Le besoin d'amour de Vincent Macaigne sur scène

Vincent Macaigne en février 2014 à Paris
Vincent Macaigne en février 2014 à Paris ©Getty - Foc Kan/WireImage
Vincent Macaigne en février 2014 à Paris ©Getty - Foc Kan/WireImage
Vincent Macaigne en février 2014 à Paris ©Getty - Foc Kan/WireImage
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Nouvelle écoute ! Vincent Macaigne enfant adorait regarder des films en Super 8 en avance arrière. Il pleure en écoutant la pop italienne. Sur scène il y a la colère : quand on pense fort il faut parler fort. Contre le cynisme, il pose sur scène : un besoin d'amour.

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Nouvelle écoute de l'émission enregistrée le 9 janvier 2017.

Il faut se battre contre les tristes. A l’heure où il faut un « programme », un plan pour le pays, ça pourrait être le début. Le cœur. Un jour Vincent Macaigne a écrit un long SMS. C’était en 2013, il était à Cologne, il devait envoyer un texte aux Cahiers du cinéma. C’est un long SMS de plusieurs pages, une prière, un appel. Pour dire : il manque des poètes, des risques-tout. Pour demander : à quel moment le monde nous appartient ? Combien de temps il va nous falloir encore l’arracher. Combien d’années. De toute façon Vincent Macaigne n’a pas prévu de se ménager. S’économiser : il ne comprend même pas l’idée. Vincent Macaigne propose de se battre contre les tristes. De se rappeler que nous sommes capables de grandes choses. De se fatiguer pour rien. Juste pour dire nous avons vécu en ce temps. Il fait partie de cette génération divisée entre les cyniques et les naïfs : comment alors on invente une troisième voie ? Comment on ose dire qu’on y croit encore, mais qu’on n’a plus envie de se faire avoir. Il y a des urgences – et surtout il faut : mourir comme disait Montaigne non de ce que tu es malade mais de ce que tu es vivant. Donc Vincent Macaigne parle fort et prend la vie violemment. Un jour il a failli littéralement, mourir. Alors il veut faire entendre sur scène ce que ça donne, l’instinct de vie – et ça contre le cynisme et le déluge d’ironie qui rend cool n’importe quelle prise de parole désinvolte. Ici c’est sérieux ce qu’on dit, et ce qu’on crie. C’est moins simple de dynamiter des mondes pour en reconstruire, ce serait plus facile de faire le malin, tuer l’époque avec des mots morts d’avoir été trop répétés, et aller boire des coups en soirée. Dire : on est mal barrés et plus tard même, pouvoir dire : je l’avais bien dit. Mais Vincent Macaigne à trop de sentiments à donner – il veut les réhabiliter. Il dit : Et on a besoin d’amour. Et on a besoin d’amitié. Pour ne pas faire semblant de vivre nos vies. Alors oui, que ce soit l’Idiot ou Hamlet, les personnages sont désespérés. Alors oui, chez Macaigne les châteaux sont gonflables, et on n’annonce pas de miracles. Parfois même il faut se protéger – avec boules kyes et bâches en plastique. Mais l’idiot dit : j’ai 27 ans, je parle et si je ne parle pas, on sera tous morts pour rien. Vincent Macaigne n’aime pas les fins : dire au revoir, s’arrêter de parler, capituler. Il préfère la durée. L’endurance. Il conseille de souvent se répéter : nous sommes des lions. Nous sommes des lions. Il oppose au cynisme – de la générosité. Cette chose aussi archaïque que le désir de se réunir dans une salle pour être au même moment au même endroit. Vincent Macaigne pose sur scène ce dont on pourrait mourir si on ne le prend pas au sérieux : un immense besoin d’amour. Et dit adieu aux tristes.

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Vincent Macaigne metteur en scène et acteur, vient de créer son nouveau spectacle En manque au Théâtre Vidy Lausanne. (les 16 et 17 janvier au Tandem à Douai).

Armel Hostiou, réalisateur. Thibault Lacroix, comédien. Sofia Theillet, comédienne dans "En manque".

LIVE : DEAR CRIMINALS

Vincent Macaigne, Thibault Lacroix, Sofia Teillet, Armel Hostiou
Vincent Macaigne, Thibault Lacroix, Sofia Teillet, Armel Hostiou

Rediffusion de l'émission "Une vie d'artiste" du 9 janvier 2017

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