Ida B. Wells (1862-1931), le journalisme d’émancipation

Le 25 mars 1931, la journaliste afro-américaine Ida B. Wells s’éteignait à Chicago d’une maladie rénale. Elle avait 69 ans et laissait inachevée son autobiographie, interrompue au milieu d’une phrase, suspendue au milieu d’un mot. Un récit de vie sans point final qui laisse ouverts ses multiples combats contre le suprémacisme blanc, pour les droits des femmes et pour les noirs américains.

Ida B. Wells, parfois sous son nom de plume Iola, a été tour à tour journaliste, directrice de journaux, institutrice, éditorialiste, conférencière, candidate aux élections, travailleuse sociale et agent de probation.
Elle a participé à la création de club politique comme l’Alpha Suffrage Club en 1913 à Chicago, de journaux, d’une école maternelle, et à la plupart des associations représentatives des Afro-Américains et des femmes noires aux États-Unis.

Elle a aussi élevé six enfants avec son mari, l’avocat et directeur de journaux Ferdinand Barnett.

Mais c’est ce qu’elle nomme elle-même sa « croisade » contre les lynchages qui en fit une personnalité de premier plan dans les États-Unis de la fin du 19e et du début du 20e siècle.
Dans sa lutte pour faire cesser ces violences atroces, elle fit du journalisme une arme d’émancipation politique. Développant des techniques d’investigation pionnières et en ne transigeant jamais sur la vérité des faits rapportés.

Pourtant, il fallut attendre 2020 pour qu’elle obtienne le prix le plus prestigieux du journalisme américain, le Pulitzer : reconnaissance posthume de l’originalité de son œuvre et de son courage politique. En 2022, une poupée Barbie a été créée à son effigie.

Du Mississipi à Chicago, l’histoire d’Ida B. Wells retrace celle des États-Unis, de sa violence raciste et de ses longues luttes pour l’égalité. Mais elle ouvre aussi une voie pour imaginer un journalisme à la fois factuel et moteur de progrès politique et social.

Bibliographie sélective

• Ida B. Wells, Les horreurs du Sud, Traduit de l'anglais par Alexandre Fachard (Editions Markus Haller, 2016)
• [Anglais] Ida B. Wells, Crusade for Justice: The Autobiography of Ida B. Wells (‎University of Chicago Press, 2020)
• [Anglais] Michelle Duster, Ida B. the Queen: The Extraordinary Life and Legacy of Ida B. Wells (Atria/One Signal Publishers, 2021)
• Audrey Célestine, Des Vies de Combats. Femmes, noires et libres (Edition de l’Iconoclaste, 2020)
• Hélène Quanquin, Le droit de vote des femmes aux États-Unis 1776 – 1965 (Atlande, 2022)

Lecture des textes d'Ida B. Wells par Aurore Déon. Textes tirés de l'autobiographie d'Ida B Wells, Crusade for justice: The Autobiography of Ida B. Wells (conservées à l'université de Chicago) et de Les horreurs du Sud
Doublages : Dan Duster par Sabine Pakora - Ron Nixon par Collin Obomalayat

Musique

Boris Blanchet, Alabama - Billie Holiday, Strange fruit - Jean Guihen Queyras, Alabama improvisations on Bach - Floyd Dixon, Hard road blues - Art Ensemble of Chicago, Zelma - Josh White, Trouble - Art Ensemble of Chicago, Coming soon - Les Haricots Rouges, Strange fruit - Duke Ellington, Black and tan fantasy - Art Ensemble of Chicago, Walking in the Moonlight - Wynton Marsalis Septet, The legend of Buddy Bolden - Archie Shepp, Go down moses - Johnny Hodges, On the sunny side of the street - Sun Ra, Ancient Aethopia.

Générique

Un documentaire d'Antoine Tricot, réalisé par Séverine Cassar. Prise de son, Romain Luquiens, Claire Levasseur, Manon Houssin, Elise Leu et Etienne Rouch. Mixage, Julien Doumenc. Coordination, Anaïs Kien. Archives Ina, Marie-Sophie Guillet de la Brosse. Attachée de production et page web, Sylvia Favre-Steyaert.

Pour aller plus loin

• Archives d’Ida B. Wells sur le site de la bibliothèque de l’université de Chicago
• The Ida B. Wells Memorial Foundation
• The Ida B. Wells Society
• Claire Bourhis-Mariotti, «  En quête de justice : Ida B. Wells » in Écrire l’histoire depuis les marges : une anthologie d’historiens africains-américains, 1855-1965 (2018)