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Un des plus beaux et des plus énigmatiques livres de la Bible est celui de Qohélèt : l’Ecclésiaste, c’est-à-dire « Celui parle à la foule ». Or cet homme à qui la tradition donne le visage du Roi Salomon, que dit-il à la foule ? Il leur parle de la sagesse, de l’amour, de la peine et de la joie, mais surtout du temps.
« Il y a un moment pour tout, dit-il, et un temps pour chaque chose en dessous du ciel : Un temps pour naître et un temps pour mourir, un temps pour chuchoter et un temps pour parler, un temps pour la guerre et un temps pour la paix. ».
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Mais « Qu’est-ce donc que le temps ? » demandait Saint Augustin dans ses Confessions ? Si personne ne m’interroge, je le sais ; si je veux répondre à cette demande, je l’ignore. »
Interrogation particulièrement importante aujourd’hui, car le confinement que nous avons vécu et que nous vivons encore, est à la fois une expérience de l’espace, mais aussi et peut-être surtout du temps. Un temps individuel et social ressenti comme bouché, bloqué, figé, déstructuré, temps sans horizon induisant une sidération des esprits, selon une formule que j’emprunte à Serge Hefez.
Nous sommes entrés dans une cacophonie rythmique généralisée où chacun se situe dans une temporalité différente tout en devant continuer à vivre dans un temps imposé, celui du travail, de l’école et des institutions.
Et dans ce contexte on comprendra mieux le sens des propos du président Macron lors de sa dernière allocution qui ont donné des formes concrètes à cette question du temps en donnant un calendrier précis, avec des échéances, des repères, des jalons, créant une chronologie claire une façon d’aider à dissiper les angoisses sourdes liées à l’incertitude.
Pouvoir saisir le temps, le prendre, le comprendre, sans que cette notion complexe soit réservée aux classes de philosophie ou aux philosophes de profession, est un enjeu essentiel dans le monde en train de se reconfigurer dans lequel nous sommes entrés !
Il faut que chacun puisse trouver les outils pour s’approprier le temps, son temps, un temps humain, propice à la vie, à la construction de soi et de la société.
« Comment prendre le temps sans être pris par lui ? » Voilà une question essentielle !
Et pour nous aider à y voir plus clair quoi de mieux qu’un expert qui depuis de très nombreuses années s’est particulièrement penché sur tous ces problèmes et a interrogé les enjeux fondamentaux de la temporalité humaine, de ses impasses mais aussi de ses issues.
L'invité
Daniel Sibony
Né à Marrakech, entre hébreu arabe et français, émigré à Paris, où il devient chercheur en maths, puis psychanalyste et écrivain;
auteur d'une quarantaine de livres portant sur la clinique, les identités, les transmissions symboliques, l'art contemporain, le théâtre, les religions, la psychopathologie du social, la danse, etc.
Par ailleurs, docteur d'État en mathématiques et docteur d'État en philosophie; professeur des universités. Expertise en Bible et en Coran.
Il anime chaque année depuis 1974 un séminaire indépendant consacré aux questions thérapeutiques et aux pratiques créatives et symboliques dans leurs rapports à l’inconscient.
L'archive sonore
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Le livre de l'invité
Présentation de l'éditeur
Le temps : quoi de plus familier ? quoi de plus insaisissable ?
Daniel Sibony en donne dans ce livre des aperçus pénétrants. Il est question du temps complexe et rationalisé de la physique ou de la métaphysique, abordées sans lourdeur, mais non sans payer son tribut au mystère.
Il est question aussi du temps de la mémoire et de la nostalgie, cet « effort pour remonter le désir épuisé vers les lieux d’autrefois où il était plein de lui-même ; comme des poissons remontent le flux vers des lieux où se reproduire ».
Au fil des pages, Daniel Sibony dit la place qu’occupe le temps dans nos vies : chacun est concerné, entre le désir de « prendre son temps », la crainte d’être « pris » par le temps et l’angoisse de vieillir.
Le propos est riche des multiples ressources de l’auteur : mathématicien, physicien, théologien, psychanalyste exposant des cas très parlants. Avec un art consommé du verbe, il exploite en virtuose la façon propre qu’a le langage d’ensemencer et d’éclairer la réflexion.
Rien d’étonnant si, dans sa préface, le grand mathématicien Alain Connes invite à lui prêter « la plus grande attention ».

L'équipe
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