Jean Renoir (1894-1979), "cinéaste de la réconciliation" ou Marivaux de la pellicule ?

Pour ce portrait choral de Jean Renoir, cinq témoins du cinéma d'aujourd'hui esquissent leur vision de celui que Jacques Rivette surnommait "le patron". 

Nous avons invité trois réalisateurs, Jérôme Bonnell, Arthur Harari, Jean Denizot, un admirateur de Renoir âgé de 21 ans, qui espère devenir plus tard producteur de cinéma, Romain Harduin, et le grand historien de la Belle Epoque, Dominique Kalifa.

Ce qui m'émeut chez Renoir, c'est le paradoxe miraculeux entre ce regard implacable qu'il a sur le monde tout en ayant une croyance indéfectible dans l'homme et la légèreté des choses. C'est le cinéaste de la réconciliation. Là où le conflit est pré-établi, il n'a de cesse de ne mettre que de la paix possible. Jérôme Bonnell

Cinéaste très prolifique, le fils du peintre Pierre-Auguste Renoir mêle l'ombre et la lumière dans des films aux influences diverses et aux thèmes variés : la Première Guerre mondiale, les tableaux impressionnistes de la société de son temps, des romans classiques, la Belle Epoque, l'esprit de liesse du Front populaire, les farmers dans la tourmente des années 1930 lors de sa période hollywoodienne. 

Pourquoi avez-vous fait pour moi une exception, en me recevant chez vous ?

Parce que vous vous appelez de Boëldieu, officier de carrière dans l'armée française, et moi Rauffenstein, officier de carrière dans l'armée impériale d'Allemagne."

Pierre Fresnay et Erich von Stroheim dans La Grande Illusion, 1937

Cet échange est emblématique d'un aspect des films de Jean Renoir : leur absence de manichéisme. Sans forcer le trait sur la moralité de ses personnages, il dresse des récits naturalistes des relations inter-humaines.

Ses choix de réalisation, comme la limitation des coupes, l'absence de filtre, le son direct, influenceront aussi le néo-réalisme italien et les grands réalisateurs de la Nouvelle Vague.

Il ne cherche pas vraiment à gommer les intentions, il y a une dimension d'artisanat qui est à mon avis de plus en plus consciemment une forme d'héritage de l'impressionnisme. Arthur Harari

Y a-t-il aussi chez lui des mouvements de caméra, un optimisme ou, au contraire, une noirceur, dont les jeunes générations s’inspirent ? Des films de Jean Renoir, disparu en 1979, les invités révèlent ce qu’ils aiment, ce qui les porte, et ce qui influence leur travail aujourd'hui.

Un documentaire de Virginie Bloch-Lainé, réalisé par Clotilde Pivin. Mixage : Claude Niort. Recherches Ina : Hervé Evanno. Collaboration : Juliette Dronne. (1ère diffusion : 4 novembre 2017)

Les enregistrements de Jean Renoir que nous avons édités dans la collection Les Grandes Heures Radio France/Ina : 

- ses entretiens avec Jean Serge en 1958, "Pour tout vous dire"

- et ceux qu'il a donnés à Hélène Tournaire en 1959/1960, "De New-York à Hollywood"

Pour aller plus loin

Pascal Mérigeau, Jean Renoir, Flammarion, 2012

Un site proposé par la Bibliothèque du film (BIFI)

Un portrait réalisé par le site du Ciné-club de Caen

" Renoir, pour mémoire et pour toujours_"_, programme du festival Lumière de 2012

Une interview de Jean Renoir pour l'émission Profils 68 (Radio Télévision Suisse)

Une interview de Jean Renoir à l'occasion de la sortie de La grande illusion, diffusée dans le Journal de 20h, le 11 octobre 1958

Stéphane Launey, " Jean Renoir sous l’uniforme : Aspects militaires de la vie du cinéaste",Revue historique des armées, 2010

" Catherine Hessling "portrait de la muse d’Auguste et de Jean Renoir, Cinetom