Construire des ponts
Au plus fort des agressions, des violences et des attentats qui ont visé et touché la France et les français, les hommes et les femmes, les jeunes et les moins jeunes, se sont tournés vers les livres et la lecture. Certains titres se sont vendus par dizaines de milliers, parfois seulement portés par l’espérance que donnaient leur titre. Il y eut le Traité sur la tolérance de Voltaire, puis Paris est une fête d’Hemingway. Et l’on peut rajouter dans un autre contexte 1984 d’Orwell, après les élections américaines et la victoire de Donald Trump.
Le symbole est fort. Le symbole est rassurant ! Mais suffit-il ?
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Ces livres ont-ils été lus ? Et comment ?
Qu’est-ce qu’une lecture qui peut faire sortir de la violence ?
N’y a -t-il pas eu dans l’histoire des livres qui ont amenés violences et destructions ?
Les magazines apportent chaque semaine une interrogation renouvelée sur ces questions plus tournées sur le rapport des sociétés à leur texte sacrés et en particuliers ceux des trois monothéismes. Sur la manière de les lire, de les commenter ou de ne pas les commenter.
Ces questions ne sont pas nouvelles mais restent urgentes et il est peut-être intéressant de retourner dans le passé proche et lointain pour questionner l’importance et le pouvoir de la lecture pour construire les sociétés et les civilisations fondées sur la liberté et la justice.
C’est je crois ce à quoi nous invitent quelques intellectuels qui après-guerre, dès 1945 ont ouvert une nouvelle voie pour le judaïsme français. Dans ce temps de détresse et sur les ruines du monde encore fumantes, ils n’ont baissé ni la tête ni les bras et, toujours portés par l’espérance, ont cherché à panser les blessures et à construire une nouvelle génération, non pas éduquée par le ressentiment mais par la réinsertion naturelle dans un pays, le leur, dont l’état officiel les avait exclus par des lois anti-juives dont ils n’avaient pas pu, tous, être protégés. Ces intellectuels, dans la Résistance pour la plupart, eurent comme mot d’ordre le verset de Zacharie « Ni par la force, ni par les armes mais seulement par mon esprit ». Ces intellectuels d’horizons et de sensibilité diverses, sans le vouloir ont dessiné les contours d’un mouvement de pensée qui porte aujourd’hui le nom d’Ecole de pensée juive de Paris ou encore plus simplement d’Ecole de Paris.
L’importance de cette école plus de 70 ans après ne s’est jamais démentie, car la puissance de sa pensée et de sa dynamique intellectuelle se sont transmises de générations en générations et nous en sommes tous plus ou moins les héritiers. Et beaucoup d’entre nous s’inscrivent dans sa filiation, dans la recherche à la fois de sa continuité et de son renouvellement.
Pour en parler aujourd’hui, Marc-Alain Ouaknin reçoit le philosophe David Banon.
L'invité
David Banon est professeur émérite de l'Université de Strasbourg, et membre de l'Institut universitaire de France. Il a enseigné aux universités de Genève et Lausanne (Suisse), de Laval (Québec, Canada), de Strasbourg (France), au Collège des études juives de l’AIU (Alliance israélite universelle, Paris) ainsi qu’à l’Institut universitaire Élie Wiesel de Paris. Il est actuellement professeur invité à l’Université hébraïque de Jérusalem (département de Mahshévèt Ysraël/Études juives). Il a publié une dizaine d’ouvrages notamment L’oubli de la lettre (Albin Michel).
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Le livre de l'invité
David Banon, L'école de pensée juive de Paris, Le judaïsme revisité sur les bords de Seine, édition Presse Universitaire de Strasbourg, 2017.
Présentation de l'éditeur:
Quelles ont été les orientations de l'École de pensée juive de Paris ? Ses traits caractéristiques ? Ses objectifs ? Ses domaines de recherche ? Qui en étaient les maîtres ? Qu'ont-ils transmis ? Les champs qu’ils ont labourés et semés ont-ils donné des fruits ? Les chemins qu’ils ont ouverts ont-ils été élargis ou délaissés et recouverts de ronces, de sorte que plus personne ne s’y aventure ?
Cet ouvrage vise à dégager l’esprit de la pensée juive de langue française telle qu’elle s’exprimait dans la seconde moitié du XXe siècle et à le présenter dans ses articulations majeures.
On découvrira alors autour du noyau fondateur, une pépinière de penseurs lesquels n’ont pas hésité à porter la voix de la pensée juive au sein de la cité et au cœur de la philosophie occidentale qui s’en est trouvée parfois débordée, le plus souvent fécondée.
L'équipe
- Production
- Réalisation