

Christa Wolf n’est pas tout à fait comme tout le monde : Elle écrit sur la déchirure de l’Allemagne dans "Le ciel partagé" (1963), sur ses propres dénis dans "Trame d’enfance" (1976). Elle creuse l’oubli, rumine un passé qui ne passe pas.
À partir de 1976, à la suite de son soutien au chanteur Wolf Biermann, Christa Wolf n’est plus une femme libre. La Stasi l’espionne. On refuse qu’elle quitte le parti. Mais plus on cherche à la museler et plus l’écrivaine s’échappe par l’écriture dans les strates du temps.
Elle trouve refuge auprès des premiers romantiques allemands qui, comme elle, n’avaient Aucun lieu. Nulle part (1979). Dans Cassandre (1983) ou Médée (1996), elle s’inspire de ces "femmes sauvages" de la mythologie grecque qui avancent, comme elle, tête haute, la parole vibrante. On se presse à ses lectures. On rêve l’esprit éveillé.

Peu après la chute du mur, l’icône de la littérature est-allemande est injustement accusée d’avoir travaillé pour la Stasi. Dans Ce qui reste, elle écrit : N’aie pas peur, dans cette langue, que j’ai dans l’oreille, pas encore sur les lèvres, j’en parlerai aussi un jour. Brisée mais non vaincue, Christa Wolf entreprend alors dans Ville des anges (2011) une lente et ultime descente au "fond du puits".
Le corps perpétuellement en alerte, Christa Wolf luttait depuis des années contre la maladie. Elle est morte à l’âge de 82 ans.
Un documentaire de Christine Lecerf, réalisé par Charlotte Roux. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. Nouveau site web, Sylvia Favre.

Intervenants
- Jana Simon, journaliste, petite-fille de Christa Wolf
- Nicole Bary, traductrice et éditrice de la revue LITTERall, anthologie annuelle de littératures allemandes
- Pierre Bergounioux, écrivain
- Günter Grass (1927-2015), écrivain (archives)
- Marie Goudot, auteur de Cassandre (Autrement, 1999)
- Renate Lance- Otterbein et Alain Lance, traducteurs de l’œuvre de Christa Wolf
- Erika Tunner, germaniste, spécialiste du romantisme
- Irving Wohlfarth, germaniste
Avec la voix de Christa Wolf
Extraits de films :
- Le ciel divisé de Konrad Wolf, adaptation de Christa et Gerhard Wolf (DEFA, 1964)
- Le tambour de Völker Schlöndorff (1979)
- Christa Wolf. Ein Tag, ein Jahr, ein Leben, de Gabriele Denecke et Gabriele Conrad (ARTE, 2004)
Pour aller plus loin
- Christa Wolf se présente sur le site Le roi des aulnes (traduction de Rose-Marie Zeitlin)
- Hommage à Christa Wolf par Alain Lance sur le site Œuvres ouvertes.net
- Sur le site Fembio… biographies de femmes remarquables, celle de Christa Wolf (en anglais)
- Alain Lance, son traducteur, présente Ville des anges de Christa Wolf, à voir sur Dailymotion
- Christa Wolf, le parfum des tilleuls, portrait signé de Laura Testoni sur son blog Les étincelles des mots (22.04.2013)
- Entretien avec Christa Wolf (décembre 2005) sur le site Sign and sight.com (en anglais)
- 4 novembre 1989, Christa Wolf intervient (en allemand) lors d'une manifestation à Berlin, Alexanderplatz (vidéo, 9'37" mise en ligne sur Youtube)
- Christa Wolf et Max Frisch. Entre absence de patrie et résistance, article publié sous la responsabilité de Martine Schnell, traductrice et auteur d'une thèse sur Christa Wolf. À lire sur le blog Les cahiers Christa Wolf (29.10.2011)
Demain, retrouvez Bernard Loiseau (1951-2003), un documentaire de Victor Macé de Lépinay, réalisé par Marie-Laure Ciboulet.
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