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"La semaine dernière l'émission commença avec ce conte de Rabbi Nahman de Braslav. Il est l'horizon de ces deux émissions consacrées à la philosophie de Spinoza dans ce dialogue :
« Alors qu’un livre était ouvert devant lui, un roi vit une araignée qui avançait sur la tranche du livre. Sur l’une des pages, se trouvait une mouche. L’araignée se lança à la poursuite de la mouche. Et alors que l’araignée avançait vers la mouche, le vent se leva et fit tourner les pages du livre.
L’araignée ne put atteindre sa proie et rebroussa chemin, comme si elle abandonnait toute poursuite. L’araignée repartit à la poursuite de la mouche. Elle réussit à poser une patte sur la page où était la mouche. Mais à ce moment-là la page se souleva, et l’araignée se retrouva coincée entre deux pages. Ayant presque disparu totalement presque plus rien d’elle.
Le roi avait observé tout cela et en fut très étonné. Il comprit que ce n’était pas un simple incident, et qu’on avait voulu lui montrer quelque chose. Le roi se mit à réfléchir essayant de trouver une signification. Il s’endormit devant le livre ouvert, et il se mit à rêver … »
Rabbi Nahman concluait toujours son histoire par cette phrase : « La mouche me direz-vous ? je ne vous révélerai pas ce qui lui est arrivé !
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L'invité
Gilles Hanus, est professeur de philosophie. Il a été durant de nombreuses années l’élève de Benny Lévy à qui il a consacré une thèse. Il dirige les Cahiers d’études lévinassiennes.
Transition musicale
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Texte de la Genèse chapitre 15 commenté dans l'émission
(Traduction du rabbinat)
Ge 15:1 Après ces faits, la parole du Seigneur se fit entendre à Abram dans une vision, en ces termes: Ne crains point, Abram: je suis un bouclier pour toi; ta récompense sera très grande!
Ge 15:2 Abram répondit : Dieu-Éternel, que me donnerais-tu, alors que je m'en vais sans postérité, et que le fils adoptif de ma maison est un Damascénien, Eliézèr?
Ge 15:3 Certes, disait Abram, tu ne m'as pas donné de postérité, et l'enfant de ma maison sera mon héritier.
Ge 15: Voici que la parole de l’Éternel vint à lui, disant: Celui-ci n'héritera pas de toi; c'est bien un homme issu de tes entrailles qui sera ton héritier.
Ge 15:5 Il le fit sortir en plein air, et dit: Regarde le ciel et compte les étoiles : peux-tu en supputer le nombre? Ainsi, reprit-il, sera ta descendance.
Ge 15:6 Et il eut foi en l’Éternel, et l’Éternel lui en fit un mérite.
Ge 15:7 Et il lui dit: Je suis l’Éternel, qui t'ai tiré d'Our-Kasdim, pour te donner ce pays en possession.
Ge 15:8 Il répondit: Dieu-Éternel, comment saurai-je que j'en suis possesseur?
Ge 15:9 Il lui dit : Prépare-moi une génisse âgée de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe.
Commentaire de Rachi (XIIe siècle)
Il eut foi en l’Éternel : Ce n’est pas à ce propos qu’il lui a demandé un signe. Mais c’est quand le Saint béni soit-Il lui va lui promettre la terre qu’il va lui demander un signe. Il lui dira alors : « Par quoi saurai-je ? ». L’Éternel lui en fit un mérite : Le Saint béni soit-Il a considéré comme un mérite le fait qu’Avram avait eu foi en lui.
Autre explication : « Par quoi saurai-je ? ». Il ne lui a pas demandé pas de signe [à propos de la promesse de la Terre Promise, mais il lui a dit : « Fais-moi savoir par quel mérite mes fils s’y maintiendront ! ». Le Saint béni soit-Il lui a répondu : « Par le mérite du service du Temple (les sacrifices) ! » (Beréchith raba 44, 14).
Le livre de l'invité

A propos de Sans Images ni paroles de Gilles Hanus paru aux éditions Verdier:
"Ni apologie, ni accusation : ce livre propose une lecture des passages du Traité théologico-politique sur la prophétie ou la révélation visant à comprendre le rôle qu’elles jouent dans la pensée de Spinoza.
Il y est donc question de connaissance, naturelle ou surnaturelle, de la vérité, de ce et de ceux qui y résistent (l’imagination, le vulgaire), de l’Écriture (prophétie) et de la loi (politique) et de la manière dont Spinoza, qui connaissait l’hébreu, comprenait les versets bibliques relatifs à la prophétie sur lesquels il appuie ses analyses.
Aux définitions rigoureuses, mais parfois surprenantes, Spinoza associe un certain nombre de figures : Adam, Abraham, Moïse, Jésus, mais aussi Salomon, qui illustre magistralement à ses yeux la différence entre sage et prophète. Chacune d’elles est examinée et les interprétations de Spinoza rapportées aux versets sur lesquels elles portent.
Cette lecture cherche à mettre en lumière la stratégie spinoziste d’interprétation, inspirée par l’idée que la philosophie seule permettrait d’accéder au texte initial, le texte naturel, dont tous les autres textes, à commencer par les Écritures, ne seraient qu’autant de traductions." [Présentation de l'éditeur]
Autre livre de l'invité

Présentation de l'éditeur
"Bien que banal, le fait de parler n'en est pas moins d'une importance primordiale. Car nos paroles esquissent, par-delà les messages qu'elles délivrent, de véritables visions du monde autour desquelles les hommes s'opposent ou s'associent. Parler, c'est donc aussi toujours donner au monde et à l'homme une certaine figure. Dans les temps crépusculaires, la parole se confond aisément avec son double inversé, sa caricature : le discours, parole figée. Les mots deviennent des leurres ou des pièges, et les visions du monde des idéologies. Il est alors nécessaire de distinguer clairement à nouveau parole et discours. Dans ce but, l'auteur examine ici trois des principaux usages de la parole : parler, lire et enseigner."
La première partie de ce dialogue s'écoute ici :
https://www.franceculture.fr/emissions/talmudiques/talmudiques-emission-du-dimanche-31-mai-2020