Chantal Akerman (1950-2015) - Intérieur extérieur

Chantal Akerman
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Née en 1950, à Bruxelles, dans une famille d’émigrés juifs polonais, Chantal Akerman a traversé le cinéma comme une étoile filante, en laissant derrière elle une œuvre pionnière, arrachée aux ténèbres.

Avec
  • Dominique Païni Théoricien, écrivain, critique et commissaire de d’exposition
  • Claire Atherton Monteuse, collaboratrice de Chantal Akerman
  • Marianne Lambert réalisatrice de Chantal Akerman I don’t belong anywhere, 2015.
  • Nicola Mazzanti directeur de la Cinémathèque de Bruxelles.
  • Jacques Aumont universitaire et critique de cinéma.
  • Maryline Watelet productrice des films de Chantal Akerman.

Fille et petite fille de rescapés, Chantal Akerman grandit enfermée dans un passé omniprésent, sans mot et sans image. Filmer va constituer pour elle une "sorte de conjuration", une lutte pour briser les murs du silence et résister aux assauts de la folie.

Au milieu de tout cela, je montrerai des visages qui, dès qu'ils sont isolés de la masse, expriment quelque chose d'encore intouché, et souvent le contraire de cette uniformité qui parfois vous frappe dans la foule, en marche ou arrêtée. Chantal Akerman

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Archive INA : Chantal Akerman intervient dans le public du Masque et la plume a propos de son film "Jeanne Dielman" , echange avec les critiques et avis d'Albert Cervoni 25/01/76 France Inter

2 min

Dès son premier film Saute ma ville (1968), tourné vers l’âge de 18 ans, après le choc de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard, Akerman fait exploser à son tour les cadres conventionnels du septième art. A la fois devant et derrière la caméra, sans parole mais en chantonnant, la jeune fille s’enferme dans la cuisine familiale et filme son suicide au gaz.

Une cinéaste est née, d’une liberté créatrice totale. Entre comédie et tragédie, fiction et réalité, Chantal Akerman vit et survit dès lors par la seule force de son cinéma. Plus artiste que cinéaste, elle a travaillé l’image comme un peintre son motif.

On n'a pas une vue de propriétaire sur l'appartement, on a des vues d'habitants : je mange, je me lève, je paresse, je suis avec mon amie. Que des affects. Habiter, c'est vraiment une intériorité, ce n'est pas parce qu'on est à l'intérieur qu'on habite, c'est parce que l'intérieur est en nous, aussi. Aurore Clément

William Hurt et Juliette Binoche dans Un divan à New York, 1996
William Hurt et Juliette Binoche dans Un divan à New York, 1996
© Getty

Qu’elle cadre à l’intérieur ou à l’extérieur, sa chambre à Bruxelles dans La chambre (1972) ou les façades et les rues de New York dans News from Home (1977), qu’elle filme en plan fixe ou en un long travelling, l’actrice Delphine Seyrig épluchant des pommes de terre dans Jeanne Dielman (1975) ou une foule anonyme attendant dans une gare à Moscou D’Est (1993), Chantal Akerman avance de face et à tâtons, redéfinissant radicalement la nature et le rôle de l’image cinématographique.

On se met devant les premiers plans et on reste, alors que la narration n'est pas du tout continue. Et on est là, comme saisis, dans l'élan du film, et emmenés d'un plan vers un autre. Caroline Champetier

Sans modèle ni méthode, transformant le trou noir de son histoire en une prodigieuse capacité à habiter le temps, Chantal Akerman a transformé le cinéma en un véritable art du « plan ».

Archive INA : Festival "Rencontres du Jeune Cinéma" à Hyères: Prix de la Recherche a Chantal Akerman pour Hotel Monterey, ITW / 26/09/1973 ORTF

2 min

Son dernier film No home Movies (2015) se regarde comme on contemple un autoportrait au miroir. Intérieur extérieur. La cinéaste filme sa mère peu de temps avant sa mort. C’est la dernière image. Chantal Akerman s’est suicidée à Paris, le 5 octobre 2015, à l’âge 65 ans.

Un documentaire de Christine Lecerf, réalisé par Ghislaine David. Prises de son : Andreas Jaffre et Laurent Macchietti. Mixage : Olivier Dupré. Documentation et recherche internet : Annelise Signoret. Archive INA : Anne Delaveau. Collaboration : Juliette Dronne. (1ère diffusion : 19 novembre 2016)

Avec les voix de Chantal Akerman, Aurore Clément et Caroline Champetier

Musique : Sonia Wieder-Atherton

Chantal Akerman en France, en 1992
Chantal Akerman en France, en 1992
© Getty

Archives : Chantal Akerman, entretien avec Harry Fischbach, 1977 ; Atelier Création Radiophonique, Chantal Akerman, INA, 2004 ; Marianne Lambert, Chantal Akerman I don’t belong anywhere, 2015. Remerciements : Sylvie Testud.

Filmographie

Saute ma ville, 1968

Je tu il elle, 1975

Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1975

News from home, 1976

Dis-moi, 1982

Toute une nuit, 1982

Portrait d’une paresseuse, 1986

Histoires d’Amérique, 1988

D’Est, 1993

D’Est au bord de la fiction, 1995

Pour aller plus loin

Une bio-filmographie sur le site du ciné-club de Caen

Un hommage à Chantal Akerman, Claire Atherton, 16 novembre 2015

Chantal Akerman par Laetitia Masson, un court métrage diffusé dans le magazine Blow up sur Arte :

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Emma Dusong, " Chant contre champ, Chantal Akerman : Chanter, se libérer", Entrelacs. Cinéma et audiovisuel, 2014

" Là-bas ou ailleurs. Entretien avec Chantal Akerman", Vacarme, 20 avril 2007

Cinéma Cinéaste - Chantal Akerman, un film de 17’, 2012 :

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