

Née dans une Italie fasciste, prise dans l‘ébullition des années soixante-dix puis des années de plomb, tour à tour résistante, comédienne, internée, romancière, prisonnière, Goliarda Sapienza a fait de sa vie une ode à la liberté et à l’écriture. Elle est morte avant de voir son œuvre reconnue.
Goliarda Sapienza est née en 1924 dans une famille nombreuse recomposée. Fille de militants antifascistes absorbés par leur combat politique, elle grandit libre dans le désordre et les troubles de l’avant-guerre. À 16 ans, elle reçoit une bourse pour suivre les cours de L’Académie d’Art Dramatique de Rome mais l’occupation allemande la pousse à entrer en résistance.
À la libération, Goliarda Sapienza va se consacrer à nouveau au théâtre et au cinéma. Comédienne et professeur de théâtre reconnue, compagne du cinéaste Franscesco Maselli, amie de Luchino Visconti, elle va finalement renoncer à ses premières passions pour épouser l’écriture. Suite à un séjour de plusieurs mois en hôpital psychiatrique, puis à une psychanalyse, elle entreprend un premier cycle de textes autobiographiques intitulé L’autobiographie des contradictions.
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Se vouant totalement à l’écriture, Goliarda donne naissance à Modesta. L’héroïne de L’Art de la joie - autodidacte, libre penseuse, amoureuse passionnée et sensuelle - va prendre forme au creux d’une vie frugale. Le tumulte du monde, l’enfance et la vie de Goliarda mais aussi son insoumission se couchent sur des pages et des pages et prendra fin dix ans plus tard en 1976. Monument littéraire, fulgurance conçue dans la solitude, L’Art de la joie ne trouvera pas d’éditeur ; l’héroïne-double de Goliarda Sapienza est trop libre et transgressive pour l’Italie conservatrice des années quatre vingt.
Je suis très compromis, c'est difficile. C'était quelqu'un de très sympathique, empathique et qui donnait de l'émotion, avec un certain élément magique, si l'on peut dire, parce qu'elle savait faire de petits miracles laïcs. Elle était merveilleuse dans le rapport humain direct et elle aimait les gens... Elle comprenait les pulsions profondes émotionnelles et elle savait trouver, en chaque personne, quelque chose de bon. Et elle disait d'ailleurs que même dans le pire criminel, il y a quelque chose de bon quelque part. Angelo Maria Pellegrino, écrivain, comédien, dernier compagnon de Goliarda Sapienza
À la suite d’un vol de bijoux, elle est arrêtée et condamnée à de l’emprisonnement. Paradoxalement, c’est dans cette expérience carcérale (qu’elle a elle-même provoquée) qu’elle va puiser force et consolation. Subversive jusqu’au bout, ce sont les prostituées, les droguées, ou une jeune révolutionnaire qu’elle aimera passionnément, qui vont lui inspirer ses derniers récits-testaments.
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Elle meurt quasiment méconnue en 1996. Il faudra attendre la traduction de L’Art de la joie en France par les éditions Viviane Hamy en 2005 pour que son pays reconnaisse la puissance créatrice de Goliarda Sapienza, la Madone indocile.
Archive INA : Interview d'Edmonde Charles-Roux qui a obtenu le prix Goncourt pour son livre "Oublier Palerme" (Grasset, 1966)
3 min
Un documentaire de Julie Navarre, réalisé par Jean-Philippe Navarre. Prise de son, Alexandre Dang ; mixage, Alain Joubert. Traduction, Nathalie Castagné. Documentation INA, Linda Simhon. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. Nouvelle page internet, Sylvia Favre.
Intervenants
- Angelo Maria Pellegrino, écrivain, comédien, dernier compagnon de Goliarda Sapienza, auteur de Goliarda Sapienza, telle que je l'ai connue (Le Tripode, 2015)
- Nathalie Castagné, écrivain, traductrice
- Frédéric Martin, éditeur des éditions Le Tripode
- Florence Lorrain, libraire à L'Art de la joie, nom choisi en référence à l'ouvrage éponyme de Goliarda Sapienza
Lectures : Julie Navarre.
Bibliographie
Oeuvres de Goliarda Sapienza, toutes traduites de l'italien par Nathalie Castagné :
- Lettre ouverte (Le Tripode, 14 janvier 2021)
- L’Université de Rebibbia (Le Tripode, 2019)
- Rendez-vous à Positano (Le Tripode, 2018)
- Moi, Jean Gabin (Le Tripode, 2017)
- L’Art de la joie (Le Tripode, 2016)
- Les Certitudes du doute (Le Tripode, 2015)
- Le fil d’une vie (Viviane Hamy, 2008)
Par Angelo Maria Pellegrino :
- Goliarda Sapienza, telle que je l’ai connue (Le Tripode, 2015)
J'ai l'impression d'avoir chez moi toujours uniquement écouté. Je ne me souviens pas d'avoir ouvert la bouche sinon pour pleurer, crier et chanter, quand ils me le demandaient pour que je les divertisse. Ils me mettaient au milieu de la pièce du piano, Arminio jouait et je devais danser, chanter ou faire une imitation de la chanteuse de variétés que nous avions vue le soir précédent. Ils m'emmenaient toujours au cinéma, au théâtre et aussi à l'opéra, mon père au théâtre de marionnettes. Ils m'emmenaient toujours, si bien que je ne me rappelle pas de la première fois où ça a eu lieu. Lettre ouverte (Le Tripode, 14 janvier 2021), Goliarda Sapienza. Traduit de l'italien par Nathalie Castagné.
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Archive INA : Micro-trottoir de Napolitains et Napolitaines sur le statut de la femme en Italie, suivi d’une petite interview de Marcello Mastroianni donnant son avis sur la liberté des femmes (France Inter, 1964)
4 min
Pour aller plus loin
- "L’Art de la joie" de Goliarda Sapienza : la traduction comme moteur de reconnaissance mondiale", dossier de Valentina Tuveri paru sur le site du master professionnel de l’Université Aix-Marseille Monde du Livre (30 août 2016).
- Lumière sur Goliarda Sapienza proposée par le site littéraire Un dernier livre avant la fin du monde.
- Interview de Goliarda Sapienza recueilli en 1994 (YouTube, en italien) :
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- Article d’Alison Carton-Vincent à propos des Certitudes du doute, dernier volet du cycle autobiographique de l'auteur. Extrait de Cahiers d’études romanes n°22 (2010).
- Portrait de Goliarda Sapienza à lire sur le site de la Bibliothèque italienne, observatoire de la littérature italienne contemporaine.
- Goliarda Sapienza : vivre absolument. Article de David Guilbaud publié par la revue Ballast en (février 2019).
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