage ne peut éluder ce fait que nos paroles nous engagent et que nous devons leur être fidèles. Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde. »

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Vous me direz, voilà des pensées bien complexes au lendemain de Noël ! Je vous le concède ! Mais voici pourquoi je vous en parle. En voyant, il y a de nombreuses années, sortir une foule joyeuse et recueillie de la messe de minuit du soir de Noël, je n’avais pu m’empêcher de penser à la naissance du Christ et à sa judéité, à la société de la Judée dans laquelle il avait vu le jour. 

M’étaient venues alors un ensemble de questions, dont les réponses, sans aucun doute devaient me permettent de mieux comprendre l’événement de cette naissance et la personnalité de cet enfant qui porte le nom de Jésus. Et son destin. 

Un destin qui l’avait fait évoluer d’abord parmi ses frères juifs de Judée qu’il côtoya tout le long  de son ministère. Et je repensais aux miracles dont les évangiles font le récit et aux hommes et aux femmes qu’il croisa sur son chemin : l’aveugle et le paralytique, le bon Samaritain, et tous ces hommes et toutes ses femmes qu’il guérit et qu’il réconforta.

Parmi toutes ces rencontres, je repensais à ceux que les évangiles appellent les « pharisiens », avec qui il eut des débats et des controverses profondes et tout à coup, ce mot prit devant mes yeux la forme d’un grand point d’interrogation.

Qui étaient-ils et pourquoi alors que j’avais beaucoup lu pendant mes études rabbiniques, je les avais peu ou pas du tout rencontrés ? C’est alors qu'avaient résonné en moi les célèbres paroles de Camus ...

L'invitée

Mireille Hadas-Lebel est historienne, professeure émérite de la Sorbonne où elle a enseigné l’Histoire des religions.

Mireille Hadas-Lebel est spécialiste de l'Histoire du judaïsme dans le monde antique. On lui doit, entre autres, quatre importantes biographies : Flavius Joseph, Philon d’Alexandrie, Hillel l’ancien et tout dernièrement, Hérode.

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Le livre de l'invitée

Mireille Hadas-Lebel
Mireille Hadas-Lebel
© Radio France - Albin Michel

« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! »

La phrase  terrible que l’Évangile de Matthieu met dans la bouche de Jésus a pour  deux millénaires déterminé l'image des pharisiens comme faux dévots,  alimentant ainsi la polémique anti-judaïque. 

Depuis seulement quelques décennies, l'exégèse chrétienne et le recours aux sources historiques  anciennes, de Flavius Josèphe à la littérature rabbinique, ont permis de  rendre justice à ce courant du judaïsme antique. 

La grande historienne  de la période, Mireille Hadas-Lebel, fait le point sur ce que l'on sait  et sur ce qui reste encore dans l'ombre.

Par quelles croyances et  pratiques les pharisiens se distinguaient-ils des autres courants juifs ?  Quelle était leur influence auprès des masses ? 

Les vifs débats que  Jésus mène avec eux relèvent-ils d'une critique externe ou au contraire  d'une controverse interne au mouvement pharisien - autrement dit,  pourrait-on aller jusqu'à dire que Jésus lui-même était un pharisien ? (Présentation de l'éditeur)