Survivre à Terezín 1/2 Bedrich Fritta et les dessinateurs en résistance !

Hélios Azoulay
Hélios Azoulay ©Radio France - Editions du Rocher
Hélios Azoulay ©Radio France - Editions du Rocher
Hélios Azoulay ©Radio France - Editions du Rocher
Publicité

.

« L’art de mentir » résume une grande part de ce que fut la culture nazie, comme le dit Joann Chapoutot, « un univers où tout était mensonge ». Et sans aucun doute que le camp de Theresienstadt, Terezin en tchèque, atteignit le summum de ce que Martin Buber qualifiait du mal le plus profond, à savoir le mensonge.

En effet, ce camp-ghetto situé à 70 kilomètres de Prague fut utilisé comme vitrine pour camoufler la nature des déportations et offrir aux yeux du monde une image de " ghetto modèle " et de "ghetto confortable" où il fait bon vivre. Des films de propagande se chargèrent de le faire savoir à travers le monde !

Publicité

Quelques 140 000 Juifs de Prague, de Bohême-Moravie, d’Allemagne, de Hollande et du Danemark furent enfermés dans la forteresse de Terezín, dont 15 000 enfants.

De ce camps, 90 000 hommes, femmes et enfants furent déportés vers des camps d’extermination, environ 33 000 moururent dans le ghetto même.

À la libération, des milliers de dessins, des centaines de poèmes et des dizaines de journaux intimes de ces enfants furent découverts dans les casernes de la citadelle. Ainsi que des partitions de musique et des œuvres d’art réalisées par des artistes internés dont la plupart furent ensuite assassinés à Auschwitz et d’autres camps d’extermination.

Et parmi toutes ces œuvres il y en a une particulièrement singulière, un petit livre de croquis contenant 52 aquarelles qu’un père, Bedrich Fritta, artiste de talent, réalisa pour son fils, Tommy, à l’occasion de son troisième anniversaire qui tombait le 22 janvier 1944.

Grâce à la passion, l’énergie, le désir et la volonté de quelques personnes à travers le monde, ce livre vient de voir le jour en français. Hélios Azoulay en est le maître d’œuvre, les éditions du Rocher en sont les éditeurs. Pour Tommy en est le titre et ***Quand un père dessinait pour son fils dans le camp de Terezin,***le sous-titre.

L'invité

Écrivain, poète, compositeur, clarinettiste, comédien, Hélios Azoulay s’est produit dans toute la France (du Palais Garnier au Théâtre du Rond-Point), ainsi qu’à l’étranger (de l’Italie à l’Azerbaïdjan).

Artiste insaisissable, il invente le « Suprême Clairon », fonde et dirige l’Ensemble de Musique Incidentale, et interprète les musiques composées dans les camps de concentration. Il enregistre deux disques de ce répertoire : …même à Auschwitz et Sauvée des cendres.

Son œuvre musicale aborde la musique pour orchestre, la musique de chambre, mais aussi le jazz et la chanson. Il est également directeur artistique du festival Pom’Pom’Pom’Poooom

Écrivain, il a publié Scandales ! Scandales ! Scandales ! (JC Lattès), Tout est Musique (La Librairie Vuibert), L’enfer aussi a son orchestre avec Pierre-Emmanuel Dauzat (La Librairie Vuibert) et deux romans, Moi aussi j’ai vécu (Flammarion) et Juste avant d’éteindre (éditions du Rocher).

Hélios Azoulay adapte ses romans pour le théâtre donnant ainsi naissance à deux monologues qu’il interprète lui-même sur scène : Juste avant d’éteindre (Théâtre de la Contrescarpe) et Moi aussi j’ai vécu (Théâtre du Rond-Point, mise en scène de Steve Suissa).

Archive sonore

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Paroles et musique : Ilse WEBER Chant : Marielle RUBENS

Ilse Weber a commencé à écrire dès l'âge de quatorze ans des contes juifs ou des petites pièces de théâtre pour enfants, publiés dans différents journaux ou revues allemands, tchèques, autrichiens et suisses.

En 1930 elle a épousé Willi Weber.

Le 6 février 1942, elle est déportée de Prague au camp de concentration de Theresienstadt. Elle a travaillé là-bas comme infirmière pour les enfants. Elle a composé des chants et des mélodies pour les enfants du camp à qui elle essayait d'apprendre la guitare ou la mandoline.

Ilse Weber et son fils Tommy ont été assassinés le 6 octobre 1944 à Auschwitz.

Le livre présenté dans l'émission

Editions du Rocher
Editions du Rocher
© Radio France - Hélios Azoulay

Terezín, 22 janvier 1944. Tommy a trois ans.Pour son anniversaire, son père, le peintre Bedrich Fritt a, lui offre un livre qu'il a lui-même dessiné.

Une histoire rien que pour lui. 52 petites aquarelles sublimes de beauté, de délicatesse et d'humour. Et il y a tant de tendresse, tant de poésie dans cet ultime cadeau d'un père à son fils que cela semble inconcevable qu'il ait pu voir le jour dans un camp, des mains d'un homme cerné comme tous les siens par la terreur et la mort. Le père mourut déporté à Auschwitz. L'enfant survécut.

Dialoguant à travers le temps, l'écrivain Hélios Azoulay raconte l'histoire de Tommy, de son livre, de cet héritage. Des pages d'une profondeur saisissante, dont on ressort étourdi et bouleversé.

Bedrich Fritta est né en Bohême, à Visnová, en 1906. De son vrai nom Fritz Taussig, il a été graphiste et caricaturiste à Prague. Déporté à Theresienstadt en 1941, il dirige le Bureau de dessin du Département technique. En juillet 1944, il est arrêté pour « propagande mensongère». Torturé, il est envoyé à Auschwitz où il meurt le 4 novembre 1944. Ses dessins clandestins et son livre Pour Tommy sont parmi les plus grands chefs-d’œuvre à être revenus des camps.

Dessin de Bedrich Fritta
Dessin de Bedrich Fritta
© Radio France - L'arrivée d'un convoi à Terezin

L'équipe