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Robert Schumann a 28 ans lorsqu’il compose les « Scènes d’enfants » pour le piano. C’est l’Opus 15 dont nous sommes en train d’entendre, "rêverie", la septième pièce de cet opus jouée par Martha Argerich. Selon ses propres termes, ces « treize petites pièces » ont été conçues « par un grand enfant » comme « souvenir pour des personnes qui ont grandi ».
C’est la même intention qui anime la dédicace que fait Saint-Exupéry à Léon Werth en exergue du Petit prince :
A Léon Werth.
Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants (mais peu d’entres elles s’en souviennent) Je corrige ma dédicace :
A Léon Werth quand il était petit garçon
Et j’aime à me souvenir de ce beau poème de Louis René des forêt :
« Que jamais la voix de l'enfant
En lui ne se taise,
qu'elle tombe
Comme un don du ciel offrant
Aux mots desséchés l'éclat de son
Rire, le sel de ses larmes, sa toute
Puissante sauvagerie. »
Il y a ainsi chez les humains une forte et inspirante persistance de l’enfance dont les artistes, souvent sont les dépositaires et en trouvent la plus juste expression. Persistance de l’enfance mais sans déni des différentes étapes de la vie qui nous construisent chacun à sa façon.
Ainsi « la Tora nous raconte que la matriarche Sarah décéda à 127 ans. Mais le verset le dit d’une bien étonnante façon en soulignant qu’elle rendit l’âme à « cent ans et vingt ans et sept ans » (Genèse 23,1). [Cité dans la Revue l’Éclaireur]
Commentant cette singulière formulation, le rabbin Samson Raphaël Hirsch explique que Sarah vécut pleinement son enfance, fut une jeune femme à la vingtaine et une adulte à l’âge mûr. » (L’éclaireur)
Grandir c’est être en harmonie avec le temps de son développement à la fois intellectuel, spirituel, et social. Devenir adulte ne veut pas dire rejeter les territoires de l’enfance qui nous habitent et que nous habiterons toujours, qui sont une partie essentielle de nous-mêmes, de notre créativité, du plaisir du jeu, de la recherche, par exemple, mais les assumer différemment avec d’autres responsabilités et d’autres engagements.
Sans doute est-ce le sens de la célèbre formule de Rabbi Nahman de Braslav « il est interdit d’être vieux », assour liyehot zaquèn, que Maurice Blanchot et Jacque Derrida commentèrent chacun à sa façon, mais dont le sens premier est celui de l’interdit de renoncer à se renouveler et de renoncer à jouer.
Mais comment devenir adulte sans oublier l’enfant ? Comment être enfant sans déjà jouer à l’adulte ? Comment assumer sa juste place dans le temps des générations ? Voilà quelques questions importantes !
Les invités
Karen Allali.
Enseignante de formation, Karen Allali est la Commissaire Générale du des Éclaireuses Éclaireurs Israélites de France depuis 2008. Elle a à ce titre organisé le 90ème anniversaire du mouvement en 2013, lancé une nouvelle école des cadres s'inspirant des valeurs de l’école d'Orsay et est actuellement Secrétaire du Scoutisme Français, la fédération des principales associations de scoutisme en France
Jérémie Haddad.
Associé dans un cabinet de conseil international en stratégie et en management, Jérémie Haddad est le Président des Éclaireuses Éclaireurs Israélites de France. Vice-Président du Scoutisme Français de 2015 à 2018, il est également Directeur de Publication de La revue l’Éclaireur, la nouvelle revue de pensée juive éditée par les EEIF, dans la lignée des publications issues de l'école d'Orsay après-guerre.
Archives sonores
Schumann opus 15, pièce n°7 par Martha Argerich
Vivaldi, Les quatre saisons, Julia Fischer au piano.
Le Nouveau n° de la Revue l’Éclaireur

Présentation
L’éclaireur souhaite participer à la diffusion et au renouvellement de la pensée juive, dans l’esprit de la mission d’éducation et de transmission des Éclaireuses Éclaireurs Israélites de France (EEIF).
Elle s’adresse à un large public de jeunes adultes et d’adultes, désireux d’ancrer leur action dans la sagesse que recèle la pensée juive, elle-même nourrie et en dialogue avec d’autres traditions. Elle s’inscrit dans le paysage intellectuel juif français héritier de Denise & Robert Gamzon et Edmond Fleg, fondateurs des EEIF, et de leurs continuateurs Rachel & Jacob Gordin, Samuel Klein ou encore Léon Ashkénazi.
Dans le cadre de cette revue, les EEIF entendent poser un regard réfléchi et exigeant sur le monde contemporain, regard reflétant leurs propres valeurs (autonomie, créativité, responsabilité, souci de l’autre dans le respect de sa différence, harmonie avec la nature, construction de soi et engagement citoyen, centralité de l’identité juive dans la pluralité de ses expressions, attachement à la langue hébraïque, à la culture juive et à Israël).
Dans l’esprit du Talmud qui rappelle combien « grande est l’étude qui mène à l’action », la revue s’efforcera de dresser des passerelles entre réflexions théoriques et nécessité d’ancrer et de prolonger la pensée dans la pratique et dans l’action. Nous voulons mettre la pensée juive en mouvement.
La démarche de la revue se veut didactique, de sorte à proposer une réflexion stimulante dans un langage précis et accessible. L’érudition n’exclut pas une expression claire voire ludique et la revue revendique un souci de qualité et d’originalité, dans le fond comme dans la forme, dans sa façon d’aborder les différents sujets. Les articles qui stimulent la réflexion sur le plan intellectuel entrent en dialogue avec les arts visuels qui contribuent à élargir notre horizon mental.
La revue a un rythme de parution trimestriel. Elle s’articule autour d’un dossier thématique central qui analyse une question (une valeur, un concept, un principe d’action) sous des angles variés, faisant dialoguer la tradition juive, les sciences (humaines notamment) et les arts. Les contributeurs, juifs ou non, viennent eux-mêmes d’horizons très variés et sont sollicités tant pour leur expertise que pour leur capacité à proposer une réflexion stimulante, originale et abordable, sans concession sur la justesse du propos.
Des rubriques récurrentes trouveront également leur place dans cette revue autour de la pensée juive, de l’histoire, du voyage et de la culture au sens large. Elles seront aussi l’occasion de rendre compte de l’évolution de la pensée juive et de ses pratiques tant en Israël qu'en diaspora.

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