

Le nom de Dora Maar est inextricablement lié à sa relation amoureuse avec Picasso. Mais Dora Maar, c'est surtout le combat d'une femme qui a toujours cherché à s'affranchir, à la recherche d'elle-même et de son art propre, celui de la peinture et celui de la photographie de rue.
- Jérôme de Staël Photographe
- Gwen Strauss Directrice-administratrice de la Maison Dora Maar à Ménerbes
- Marcel Fleiss Fondateur de la galerie 1900-2000 à Paris
- Victoria Combalia Historienne et critique d'art espagnole, biographe de Dora Maar
- Brigitte Benkemoun Journaliste et écrivaine
- Damarice Amao Historienne de l'art et commissaire d'exposition
- Anne Carpentier Fondatrice et directrice de la Galerie La marchande des 4 saisons
De courtes phrases retrouvées écrites de la main de Dora Maar, datées de 1946, et qui pourraient résumer, presque à elles-seules, son intériorité. Peindre les paysages et chercher le feu, le soleil, la lumière. Sortir du noir.
Je marche seule dans un vaste paysage. Il fait beau. Mais il n'y a pas de soleil. Il n'y a plus d'heures. Dora Maar
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Dora Maar, née Théodora Henriette Markovitch porte en elle une grande solitude et de multiples paysages. Ceux de son enfance en Argentine, de ses reportages à Londres, en Espagne, ceux du Paris des Surréalistes et de ses visages amis, ceux enfin des montagnes du Lubéron où elle se réfugia après sa rupture avec Picasso.
La femme qu’elle est avant sa rencontre avec Picasso est une femme assez incroyable, qui fait des choses qu’aucune femme ne fait pour l’époque. Dans les groupes d’extrême gauche (Octobre, Contre-Attaque) auxquels elle participe, elles sont 3-4 femmes seulement au milieu de 50 hommes. Il faut un culot monstre pour prendre la parole au milieu des surréalistes dans les cafés de la place Blanche. Elle n’a peur de rien. Elle prend sa vie en main. Elle les impressionne par son côté courageuse et déterminée, c’est à ce moment-là qu’ils l’appellent « la cabocharde ». Brigitte Benkemoun

Une artiste complète
Photographe, peintre, dessinatrice, poétesse décrite tour à tour par ceux qui l’ont connue comme une femme libre et engagée, fascinante de beauté, d’intelligence, d’imprévisibilité, voire d’instabilité, elle a pourtant longtemps été réduite à l’image de « la femme qui pleure ». Titre que donna Picasso à plusieurs portraits de Dora Maar, qui fut son amante et sa partenaire artistique pendant près de 10 ans, jusqu’en 1946.
Dora Maar raconte comment Picasso l'a représentée dans son célèbre tableau "Guernica", dans le documentaire "De Guernica à Guernica, histoire du tableau", le 14 août 1993 sur France Culture
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S’en tenir à cette seule image, ce serait oublier (mais l’a-t-elle jamais su elle-même ?) que son nom d’artiste, Maar, évoque en allemand une explosion volcanique. Ce sont moins ses larmes que l’on voit aujourd’hui que la force d’âme et de création qu’il lui a fallu avoir pour traverser le XXème siècle, ses guerres, ses crises, sa relation tumultueuse et sa rupture dévastatrice avec Picasso.
C'est aussi une mélancolie qui jamais ne la quitta jusqu’à l’isoler du reste du monde, à la fin de sa vie. Malgré la solitude et la douleur, jamais Dora Maar n’a cessé de peindre. Elle reprit même, durant ses dernières années, dans les années 1990, la photographie.
La photographie de rue, c’est clairement une manière de se positionner par rapport à des questions politiques et sociales. Descendre dans la rue, regarder les gens, c’est un geste politique. Quand elle descend dans la rue, elle quitte le confinement du studio, on est en 1933. C’est concomitant à une affirmation personnelle, pour chercher quelque chose de plus spontané, de plus brut. Ses photographies de rue sont peut-être les seuls témoignages d’un aspect plus complexe, plus solaire de Dora Maar par rapport à la perception qu’on peut avoir d’elle aujourd’hui. Damarice Amao
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Avec Victoria Combalia, biographe de Dora Maar ; Brigitte Benkemoun, journaliste ; Anne Carpentier, fondatrice de la Galerie La marchande des 4 saisons à Arles ; Damarice Amao, commissaire et historienne de l'art ; Jérôme de Staël, photographe ; Gwen Strauss, directrice de la Maison Dora Maar à Ménerbes et Marcel Fleiss, fondateur de la galerie 1900-2000 à Paris.
Un documentaire d'Emilie Chaudet, réalisé par Christine Robert. Prise de son : Marcos Darras et Ollivia Branger. Documentation : Clary Monaque de l'INA et Annelise Signoret de la bibliothèque de Radio France. Collaboration Sylvia Favre. (1ère diffusion 1er juin 2019).

Pour aller plus loin
Victoria Combalia, Dora Maar, la femme invisible, éditions Invenit, 2019
L'exposition Dora Maar au Centre Pompidou à Paris (5 juin-29 juillet 2019)
Le site officiel de la Maison Dora Maar à Ménerbes, dans le Lubéron.
Un extrait du biopic sur Dora Maar La femme qui pleure au chapeau rouge, de Jean-Daniel Verhaeghe, (2010) :
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Biographie de Dora Maar sur le site de l’association Aware : Archives of Women Research & Exhibitions, qui vise à replacer les artistes femmes dans l’histoire de l’art.
Dora Maar sur ce site du ministère de la Culture.
Portrait à lire sur le blog de Christine Belcikowski, agrégée de lettres, docteur en philosophie.
Dora Maar : de Guernica à Mein Kampf. Marcel Fleiss, le fondateur de la galerie 1900-2000, raconte sa rencontre avec Dora Maar. A lire sur le site de la revue La Règle du jeu.
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Dora Maar (1907-1997) et Claude Cahun (1894-1954), muse et antimuse ( vidéo ci-dessus). Un cours d’histoire de l’art par Franck Senaud, à voir sur le site de l’association Préfigurations.
Quentin Bajac évoque Le Monstre sur la plage de Dora Maar. A voir sur le site du Centre Pompidou. Egalement sur cette page, dossiers sur le surréalisme, photographies…
Dora Maar dans les archives d’André Breton : manifestes, photos, lettres…
Dossier de l’exposition Picasso-Dora Maar 1935-1945 qui s’est tenue en 2006 au Musée Picasso.
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