A la fois figure de voyou et d'esthète, fasciné par le mal et les êtres ambivalents, Jean Genet a produit une œuvre romanesque et théâtrale aussi éclatante que provocante.
Le centenaire de la naissance de Jean Genet, en 2010, avait été pour beaucoup l’occasion de célébrer un homme très engagé politiquement, que ce soit aux côtés des Palestiniens dans leur combat pour la terre ou dans les rangs des Black Panthers luttant pour leurs droits civiques. Toujours, donc, apparaît l’image d’un saint, vivant au milieu des opprimés, des humiliés, en empathie quasi mystique avec eux.
Archive INA : Jean Genet lit un texte sur George Jackson 23/08/1971 ORTF (Premier extrait)
7 min
Il a de son enfance gardé une colère terrible contre les institutions, contre la France-même, et de là cette apologie de l'inversion et de la trahison." Antoine Bourseiller
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Cette vision de Genet, loin d’être fausse, ne constitue qu’une facette parmi d’autres d’un homme qui ne nous a pas laissé le mode d’emploi pour le comprendre.
Genet dissimulait beaucoup. Il refusait d’être récupéré. Ses engagements semblent parfois plus esthétiques que politiques. La beauté d’un mouvement, d’un visage, d’une action dérisoire ou d’un combat perdu d’avance comptent peut-être autant pour lui que la signification politique et sociale de ce mouvement, de cette action, de ce combat.
Toute représentation théâtrale, tout spectacle est une féérie. La féérie dont je parle n'a pas besoin de miroir, d'étoffes somptueuses, de meubles baroques, elle est dans une voix qui se casse sur un mot." Jean Genet
Pour ce désespéré, abandonné par sa mère, jeté en prison pour de quasi-broutilles, seules peuvent encore exister les quelques parcelles de beauté qu’il décèle dans le monde et adore pieusement, émerveillements furtifs et souvent douloureux qui lui permettent de survivre.
Archive INA : Jean Genet lit un texte sur George Jackson 23/08/1971 ORTF (Second extrait)
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C’est donc de la force du beau chez Genet dont nous parlerons en priorité, y compris quand cette passion pour l’esthétique embrasse son frère démoniaque : la fascination pour l’abject et, parfois, l’indéfendable.
Avec Eric Marty, écrivain et professeur de littérature à l’université Paris Diderot; Jacques Nerson, critique dramatique; Lydie Dattas, écrivaine, autrice de La chaste vie de Jean Genet (Gallimard 2006); Alexandre Romanes, écrivain et personnalité du monde du cirque; Albert Dichy, écrivain, responsable du fonds Jean Genet à l’IMEC; Antoine Bourseiller, metteur en scène de théâtre; Gilles Leroy, écrivain.
Un documentaire de Matthieu Garrigou-Lagrange, réalise par Ghislaine David. Prises de son : Gilles Gallinaro. Mixage : Rémi Fessart. Archives INA : Isabelle Fort Rendu. Documentation : Annelise Signoret. Collaboration : Juliette Dronne. (1ère diffusion : 28 novembre 2010)
Bibliographie
Théâtre :
Les Paravents, L'Arbalète, Décines (Lyon), 1961
Les Bonnes, L'Arbalète, 1947, no 12 (mai)
Romans :
Notre-Dame-des-Fleurs, Gallimard
Querelle de Brest, Gallimard
Pompes funèbres, Gallimard
Journal du voleur, Gallimard
Poésie :
Le Condamné à mort, Gallimard
Pour aller plus loin
Brigitte Brami, Miracle de Jean Genet, L'Harmattan, 2015
Tahar Ben Jelloun, Jean Genet, menteur sublime, Gallimard, 2010
Ivan Jablonka, Les Vérités inavouables de Jean Genet, Seuil, 2004
Un entretien de Jean Genet avec Antoine Bourseiller, enregistré en 1981, "Jean Genet, une vie en marge_"_ :
Eric Marty, " Jean Genet politique, le grand malentendu", L'engagement littéraire : Cahiers du Groupe φ, Presses universitaires de Rennes, 2005
Florence Richter, " Jean Genet, poète et voyou", Revue interdisciplinaire d'études juridiques, 2008-2 (Vol. 61)
La transcription d'un entretien entre Jean Genet et Bertrand Poirot-Delpech, réalisé en 1982. A lire dans les archives du site suisse Heimdallr
Un entretien avec Jean Genet réalisé par Juan Goytisolo en 1971 : " Jean Genet et les Black Panthers", La Règle du jeu, n°18, 1996
Un épisode de l’émission Un siècle d'écrivains, consacré à Jean Genet, diffusé sur France 3, le 22 février 1995, et réalisée par Michel Van Zele :
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Un entretien de Jean-Louis Barrault sur le théâtre de Jean Genet à l'occasion de la mise en scène des Paravents, 1966
Le discours d’André Malraux à l’Assemblée nationale le 27 octobre 1966 en réponse à divers orateurs critiquant la création, à l'Odéon, des Paravents de Jean Genet
" Le théâtre de Jean Genet, entretien avec Olivier Neveux", revue Période, 2017
Ilaria Rigano, " Langue, amour et trahison : le Captif amoureux de Jean Genet", revue Sens public, 2006
Catherine Pinguet, " « Éloge » de la trahison. Jean Genet", mars 2019, site Ici et ailleurs.org
La chanson du condamné à mort est interprétée par Etienne Daho :
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