Retrouver André Schwarz-Bart. La légende des justes

Francine Kaufmann
Francine Kaufmann ©Radio France - .
Francine Kaufmann ©Radio France - .
Francine Kaufmann ©Radio France - .
Publicité

En raison des grèves à radio France cette émission est une rediffusion du mois de mai dernier. Nous vous souhaitons une belle écoute !

L’Europe est au centre de notre actualité, mais justement l’Europe n’est pas un centre. Elle n’est pas un centre fixe en ce sens qu’elle se définit depuis son origine, mythique ou historique comme mouvement de populations, invitant à penser l’identité comme une identité voyageuse, je serai de tenter de dire une identité trajective pour reprendre un adjectif cher au géographe et philosophe Augustin Berque.

Une identité qui n’enferme pas les personnes dans un lieu, dans le lieu définitif de leur séjour ou résidence, mais soucieuse des mouvements, des espaces traversés, de l’origine, voire des origines multiples dont nous sommes tous porteurs à un degré ou à un autre. 

Publicité

Trajectif dont le texte biblique qui fonde aussi la civilisation de l’Europe témoigne à sa façon par ses héros qui viennent toujours d’ailleurs. On se souvient d’Abraham dont la première parole qui lui fut adressée fut une injonction à quitter la maison de son père, son lieu de naissance et sa patrie pour aller vers une autre terre. 

Europe qui est ce lieu non-lieu dont témoigne aussi, si joyeusement, le soleil des terres d’outre-mer. 

On peut se demander si le peuple juif, par son expérience souvent tragique, n’aurait pas, au-delà des clichés d’accusation de cosmopolitisme, un lien privilégié avec l’Europe. Les livres d’Histoire nous en racontent les périples douloureux et les haltes sereines. Et c’est sans doute aussi et peut-être d’abord dans la littérature que l’on peut découvrir cette identité trajective. 

Comment se sentir européen sans espace commun ? Une construction institutionnelle ne suffit pas, il faut une histoire commune, une connaissance commune, ce que d’une certaine façon offre la littérature et la littérature juive et particulièrement yiddish où l’on découvre des trajectoires où c’est l’Europe qui est mise en scène.

C’est en effet dans le périple de ces familles déracinés par les tourments continues à travers l’histoire, et tout récemment au XXe siècle par les crimes du IIIe Reich, que l’on découvre une part essentiel de l’Europe, de ces contrées à la fois si proches et lointaines. Dans cette littérature on voit apparaître des villages, des bourg et des villes, des hommes et des femmes et des coutumes qui sans ces récits seraient restés à jamais inconnues et oubliés.

Et c’est à l’une de ces œuvres littéraire que j’aimerai que nous consacrions l’émission d’aujourd’hui et de la semaine prochaine. Une œuvre qui a inventé un nouveau genre littéraire pour dire cette trajectivité identitaire et dont les héros, à leur insu, ont dessiné les contours d’une Europe qui fut détruite mais dont le récit en permet une forme de résurrection qu’il faut interroger. 

Si je vous dis que son auteur s’appelle André Schwarz-Bart, je suis sûr que vous penserez immédiatement au Dernier des justes, son roman qui reçut le prix Goncourt en 1959. Un livre extraordinaire mais qui n’est que la partie émergé de l’iceberg, car une immense œuvre y fait suite. C’est ce que nous allons découvrir.

L'invitée

Née à Paris en 1947, Francine Kaufmann est professeure des universités, chercheur et essayiste (littérature de la Shoah, traduction juive et biblique, traduction pour les média), interprète de conférence et traductrice de poésie. 

Docteur ès lettres (1976), titulaire d’une maîtrise de théâtre (1968), du diplôme supérieur d’hébreu de l’École des Langues Orientales  à Paris (1968) et  d’un diplôme de l’Institut de Communication Publique de l’Université de Boston (1984), elle a été assistante de langue et de littérature hébraïques à Paris III de 1969 à 1974, ainsi qu’à l’INALCO et à l’Université de Paris VIII-Vincennes avant de s’installer à Jérusalem en 1974.

Professeure émérite de l’Université Bar-Ilan, en Israël, elle y a enseigné de 1974 à 2011 au Département de traduction, d’interprétation et de traductologie, qu’elle a dirigé à deux reprises. Elle fait partie du corps enseignant de l’Institut Élie Wiesel, à Paris, depuis 2006.

Interprète de conférence (membre A.I.I.C.), elle est l’interprète d’hébreu en français dans les films de Claude Lanzmann : Shoah and Sobibor. Elle a longtemps été réalisatrice de télévision et de radio {La Source de Vie, Kol Israël, RCJ), et journaliste dans la presse juive. Elle a réalisé des expositions sur André Chouraqui et André Schwarz-Bart et elle est co-scénariste du film André Chouraqui, l'écriture des Écritures (2010). (http://translation.biu.ac.il/en/page/398).

Transition musicale

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Le dernier des justes

"En 1943, Ernie Lévy est au seuil du camp de concentration de Drancy. Il est le dernier maillon d'une très longue lignée de Justes, commencée au douzième siècle. Et si, finalement, la mort ne pouvait rien contre celui qui parvint toujours à transmettre l'étincelle de vie ?" [Quatrième de couverture]

Le dernier des justes
Le dernier des justes
© Radio France - Editions Points-Seuil

Bibliographie complémentaire de l'invitée

Francine Kaufmann est l’auteur d’une centaine d’essais universitaires et d’articles d’encyclopédies. On consultera avec intérêt le site de l'Institut Elie Wiesel http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fwww.instituteliewiesel.com%2Ftaxonomy%2Fterm%2F23