Pionnière du cinéma, inspirée des premiers mouvements féministes, elle réalise le premier film surréaliste, fonde entre autres la fédération des cinéclubs, et écrit quelques-uns des premiers textes théoriques sur l’art cinématographique en tant que forme autonome.
Ses idées, ses engagements et sa quarantaine de films font d’elle une figure féminine majeure du début du XXème.
Née le 18 novembre 1882 à Amiens, Germaine Dulac suit très tôt des cours de danse, de chant et de musique, et se forme à la photographie. Elle se passionne pour le journalisme et collabore à La Fronde (journal féministe). En 1904, elle se marie au romancier Albert Dulac. De 1909 à 1913, elle travaille comme journaliste à La Française (elle y défend le droit de vote des femmes), rédige des critiques de théâtre, interviewe des femmes célèbres. Elle s’intéresse de plus en plus au cinéma.
Ce qui appartenait, jadis, aux spécialistes et aux gens d'études s'adresse maintenant au spectateur le moins raffiné qui s’assoit dans un fauteuil avec la seule tâche que de bien regarder. Les actualités sont le plus grand moyen de correspondance entre les peuples et les classes. C'est donc internationalement et socialement qu'il faut envisager le problème des actualités qui contiennent, en plus, l'esprit du vrai cinéma. Germaine Dulac
En 1915, elle crée sa propre compagnie de production et tourne son premier film, Les Soeurs ennemies, tout de suite remarqué pour sa sensibilité intimiste et pour la qualité de ses images. Divorcée en 1920 et sans enfant, elle entre au bureau du Club des amis du septième art aux côtés d'Abel Gance, puis cofonde le Club français du cinéma, avec Louis Delluc en 1922. Convaincue de la portée sociale du cinéma, Germaine entrevoit même la nécessité d'une cinémathèque. Fin 1929, elle fonde et préside la Fédération française des ciné-clubs et en 1936, l'International des femmes au sein de la Société des Nations.
Sous le Front Populaire, elle dirige la section cinématographique de Mai 36, et réalise le docu-fiction Le Retour à la vie. Germaine Dulac devient une "cinéaste d'avant-garde", à la recherche constante d'un "cinéma intégral" (jouant de flous, de surimpressions et de toutes sortes de "procédés expressifs" propres au cinéma).
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En 1927, en association avec Antonin Artaud (qui écrit le scénario), elle tourne La Coquille et le Clergyman (sur les frustrations et fantaisies sexuelles d'un jeune prêtre) qui déchaîne de véritables tollés. Considéré comme le premier film surréaliste de l’histoire, ce film expérimental est devenu aujourd’hui un "classique".
En contrepoint, ses divers textes définissent le cinéma comme art autonome ; autant d’écrits qui font toujours autorité. En 1935, Germaine Dulac est directrice adjointe des Actualités Gaumont, poste qu’elle occupera jusqu'à sa mort.
À l’arrivée du cinéma parlant, Germaine met un terme à sa carrière de cinéaste. Elle s'éteint prématurément le 20 juillet 1942 à Paris.
Germaine Dulac faisait partie de ces organismes. Elle travaillait à fond sur le front féministe, ce que l'on appelait à l'époque le "mouvement du progrès féminin". Elle n'en parlait pas dans ses écrits sur le cinéma mais elle voulait un cinéma qui révélait la vie de la femme, la vie de l'homme, la nouvelle femme et le nouvel homme. Tami Williams, professeur
Un documentaire d'Alexandre Vuillaume-Tylski, réalisé par Julie Beressi. Prise de son, Clara Galivel et Manon Houssin ; mixage, Cédric Chatelus. Archives INA, Clary Monaque. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France et Mewen de Maqueville, stagiaire.
Textes lus par Johanna Vaude (vidéaste et musicienne).
Remerciements à la Cinémathèque française qui nous a permis d'illustrer cette page avec des photos de qualité.
Intervenants
- Laurent Guido, professeur à l'Université de Lille
- Prosper Hillairet, enseignant à l’ ESRA et Paris 8
- Anne Imbert, réalisatrice
- Bárbara Janicas, doctorante à Paris 8
- Antoine Gaudin, enseignant-chercheur à la Sorbonne Nouvelle
- Tami Williams, professeur à l'Université du Wisconsin à Milwaukee (USA)
- Dominique Willoughby, cinéaste et professeur à Paris 8
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Bibliographie
- Germaine Dulac, Qu'est-ce que le cinéma ? dirigé par Clément Lafite et Tami Williams (Light Cone éditions, 2019)
- Germaine Dulac, Ecrits sur le cinéma (1919-1937), textes réunis et présentés par Prosper Hillairet (éditions Paris Expérimental, 1994, réédité en 2021)
- Tami Williams, Germaine Dulac, a cinema of sensations (University of Illinois Press, 2014)
- Laurent Guido, Germaine Dulac, théoricienne du rythme et de l’abstraction, dans Femmes et critiques(s). Lettres, Arts, Cinéma de Muriel Andrin et al. (Presses Universitaires de Namur, 2009. Pages 165-180)
- Collectif sous la direction de Tami Williams avec la collaboration de Laurent Véray, Germaine Dulac, au-delà des impressions, dans 1895. Revue d’Histoire du Cinéma (n° Hors-série, juin 2006)
Pour aller plus loin :
- Germaine Dulac, figure majeure de l’avant-garde cinématographique, à lire sur le site du CNC, Centre national du cinéma et de l’image animée
- Évocations de la danse dans les théories de Germaine Dulac par Bárbara Janicas sur le site Images secondes (10 mai 2018)
- Germaine Dulac, entre classique, moderne, et avant-garde, article de Samuel Petit publié sur le site de la Cinémathèque (10.02.2020)
- Portrait de Germaine Dulac dans La Femme de France. Figures de Femmes via Gallica (01.08.1926)
- Germaine Dulac, le féminisme en noir et blanc, article de Yannick Deplaedt dans Journal of School of foreign languages, Université de Nagoya
- Les papiers intimes de Germaine Dulac ou le corps de l’archive, article de Valérie Vignaux paru dans le numéro hors-série de 1895, Revue d’Histoire du Cinéma consacré à Germaine Dulac (2006)
- "Écrits sur le cinéma" de Germaine Dulac : Le temps retrouvé du cinéma ?, article de David Fonseca à lire sur le site de la revue de cinéma Le Rayon vert
- Germaine Dulac et son film Invitation au voyage (1927) sur le site UbuWeb
- Les conférences sur le cinématographe de Germaine Dulac (Cinémagazine 1924 – 1925) sur le site La Belle Équipe (collectif, 12 octobre 2018)
- Cinéma retrouvé : Germaine Dulac, une vidéo à regarder sur la chaîne Viva Cinéma sur Vimeo
La semaine prochaine, retrouvez Eric Tabarly (1931-1998), à la vie, à la mer, un documentaire d'Yves Aumont, réalisé par François Teste :
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